Depuis deux semaines, l’épidémie de grippe fait son grand retour en France. La Nouvelle-Aquitaine n'est pas épargnée. Les raisons du retour de la grippe saisonnière sont multiples, d’après Santé Publique France, notamment le relâchement des gestes barrière.
"On a rentré des vaccins qui ne sont que pour 2021-2022. On a 800 à 1000 doses, que les laboratoires ne veulent pas nous reprendre. (...) Ils (les vaccins ndlr) sont pour la poubelle", déplore Michel Martial, docteur en pharmacie au Bouscat (Gironde), qui n'a vacciné que "trois ou quatre" personnes depuis le mois de décembre, contre la grippe saisonnière. "Tout le monde pensait aux vaccins anti-covid. Les gens n’ont pas pensé à se vacciner comme les autres années", poursuit-il.
Mikaël Stevens, médecin généraliste au Bouscat, fait le même constat tandis que l'épidémie de grippe reprend en France depuis deux semaines, selon les données de Santé publique France. Le retour de la grippe saisonnière ne l'a surpris qu'à moitié.
On a observé dans nos cabinets de médecine de ville une diminution importante de la vaccination contre la grippe.
Mikaël StevensMédecin généraliste au Bouscat
Dans son cabinet, les patients atteints de syndrome grippaux affluent depuis le début du mois de mars.
Toutefois, bien que la faible couverture vaccinale peut être un facteur à risque du retour de la grippe selon Laurent Filleul, épidémiologiste et responsable de la cellule Santé publique France en Nouvelle Aquitaine, cela ne suffit pas à expliquer l’épidémie.
La couverture vaccinale chez les personnes fragiles est de l’ordre de 50 à 52% en Nouvelle-Aquitaine. C’est pas mal par rapport à d’autres régions mais ce n’est pas ce qui influence l’épidémie.
Laurent Filleulépidémiologiste et responsable de la cellule Santé publique France en Nouvelle Aquitaine
Baisse d'immunité de la population
Cette épidémie arrive tard cette année, confirme l'épidémiologiste, puisqu’elle survient généralement en janvier-février pour se terminer en mars. Plusieurs raisons expliquent son retour. Selon le directeur de Santé publique France, la forte circulation de la covid-19 a, un temps, empêché celle de la grippe, c’est ce qu’il appelle "la compétition entre les virus" qui n’est plus aujourd’hui d’actualité.
Le relâchement des gestes barrière peut également être en cause selon lui : "En 2020, il n’y a pas eu d’épidémie de grippe, pas d’épidémie de bronchiolite ou de gastro-entérite avec les confinements, le gel hydroalcoolique et le masque."
Cette faible circulation de la grippe ces dernières années a pu également atténuer l’immunité de la population contre ce virus.
Le fait que le virus n’ait pas circulé, cela a pu entraîner une fragilité de la population.
Laurent Filleulépidémiologiste et responsable de la cellule Santé publique France en Nouvelle Aquitaine
Selon l'épidémiologiste, deux solutions pour enrayer la trop forte circulation de la grippe : "Pour les personnes fragiles, se faire vacciner et le port du masque. Qu’il devienne un automatisme quand on est symptomatique ou quand on est avec des personnes symptomatiques."
