Depuis le mois de novembre, des parents d'élèves du collège Val-des-Pins du Teich,en Gironde, font état de quintes de toux ou de saignements de nez chez leurs enfants. En cause, le retour d'un champignon toxique qui avait contraint l'établissement à fermer ses portes en 2021.
L'histoire se répète. L'aspergillus, l'un des champignons toxiques qui avait contraint le collège Val-des-Pins du Teich à fermer ses portes en 2021, a de nouveau été identifié au sein de l'établissement cet automne.
Quinte de toux et saignements de nez
Le 20 octobre, Nathalie*, apprend que sa fille a été évacuée de son cours d'espagnol "suite à des saignements de nez de deux enfants, des quintes de toux, des larmoiements pour la majorité d'entre eux". Elle assure n'avoir reçu aucune communication de la part de la direction du collège. "Elle rentre régulièrement avec les yeux qui piquent et un mal de gorge, raconte-t-elle. On leur explique qu'ils ont peut-être un rhume, ou le Covid".
Ma fille est très assidue, elle aime l'école mais elle en vient à ne plus vouloir y aller dans ces conditions.
Nathalie *Parent d'élève
La mère de famille déplore un manque d'information. On ne sait pas ce que c'est. Ca peut être grave et ils continuent à aller à l'école dans cet environnement. Il faut arrêter de prendre des gens pour des imbéciles", déplore-t-elle.
Des prélèvements effectués
À la rentrée des vacances, le problème perdure. Excédée, la maman décide de contacter la directrice du collège. "L'établissement fait l'objet d'une veille constante, un protocole est en vigueur, lui répond cette dernière. [...] Des prélèvements ont déjà eu lieu, l'ARS ayant donné des préconisations précises au Département quant aux normes à vérifier. Les derniers datent du mercredi 22 novembre, les résultats seront connus dans une dizaine de jours."
Conseillère départementale et maire de Teich, Karine Desmoulin assure que les prélèvements qui ont été réalisés, démontrent une "quantité moindre du champignon, incomparable à la situation d'il y a deux ans", notamment grâce aux travaux réalisés depuis. Elle explique ce regain de prolifération par les fortes intempéries autour du bassin d'Arcachon qui ont fait remonter l'humidité des bâtiments.
"On n'est informés de rien"
Depuis la première prolifération en 2021, des suivis réguliers du bâtiment sont réalisés pour analyser si la présence du champignon dépasse les seuils définis par l'Agence régionale de santé (ARS). Anaïs Luquedey, directrice des collèges au conseil départemental de la Gironde estime avoir été alertée "peu avant les vacances d'automne". "On a donc procédé à un contrôle beaucoup plus renforcé et à des désinfections sur les zones sensibles." Toutefois, les prélèvements réalisés "ne laissent pas apparaître une contamination au-delà des seuils. On est sur une situation différente de 2021, avec des symptômes avérés", précise la directrice.
"Politique de l'autruche"
A ce jour, les résultats de ces fameux prélèvements n'ont toujours pas été communiqués aux parents. "Ce message, il aurait du être envoyé préalablement, scande la mère d'élève. Moi, je peux concevoir qu'il y ait des problèmes sanitaires, ce n'est pas leur faute. Mais cette politique de l'autruche est insupportable. Ca concerne la santé de nos enfants."
De son côté, la direction de l'établissement affirme être dans l'attente des informations du conseil départemental. "Un mail commun a été envoyé à tous les parents après la réunion en préfecture avec l'Agence régionale de santé le 14 décembre ", maintient le secrétariat.
Également mère d'un collégien, Sandrine Fernandez, a pris connaissance de la situation ce mardi 19 décembre. Elle assure n'avoir jamais été prévenue. Son fils Ségael est en quatrième. Plusieurs fois, il a observé ses camarades se plaindre de douleurs aux yeux. "Ma prof principale m'a dit une fois que si ça continuait, on changerait de collège, mais on ne sait pas si c'est vrai ou non", explique-t-il, hésitant. "C'est inquiétant, reprend sa mère, il pourrait y avoir un peu plus de communication."
La communication s'effectue uniquement par les professeurs qui tentent de faire passer des messages aux élèves, ou par les parents qui s'échangent entre eux le peu d'informations qu'ils ont.
Sandrine FernandezParent d'élève
Des travaux de grande ampleur prévus l'été prochain
Lors de l'apparition de symptômes particuliers, les enfants sont directement envoyés à l'infirmerie scolaire. "Tous les cas sont relevés dans un registre qui est transmis au conseil départemental et à l'ARS", explique la direction du collège Val-des-Pins. Parallèlement, lundi 18 novembre, une enquête épidémiologique a été lancée afin d'affiner l'origine de la gêne. Dans un questionnaire, les parents ont jusqu'à la fin de semaine pour faire état des symptômes de leurs enfants, apparus depuis le début du mois de novembre, comme des sensations de manque d'air, d'un éclairage trop fort ou de courants d'air.
Impossible pour le moment de déterminer le nombre d'élèves touchés par ces symptômes, le phénomène variant "selon les jours et les conditions climatiques extérieures", pointe Anaïs Luquedey.
De nouveaux nettoyages devraient avoir lieu pendant les vacances de Noël, suivis de travaux d'envergure pendant les grandes vacances d'été. Pour le moment, la fermeture de l'établissement n'a pas été évoquée. En attendant, l'ARS a affirmé que les cours pourraient se poursuivre jusqu'aux vacances de Noël.