Le laboratoire Ceva santé animale, entreprise basée dans le Libournais, vient de remporter l'appel d’offres du gouvernement pour la deuxième salve de vaccination des canards contre la grippe aviaire. Une nouvelle étape dans la lutte contre l'épidémie, alors que la pression virale s'accroît et qu'un homme a été infecté par un bovin aux États-Unis.
Depuis le mois d'octobre, tous les canards des élevages français doivent être vaccinés contre le virus de la grippe aviaire H5N1. Et c'est un laboratoire girondin, Ceva Santé animale, qui vient de remporter l'appel d'offres du gouvernement pour cette seconde campagne de vaccination, qui a commencé le premier avril.
Un marché important, pour lequel l'entreprise libournaise dit avoir " travaillé sans relâche pour développer cette solution de vaccination française offrant une couverture vaccinale inégalée". La structure devrait livrer 27 des 61 millions de doses supplémentaires, pour tenter d'endiguer l'épidémie.
Nous sommes plus que jamais engagés dans le développement de solutions de santé innovantes, notamment contre les maladies émergentes qui menacent nos élevages.
Marc PrikazskyPDG de Ceva Santé Animale
La circulation du virus à certains animaux
Seuls les canards sont dans le viseur des autorités, " ils sont plus sensibles et ont tendance à amplifier le virus", explique Sylvain Comte, vétérinaire et directeur de la filière volailles au sein de Ceva Santé Animale. Le vaccin leur est adressé, car pour le moment aucune contamination de mammifères à mammifère n'a pu être confirmée.
Pour autant, depuis quelques années, des cas de contamination à la grippe aviaire avaient été observés de l'oiseau vers les cochons. Très récemment, ce sont des ruminants comme des vaches ou des chèvres qui ont aussi été contaminés. Une nouveauté, même si cela reste encore très rare, développe le spécialiste.
Une infection "bénigne" pour l'homme
Au Texas, c'est une vache laitière qui vient de contaminer un humain. Ce dernier a été testé positif à la grippe aviaire, ont annoncé les autorités américaines ce 1ᵉʳ avril. Son état de santé n'est pas préoccupant. Si ces nouvelles transmissions interrogent, Sylvain Comte se veut rassurant. :"il n'y a pas de transmission d’homme à homme", précise le vétérinaire. Au vu des symptômes, il ne serait donc pas utile de se vacciner. "C'est une infection bénigne. Pour le moment, les personnes touchées ont souvent une légère conjonctivite seulement", poursuit-il. Plus généralement, les symptômes sont similaires à ceux de la grippe. Les éleveurs peuvent tout de même se vacciner contre grippe humaine, afin de renforcer leur défense immunitaire pour ce type de pathologie.
Le caractère maintenant endémique de la maladie
Globalement, la pression virale s'accroît sur l'ensemble des animaux. "Avant, la grippe aviaire suivait les axes de migration et la saison, explique Sylvain Comte, mais depuis deux ou trois ans, ce virus est devenu endémique. Il réside dans la population des oiseaux sauvages en permanence". Ces oiseaux sauvages restent difficilement repérables, même si l'épidémie a fait de grands ravages parmi eux.
Les scientifiques, comme Sylvain Comte, réfléchissent donc à des moyens pour endiguer l'épidémie dans leurs rangs :"La mortalité au niveau des oiseaux sauvages est bien documentée. Elle touche par exemple des fous de Bassant, des colonies d'oiseaux, ce qui entraîne une grande mortalité." Ils envisagent également la possibilité d'une immunité collective qui pourrait, avec le temps, se développer chez les oiseaux sauvages.