Une enquête du club des entrepreneurs, auprès de ses 110 adhérents, indique que l'épidémie de Covid-19 et le confinement a entrainé une perte de près de 47% de leur chiffre d'affaires. Certaines de ces entreprises pourraient ne pas se relever de cette crise, d'autres essaient de s'adapter.
En temps normal, comme le confirme le président Laurent Cadusseau, le club organise une réunion tous les deux mois durant laquelle on développe trois sujets susceptibles d'intéresser les adhérents selon les remontées, difficultés ou développement des uns et des autres.
Un club qui a plusieurs commissions: une petite pépininière pour les repreneurs et créateurs d'entreprises, une commission pour aider à répondre aux appels d'offre, une autre formation sur la JECEM (Journée d'enseignement du Club des entrepreneurs)...
Les adhérents ?
Ce sont des entreprises très hétéroclites. Ca va de l'auto-entrepreneur à la grosse entreprise en passant par les artisans...
L'idée c'est de ne pas être tout seul. Ici, quand on parle de ses problèmes, les autres savent de quoi on parle...
On est très suivi: à chaque réunion, on a entre 70 et 80 des membres qui sont présents
Et les discussions sont, parait-il, constructives au-delà de l'échange-apéritif et repas proposés...
Des patrons médocains en difficulté
Mais en ce moment, près de la moitié des adhérents "demandent qu'on les rappelle" et "ce n'est pas toujours pour demander une aide pratique" du club... Beaucoup ont besoin de parler, d'exposer leur difficultés... garder le lien tout simplement.On a mis en place une cellule de crise pour accompagner les adhérents pour les dossiers pour les aides financières. On fait aussi des communications sur notre site et sur Facebook.
Une des mobilisations, aussi, a été de "faire des achats groupés pour nos membres de gels, masques et visières"...
Dès la mi-mars, le club a réalisé une enquête au sein de ses membres pour connaitre l'impact de la crise sanitaire sur les entreprises:
Et pour permettre une comparaison permettant de "faire remonter ces chiffres lors de nos diverses réunions avec les institutions, et de les avoir pour le Médoc", ils ont décidé " d'étendre l'enquête aux entreprises non adhérentes du club, situées sur le Médoc".Il en ressort au 31 Mars sur les premiers retours sur leur activité :
Normale 19,1 %
Partielle 46,8 %
Stoppée 34,1 %
Pour une perte en chiffre d'affaire de 47,66 %.
A partir de son enquête sur l'impact du covid-19 sur l'économie médocaine et ses entreprises, il a pu dégager une tendance de l'activité de ses membres mais aussi d'autres entreprises en Médoc qui seraient pour 60% à l'arrêt.
Pour les entreprises liées au tourisme c'est catastrophique, même sans les salaires des saisonniers...
Pour la restauration, les hôtels aussi...
Dans la construction de maison (construction bois), en 15 jours, ils perdent près de 300 000 euros!
Son entreprise fragilisée
Pour témoigner des difficultés de ces entreprises, point n'est besoin d'aller trop loin pour Laurent Cadusseau: sa propre entreprise est concernée."Coverplant Ingeeniering" est une société portée par deux salariés-gérants à Arsac qui réalise des "machines spéciales" dans des secteurs d'application divers (médical, militaire, industriel, agroalimentaire, agriculture).
Pour le bureau d'études en robotique et automatisme , l'activité est à l'arrêt:En étant salariés-gérants, on a droit à rien... Si: à 1500 euros, du fond de soutien...
Les aides actuelles, c'est essentiellement pour les salariés.
Pour les patrons, il n'y a rien... et on est pas tous au CAC 40!
On ne reçoit plus les composants.
Donc pour les contrats qu'on a déjà, on ne peut pas les assumer et tous les autres contrats qu'on aurait dû signer ce mois... sont suspendus.
Pour Laurent Cadusseau, la situation de son entreprise est préoccupante.
Dans nos entreprises on peut avoir un fond de roulement de deux mois, pas de 4-5 mois...
Et je vous avoue que moi, ça va mieux, mais j'ai connu un mauvais moment.
Et depuis quelques semaines, sa société participe aussi à la fabrication de "visières transparentes pour le ministère de la santé".
Le président assure aussi que son activité pour le club, le fait de s'activer pour les autres aussi, lui a fait beaucoup de bien:
Les retours de tout le monde aussi...
Ce qui fait chaud au coeur, c'est les remerciements.
Mais je pense qu'il faudra suivre chacun, aussi après la crise: les suivre psychologiquement.
Vous savez, votre entreprise, c'est votre argent mais c'est aussi votre vie...
Une boulangerie médocaine qui s'est "adaptée"
Laetitia Noury a repris avec son mari patissier l'activité de boulangerie de ses beaux parents, il y a onze ans : la Grange aux pains. Il s'agit d'un fournil-laboratoire employant deux boulangers et un pâtissier et deux points de vente sur Lacanau-Océan.Leur activité, essentiellement saisonnière leur permet d'employer six personnes à l'année (trois qui fabriquent et trois vendeuses) et jusqu'à 28 en pleine saison.
Avec le mois d'avril, les vacances de printemps, les amateurs de plage représentent la clientèle principale.
On fournit aussi les restaurateurs et les villages vacances...
Normalement, en ce moment, on devrait être quinze et avoir les deux points de vente ouverts.
Un coup dur, même si l'activité de boulangerie est peut-être, à l'heure actuelle, un des commerces les moins touchés.
Parce qu'ils ont choisi de s'adapter:Les quinze premiers jours ont été difficiles... avant de s'organiser.
- en n'ouvrant qu' un seul point de vente
- avec des horaires plus réduits: "on ferme plus tôt et entre midi et deux"
- "on organise les gestes barrière dans le magasin"
- des livraisons à domicile pour des gâteaux ou des commandes en nombre
- des commandes (par téléphone ou Facebook) que les gens viennent chercher
- ils fabriquent aussi des "grosses pièces" pour que les gens ne viennent "que deux à trois fois par semaine"
Finalement, on a de la chance d'être saisonniers. On n'a qu'une vendeuse en CDI.
Bien-sur, on ne fera pas notre chiffre d'affaires, mais on rentre dans nos frais.