La communauté cistercienne compte 14 moniales dans cette abbaye d'Auros près de Bazas en Gironde. L'éloignement de la vie moderne, c'est quelque chose qu'elles pratiquent au quotidien. Mais la fermeture du magasin implique encore moins de contacts avec l'extérieur, voire une perte de revenu.
Plus de sorties... pour celles qui y étaient autorisées. Mais la solitude et le recueillement sont deux amis du quotidien pour ces soeurs qui ont choisi le retrait dans la prière et le travail au sein de cette communauté cistercienne girondine.
Et malgré l'épidémie de Covid-19 qui oblige bon nombre d'entre nous à rester confinés, à travailler selon des contraintes et à limiter les échanges humains, elles, vivent au jour le jour presque comme si de rien n'était.
Par exemple, elles poursuivent leur activité de poterie. Elles fabriquent des santons de terre, 250 par mois, destinés à une autre communauté en région parisienne.
Soeur Marie-Benoît Bernard s'est engagée définitivement dans cette vie monaccale depuis 2006. Pour elle, ce confinement n'est pas une épreuve :
Personnellement, je n'éprouve pas de stress. Même si j'ai conscience que ce qui se passe autour de nous est très grave.
Je suis habituée à vivre ma vie cloîtrée...
Je dirais que le confinement nous oblige à aller vers l'autre. Ça demande un travail sur soi.
Heureusement, il y a de l'espace. L'abbaye compte une quarantaine d'hectares de terre et le potager est l'une des activités auxquelles paryticipent les soeurs pour alimenter la communauté.
Agnés est une jeune postulante, elle travaille au jardin. Elle vit cette étape d'apprentissage avant le noviciat pour une durée de deux ans. Elle semble relativiser:
On est comme une famille. Tout se fait ici. La lessive, la cuisine. On ne dépend pas tant que ça de l'extérieur On a de grands espaces, on peut aller marcher, respirer. Notre vie continue: la prière, le travail.
Des contraintes aussi pour l'Abbaye
Sur son site internet, l'Abbaye du Rivet explique en quoi consiste ce retrait du monde selon l'ordre cistercien :Dans une communauté de type cistercien comme la nôtre, la moniale ne vit pas seule, mais elle est appelée à vivre la solitude avec d’autres, parmi d’autres. Vie de solitude avec d’autres afin que la densité du silence soit vécue dans la certitude de son habitation par le Seigneur, l’unique Parole.
Ce qui signifie qu'elles peuvent être en contact malgré le retrait.
Ici, les journées sont toujours rythmées par sept prières quotidiennes. Mais l'épidémie a contraint aussi ces soeurs à changer leurs habitudes:
- elles ont cessé la fabrication de biscuits
- elles ont dû fermer les chambres (une vingtaine) permettant l'accueil de personnes pour des retraites
- le magasin aussi a dû être fermé
Une mise à l'épreuve ?
La Mère Marie-Christine Vilmain partage son sentiment sur l'air d'une chanson de Guy Béart : la folle espérance qui lui inspire son état d'esprit du moment:Tout ce que nous voyons de beau depuis que cette pandémie fait son œuvre ne peut que nous tourner vers demain avec l’attente d’un nouveau monde, un monde plus humain, plus relationnel, plus fraternel, un monde où l’homme, la vie sont au centre.
(...)C’est bien de ce désir de vivre que témoignent tous les soignants qui se dépensent sans compter, qui donnent leur vie et c’est bien d’un amour de leurs frères, les hommes. Et pourtant, ils risquent eux-mêmes d’être atteints… et la peur peut les habiter.
(...)
Notre communauté porte tout cela dans la prière et l’espérance, cette espérance folle qui est à partager.