Puisseguin : les professionnels du transport tentent d'expliquer l'embrasement

Les professionnels du transport tentent d'expliquer l'embrasement d'un autocar à Puisseguin en Gironde, après une collision avec un camion qui a fait 43 morts. Mais ils réfutent les accusations de manque de sûreté de ce moyen de transport, brandies par certains.

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"Un car, ça ne brûle pas à cette vitesse", s'étonne Michel Seyt, président de la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs, qui regroupe les autocaristes.

"Le moteur est à l'arrière", souligne-t-il, précisant que ce "Mercedes Tourismo qui date de 2010 ou 2011, a un réservoir de carburant à l'avant, juste avant ou après les roues. Mais ça n'est pas un élément qui peut être percuté en premier dans un choc frontal".
La collision entre l'autocar, qui transportait des personnes âgées pour une excursion, et un camion, s'est produite peu avant 07h30, et les véhicules se sont embrasés aussitôt.
"Pour ce type de camion, un grumier qui transporte du bois, il y a plusieurs réservoirs. Et notamment une réserve importante d'huile hydraulique pour la grue, qui semble être le plus inflammable. Toutefois, les réservoirs (de carburant) du camion ont bien été percutés par l'autocar", a détaillé M. Seyt, qui reste "très interrogatif".

Cet accident, le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune qui avait fait 53 morts en 1982, a lieu moins de trois mois après la libéralisation du transport longue distance par autocar, dans le cadre de la loi Macron, et certaines voix s'élèvent pour mettre en garde contre un moyen de transport qu'ils présentent comme dangereux.


Des accidents meurtriers mais rares


"Il s'agit d'un véhicule de service touristique. Cela n'a rien à voir avec les ignes Macron", réagit Michel Seyt.

Le député (PS) de Gironde Gilles Savary, spécialiste du transport, estime que "ce terrible drame ne doit pas nous faire oublier que le car est un mode de transport dix fois plus sûr que la voiture individuelle", ajoutant que "les accidents de car, toujours très meurtriers, restent néanmoins rares, par rapport aux 65.000 bus et cars en circulation en France".

"Le car demeure l'un des modes de transport dont le risque d'accident mortel est le plus bas selon une étude paneuropéenne. Le nombre de morts par milliard de voyageurs-kilomètre pour les deux roues est de 52,593, contre 4,45 pour la voiture individuelle, 0,433
pour les bus et cars, 0,156 pour le train, 0,101 pour l'avion
", détaille l'élu.

" Le transport par autocar est beaucoup plus sûr que la voiture. Les conducteurs sont des professionnels qui font l'objet d'un suivi régulier. Les véhicules sont plus contrôlés et roulent moins vite ", renchérit Bertrand Mouly-Aigrot, spécialiste des transports et associé chez Archery Strategy Consulting. "Que ce soit dans l'aérien, le ferroviaire, ou les transports publics, les accidents sont des drames qui suscitent toujours beaucoup d'émotion. Mais ils restent extrêmement rares", note-t-il encore.

L'accident en Gironde aura fait plus de morts que l'ensemble des accidents impliquant un autocar en 2014 : 33 personnes avaient été tuées à l'occasion d'un accident impliquant un autocar, dont 6 usagers d'autocar et  27 autres usagers, selon la Sécurité routière.
Entre 2010 et 2014, les accidents corporels impliquant un autocar ont baissé de 6%, le nombre de personnes tuées est resté stable mais les blessés hospitalisés ont augmenté de 12%.

Pour Jacques Robin, ingénieur expert en accidentologie, le problème réside dans le fait qu'"un autocar large a croisé un camion large sur une route étroite qui fait manifestement cinq mètres de large. (...) Il faut limiter cette vitesse à 80 km/h" comme cela est actuellement expérimenté pour tous les véhicules sur quelques routes du réseau secondaire en France.
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