Après trois nuits consécutives très froides, certaines parcelles de vignes ont été touchées mais c'est encore trop tôt pour connaître l'étendue des dégâts. Du gel attendu demain encore dans le sud Gironde.
Moins deux degrés au petit matin lundi 4 avril. Froid, très froid pour la saison. Feux, fumées, bougies, tours antigel et éoliennes, et même des hélicoptères, les viticulteurs ont sorti l'arsenal des outils pour protéger leur vigne.
Beaucoup de stress
"On a des premiers dégâts dans le vignoble. La vallée de la Dordogne a été touchée, le secteur du Blayais aussi, mais trop tôt pour faire le bilan", selon l'un des représentants de la profession, Bernard Farges président du CIVB. (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux)
Les viticulteurs qui ont la chance d'être équipés ont utilisé les outils antigel pour tenter de sauver leur vignoble.
Il y a eu beaucoup de stress pour tout le monde. De nombreux viticulteurs étaient sur le terrain pour atténuer le froid avec leurs outils.
Bernard Farges - président du CIVBFrance 3 Aquitaine
"Le merlot, qui est le cépage dominant dans le Bordelais, est un cépage précoce et des bourgeons ont déjà éclos par endroit. Toutes les parcelles n'ont pas été touchées pareil".
Dans le Blayais, Guillaume Raymond, viticulteur sur la commune de Saint-Ciers-de-Canesse, pense avoir perdu 50 % de sa production malgré l'utilisation de bougies géantes et d'éoliennes pour diffuser la chaleur.
A l'abri du gel grâce aux méthodes anciennes
A Saint-Emilion, Nicole Tapon n'a pas de dégâts dans ses vignes grâce à une taille tardive. Cette viticultrice en bio a l'habitude de tailler et plier tardivement les rameaux "comme les anciens".
L'avantage de tailler et de plier le plus tard possible c'est de préserver la vigne du gel du printemps.
Nicole Tapon - viticultrice en Bio - Saint-EmilionFrance 3 Aquitaine
"J'ai fait une pré-taille en fin d'hiver et au printemps en laissant deux rameaux et sans tailler les extrémités. Ainsi la sève monte tout en haut et ne fait pas éclore les bourgeons qui sont plus bas et qui donneront les grappes plus tard. Si les bourgeons du haut gèlent, ce n'est pas grave car ils ne sont pas porteurs de récolte et ils seront taillés après. La récolte est protégée du gel", explique la vigneronne.
Du côté de Saint-Emilion, la taille tardive est à nouveau de plus en plus utilisée.
"Cette méthode utilise le principe d'acrotonie, observable chez la plupart des arbres. La vigne alimente préférentiellement les bourgeons situés en haut du rameau, retardant ainsi le développement des bourgeons situés plus bas. Nous passons une première fois devant chaque pied au mois de février et en mars pour les tailler mais sans sélectionner les bourgeons. Nous repasserons une fois les risques de gelée terminés pour ne conserver que les bourgeons souhaités puis plier les lattes", poursuit Nicole Tapon.
La fumée qui pique les yeux
Pour protéger leur récolte, les viticulteurs ont allumé des feux dans les rangs de vigne, ce qui a généré beaucoup de fumée aux alentours comme en témoigne cet internaute sur twitter. Du Médoc au Sauternais, de nombreux riverains ont été gênés par ces fumées qui ont rendu "l'air irrespirable".
Record de température
La nuit de dimanche à lundi a été la plus glaciale, un record depuis 1947, avec des températures négatives un peut partout sur le territoire.
En Aquitaine, les prévisionnistes de Météo France ont relevé -5,8 degrés à la station de Vendays-Montalivet, -4,9 Belin-Beliet et -4,7 à Captieux. Il s'agit de records mensuels dans ces stations, selon Tomas Bauquesne, prévisionniste.
Dans les Landes, les températures ont été encore plus basses avec -6,6 degrés à Pissos dans le nord du département.
La nuit prochaine sera encore froide et des gelées sont encore à prévoir dans le sud Gironde et le nord des Landes. Un couverture nuageuse va arriver par le nord de la Gironde et entraîner un redoux des températures. Avec 1 degré positif prévu à Bordeaux, le gel est terminé dans ce secteur, selon Météo-France.
A partir de mercredi, ce sera le retour des températures positives dans toute l'Aquitaine et des températures situées entre 5 et 10 degrés le matin.
Pas comparable avec 2021
Comparable avec le gel en 2021 ? Non, car l'épisode de gel l'an dernier était survenu plus tard au printemps et classé "calamité agricole". Et cette année les bourgeons ne sont pas encore éclos. "On ne peut pas comparer car la vigne n'est pas encore sortie. On constatera les dégâts lors des vendanges, pas avant", selon Bernard Farges.
Les viticulteurs touchés par le gel doivent faire une déclaration auprès de leur assurance. L'an dernier des indemnisations avaient été versées au titre de la calamité agricole.