Dans les transports en commun ou dans les magasins, l'obligation de porter un masque provoque parfois des incivilités voire des agressions. Le médecin et psychothérapeute girondin, Gérard Ostermann nous explique pourquoi.
"Le masque constitue une véritable rupture anthropologique dans la mesure où il y a une sorte d’anonymisation généralisée" résume Gérard Ostermann.
Cachés derrière leur masque, certains se laissent aller à des réactions agressives.
"Face à ce qui est de l’ordre d’une contrainte, face aussi aux informations parfois contradictoires qui règnent autour du port du masque, les gens éprouvent parfois du doute. Ca peut aussi favoriser l’impulsivité, l’agressivité et des incivilités" analyse le psychothérapeute. "Même si cette agressivité est difficilement évaluable" reconnaît-il.
D'autant qu'il ne faut pas confondre l'agressivité, nécessaire à l'individu pour vivre et la violence, négation de l'Autre précise Gérard Ostermann.
"Il y a une confusion dans les termes. Souvent, on parle d’agressivité comme on parle de violence. Or, l’agressivité, on a tous un moteur qui nous y pousse. Ça s’appelle la poussée pulsionnelle. Et heureusement qu’on l’a, parce qu’on a tous besoin de l’agressivité pour la pulsion de vie. En même temps, on a besoin aussi d’un moteur qui nous tire pour faire des projets et pouvoir vivre nos désirs. L’agressivité est donc tout à fait normale mais à différencier de la violence qui est la négation de l’autre".
Cette agressivité a pu être exarcerbée pendant la période de confinement remarque Gérard Ostermann.
"Ce que l’on peut constater, c’est qu'il y a eu des frustrations que les gens ont ressenties pendant l’isolement et la période de confinement. Le déconfinement ne les a pas tout à fait libérer".
Mais chacun a vécu le confinement différemment nuance-t-il :
"Il y a des gens qui ont très bien vécu le confinement, qui ont fait un examen de conscience et ont réévalué leur existence. Et puis, il y en a qui l’ont très mal vécu, un peu comme un emprisonnement. Et tout dépend, il faut bien le reconnaitre aussi, du cadre dans lequel où l’on vit.
Aujourd'hui, le déconfinement peut même être vécu comme plus anxiogène.
"Le déconfinement rappelle encore les angoisses de mort, l’angoisse par rapport au futur : est-ce que je vais perdre mon emploi ?Il s'accompagne aussi de la notion relative de la privation de liberté, de la promiscuité où l’Autre est vécu comme un potentiel danger. Il y a aussi le doute et l’incertitude de la durée. On ne sait pas combien de temps va durer cette période"
Pour mieux accepter cette contrainte du masque, le docteur Ostermann livre un conseil :
"L’idée, c’est d’avoir une attitude responsable. On n’a pas de certitudes scientifiques absolues sur l’utilité du masque et sur la manière dont on le porte. Plus on a un consensus d’attitudes, plus on est responsabilisé, plus on pense à l’Autre et mieux c’est. Il faut aussi relativiser. Quand on voit ce qui se passe au Niger, il faut relativiser notre condition humaine".
Un conseil utile alors que de plus en plus de villes imposent le port du masque en plein air.