Le socialiste Jean-Luc Gleyze à la tête du département est candidat à sa succession. La majorité sortante a de fortes ambitions comme la droite. La majorité présidentielle entre dans le match alors que le RN jouera sur son terrain la ruralité.
C'est un territoire d'importance avec ses 33 cantons et 66 conseillers. Une élection qui se fera dans l’ombre des Régionales avec une abstention redoutée et de très nombreuses candidatures. Et des cas de figures et des jeux politiques très différents d'un canton à l'autre.
« Faire un grand chelem à Bordeaux » : le pari de la majorité départementale sortante
Le Président socialiste de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, à la tête du département depuis 2015 est candidat à sa succession. La majorité départementale sortante partie sous les couleurs de « La Gironde en Commun » accord partiel, n’a pas attendu le dépôt des « professions de foi » ou « propagande électorale » pour débuter sa campagne, les socialistes compte actuellement 41 sièges, 1 G.s.. Ils entendent bien, leur président Jean-Luc Gleyze en tête, optimiser ce capital. Co-directeur de campagne Matthieu Rouveyre donne le ton :
Nous espérons renforcer le poids de la majorité départementale ; l’objectif est réalisable s’il n’y pas d’éparpillement des votes. Les électeurs doivent se mobiliser dès le premier tour » et d’avertir, or avec une forte abstention il n’y aura pas de triangulaires donc pas de rattrapage.
Méfiance pour l’élu socialiste mais aussi confiance puisque selon lui l’union donne du souffle, sous les couleurs « La Gironde en commun » toutes les composantes de la gauche partent ensemble : PS, EELV, Génération.s, PC, PP, PRG.
A Bordeaux Matthieu Rouveyre explique « Nous pouvons viser le grand chelem en conservant les cantons 1, 4 et 5 et en faisant tomber les cantons 2 et 3 ».
La gauche mise sur de nouvelles forces, elle présente de nombreux néo candidats puisque plusieurs figures connues passent le relais comme Jacques Respaud, Philippe Dorthes ou Matthieu Rouveyre lui-même. Selon ce dernier, la majorité plurielle va loin. « Les nouveaux candidats montrent une vraie appétence, ils pourront bénéficier dans certains cantons d’une droite divisée, sur le 3 par exemple c’est une droite qui se déteste ».
« Ailleurs en Gironde d’autres cantons sont à notre portée »
Bien connu des observateurs politiques les territoires qui se situent dans le croissant de pauvreté girondin comme Le Réolais, le Nord Libournais, le nord Médoc inquiètent l’ancien conseiller municipal de Bordeaux « des cantons où le Rassemblement National est présent ou en embuscade. » Outre cette menace, la gauche place dans son viseur « La Presqu’île, Les Coteaux de Dordogne et Gujan-Mestras sont à notre portée » dans ces secteurs le rayonnement d’élus locaux de gauche n’y est pas négligeable.
Pour EELV, « L’alliance avec le PS n’est pas exclusive »
Actuellement EELV compte 2 sièges au département. L’accord partiel avec Le PS et PC est valable pour les cantons de Bordeaux 1, 3, 5, de Pessac 1 et 2, Lormont, Cenon, Villenave d’Ornon, Labrède, Presqu’île, Libournais Fronsadais, Les Coteaux-de-Dordogne. « Le bilan commun justifie ces choix » explique Laure Curvale, élue EELV sortante qui se représentante sur Pessac 1. En revanche elle précise, « ce n’est pas forcément le cas dans la vingtaine des cantons où nous aurons des candidats. »
Sur Andernos, Gujan-Mestras et La teste de Buch, nous partirons seuls. Il s’agit selon elle d’une question de désaccord sur des projets de fond, projets routiers ou maritimes à teneur environnementale. Et pour des raisons de légitimité de candidatures de territoire ce sera aussi le cas sur les cantons de Talence, Mérignac 1 et 2 et Créon.
Une élection où EELV a fait le choix d’être en alliance avec d’autres partis de gauche ou des candidats de la société civile. «Ce scrutin est fondamental à plusieurs titres, le rôle du département est parfois oublié ou méconnu dans certains domaines. Nous entendons œuvrer pour préserver les poumons verts de notre territoire.» Laure Curvale ajoute à titre d’exemple que le département à la responsabilité de la protection et de l’aménagement des grands espaces naturels sensibles ou emblématiques la Dune du Pyla en fait partie.
