Ils parlent de profanations de tombes. Plusieurs concessionnaires du cimetière animalier de Cadaujac appellent les usagers à venir constater l'état du lieu, en travaux. Le président de la société propriétaire était sur place ce samedi. Il a tenté de les rassurer.
"C'était très bien tenu, presque reposant de venir ici. C'est devenu un champ de bataille". Sophie Llalo a acheté une concession dans ce petit cimetière animalier de Cadaujac en Gironde. Depuis septembre dernier, elle multiplie les démarches pour faire cesser les travaux qui lui sont devenus insupportables.
Le chalet de l'accueil a été démoli à l'entrée. Mais ce qui l'émeut le plus, c'est la disparition de l'espace baptisé "le jardin des souvenirs". De grands pins ont été arrachés. Or à leur pied, selon elle, des propriétaires avaient dispersé les cendres de leurs animaux, ou déposé des plaques souvenirs. Elle dénonce des "profanations". Tout comme Maryse Boudy, autre propriétaire qui se dit "extrêmement triste" et "dépitée" :
"On ne traite pas les cendres de chiens, de chats, de perroquets et de poissons comme ça, ce n'est pas possible de nous traiter comme ça, nous qui respectons la vie des animaux."
Depuis plusieurs mois, des propriétaires de tombes expriment leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux. Ils ont constaté l'autorisation pour un permis de démolition mais pas pour un permis de construire alors qu'une dalle a été coulée. Face à la polémique qui semble enfler et alors que la loi sur le bien-être animal a été débattue fin janvier à l'Assemblée Nationale, le directeur de la Seleste s'est rendu sur place ce samedi pour livrer quelques précisions.
"Je comprends tout à fait leur émotion,... leur sensibilité et leurs doutes oui" assure Nicolas Goossens.
Le Président de Seleste explique que son entreprise, propriétaire du cimetière depuis juillet 2020 veut rendre le lieu plus accueillant. Il ne disposait d'aucune structure avec sanitaires. Le four à crémation fonctionnait au mazout et était trop polluant. Mais le terrain n'était pas raccordé au réseau d’énergies, gaz, eau, électricité, ni au réseau d'assainissements. Il a donc fallu creuser notamment au niveau du jardin des souvenirs. Quand au permis de construire, il a bien été demandé en mairie. Et en attendant, un bâtiment modulaire sera installé justifie le président de Seleste.
On est sur une phase provisoire. On va poser un bâtiment modulaire qui va servir de bureau et d’accueil des familles. Un autre bâtiment modulaire pour réaliser les crémations. Aujourd’hui, l’activité est arrêtée et l’on ne peut plus proposer ce service aux familles. Et pour se faire, nous avons commencé à réaliser des travaux dans le cimetière.
Le président affirme qu'un courrier a bien été envoyé aux propriétaires pour les informer des travaux. Mais la communication n'a pas répondu à toutes leurs questions. Et au delà du sort réservé aux tombes de leurs animaux, ils s'interrogent sur celui des tombes humaines.
Car en France, il est en effet possible de se faire inhumer dans une propriété privée après autorisation du préfet du département. Très attachés à leur "compagnon", certains usagers ont acheté des concessions à vie au cimetière de Cadaujac et se sont fait inhumer à leur côté.
Sophie Llalo veut la garantie de pouvoir garder cette possibilité.
Beaucoup de gens ont pris des concessions ici pour reposer avec leurs compagnons. Moi, j’ai deux chiens que je considère comme des membres de ma famille et je veux pouvoir reposer à leurs côtés quand je ne serai plus là.
Nicolas Goossens reconnaît avoir eu connaissance récemment de la présence de ces tombes humaines. Il dit avoir "demandé à l’ancienne propriétaire de "régulariser la situation". Selon lui, les autorisations préfectorales n'auraient pas été demandées. La situation était illégale. Les urnes devaient donc être rendues aux familles.
L'ancienne propriétaire que nous avions rencontrée lors d'un reportage en 2018, n'a pas répondu à nos sollicitions.