Collèges morts, démissions administratives, pour maintenir leur lutte après plus de deux mois de mobilisation, les professeurs girondins misent sur des actions coup de poing.
Jeudi 6 et vendredi 7 février, plusieurs collèges de Gironde seront fermés. Mais les professeurs ne seront pas tous en grève.
Solidarité et visibilité
Certains ont décidé de protester différemment, en organisant des "collèges morts". Le principe : bloquer les grilles du lycée, empêchant ainsi l'entrée des élèves et des professeurs. "Nous avons contacté tous les parents d'élèves pour les informer de cette mobilisation, ainsi que notre direction. Cette action ne peut pas fonctionner sans l'accord de tous", explique Émilie Massart, enseignante au collège Jean Zay de Cenon, dans l'agglomération bordelaise.
Comme lui, les collèges Jacques Ellul (Bordeaux), Jean Jaurès (Cenon), Latresne et Créon se préparent pour la mobilisation de demain et vendredi. D'autres collèges pourraient également organiser des "collèges morts".
Après plus de deux mois de grève, le mouvement commence à s'essouffler, entre mobilisation et cours à assurer. C'est dans ce contexte que les "collèges morts" sont apparus, pour soutenir les non-grévistes. "Avec les collèges morts, on montre à ceux qui ne peuvent pas faire grève qu'on les soutient. Beaucoup d'entre nous ne peuvent plus se permettre de faire grève, à cause de leur budget", détaille Émilie Massart.
Solidaire, l'action se veut surtout visible. "Quand on bloque les grilles du lycée, chacun peut nous voir et prendre conscience de la situation de l'éducation nationale aujourd'hui", avance l'enseignante.
Démissions
À La Réole, en Gironde, les professeurs ont choisi de protester différemment. Dix-huit des 35 professeurs ont démissionné de leurs fonctions administratives, tout en continuant à assurer celles pédagogiques. "Ce sont des missions non-obligatoires comme l'accompagnement scolaire, les professeurs principaux, les conseils administratifs", énumère Catherine Serret, professeur d'économie au lycée Jean Renou. Les cours sont donc toujours assurés, mais les sorties scolaires et appréciations sur les bulletins scolaires ont disparu.
"Nous avons remarqué que des lycées d'autres académies avaient lancé cette action. Elle nous a paru idéale pour ne pas pénaliser les élèves tout en montrant au gouvernement notre volonté", explique Catherine Serret. Mais pour que cette action fonctionne, elle doit être "collective". "Hier soir, nous avions un conseil administratif, il n'y avait qu'un seul professeur", sourit Catherine Serret.
Dès le début de leur action, le 27 janvier, les professeurs du lycée Jean Renou ont envoyé une lettre au rectorat. "Nous attendons encore une réponse de leur part", avoue la professeur d'économie. Du côté du rectorat, contacté par notre rédaction, personne ne semble avoir eu un écho de cette mobilisation.
Ces nouvelles méthodes "pacifiques mais véhémentes", comme les qualifie Émilie Massart, semblent vouloir prendre le pas sur les mobilisations traditionnelles. Dans plusieurs collèges aquitains, les professeurs étudient ces nouvelles pistes.