La droite revendique des choix locaux : « J’ai voulu m’affranchir des logiques d’appareils »
La droite et le centre comptaient 20 sièges : 8 LR 3 modem, 7 DVD et 2 UDI. Le Président de Gironde Avenir, Jacques Breillat élu sortant des Coteaux de Dordogne conduit à nouveau l’union sous la bannière «Pour une Gironde réconciliée» il se veut très clair dans ses choix :
Je ne voulais aucun compromis avec les extrêmes et aucun candidat de la République en Marche.
La messe est dite pour celui qui dit avoir « voulu s’affranchir des logiques d’appareils. »
Il y aura des candidats sur 27 cantons parmi eux des Républicains, des Modems mais aussi des candidats UDI ou du Nouveau centre.
Et jacques Breillat de justifier « Les départementales ce sont 33 élections locales. Il ne faut pas l’oublier. Il faut des candidats implantés, la dimension territoriale est la priorité, j’ai donc capitalisé sur tous les sortants car nous avons fait un très bon travail et j’ai de nouvelles candidatures qui me permettent de nourrir certains espoirs. » C’est sur la base d’un travail de rassemblement que Jacques Breillat déroule sa stratégie.
Dans ses objectifs il entend conserver les cantons acquis, il pense par ailleurs que le renouvellement des candidats du PS avec le départ d’anciens compagnons de Philippe Madrelle pourrait être favorable à son camp. « Beaucoup de sortants raccrochent, des personnalités bien implantées, une ancienne génération celle de l’époque Philippe Madrelle tourne la page, les cartes sont rebattues et cela peut bousculer l’échiquier. »
Dans cette logique, il pense par exemple au canton Du Réolais des Bastides mais aussi sur la Métropole au canton de Bordeaux 4.
La majorité présidentielle sera de la partie, « L’enjeu n’est pas politique mais pragmatique. »
C’est une première, la République en Marche sera présente dans ce scrutin. Mais LREM ne veut pas jouer sur le terrain politique. Christelle Dubos, la candidate la République en Marche, l’affirme.
L’ex-secrétaire d’état aux solidarités et à la santé est la tête de file de cette liste.
Sous la bannière « Changer d’air » on retrouve LREM, le centre gauche et le centre droit (territoires de progrès, modem, agir…), « Nous sommes dans la même configuration qu’au niveau régional et national.» explique la députée Christelle Dubos qui se présente sur le canton de Créon. Un territoire qu’elle connaît parfaitement, elle vit depuis 22 ans à Sadirac.
Au regard des compétences du département ce scrutin est aussi pour elle comme une évidence « Je suis travailleur social et les sujets sociaux et humains c’est mon domaine, cela correspond à mon engagement, cette expertise je la porte depuis plus de 20 ans, mon objectif c’est de ne laisser personne sur le bord de la route. »
La liste emmenée par LREM sera présente sur 25 cantons et fait un calcul tout simple. « Puisque nous n’avons pas de conseillers sortants nous ne pouvons pas en perdre seulement en gagner ».
Enfin si par exemple il n’y aura pas de candidat sur le canton du patron de Gironde Avenir, Jacques Breillat c’est dit- elle « Pour lui permettre de remporter à nouveau son siège sur le canton Les-Coteaux-de-Gironde. » Une courtoisie politique qui dans le contexte actuel n’est pas interprété de la même façon par d’autres candidats.
Le Rassemblement National fait son nid dans la ruralité
Cette fois pourrait être la bonne pour le RN, le seul conseiller départemental RN, l’élu du Canton Nord Médoc Grégoire de Fournas se veut optimiste avec un constat simple. Soulignons que la grande précarité est une des caractéristiques de ces territoires.
Depuis six ans nous ne cessons de progresser dans la ruralité, notamment dans le nord Libournais et le nord Giironde nous sommes aujourd’hui sur les mêmes scores que dans le nord médoc.
Même si le parti présente des candidats dans 33 cantons, dans les radars du RN également : L’estuaire, Les coteaux de Dordogne et le Réolais-les-bastides. L’occasion pour Grégoire de Fournas de tacler ses adversaires de droite : « Le fait de ne pas présenter de candidats partout est d’un côté un aveux de faiblesse, cela prouve qu’ils n’ont pas trouvé de candidats pour couvrir tous les territoires, de l’autre cela permet de laisser des cantons à la République en Marche car ils sont dans une logique d’alliance objective avec LREM. L’honnêteté pour Jacques Breillat serait évidemment de le reconnaître. »
Autre facteur encourageant pour Grégoire de Fournas localement dans le blayais et le libournais « il n’y aura pas de prime aux sortants, les 2 candidats maires ne se représentent pas, les jeux sont ouverts. »
Reste la dernière donne d'importance, l'abstention. Personne ne peut lui prédire son importance et donc son rôle dans le scrutin.