Louer un gîte ou un appartement pour se ressourcer, ce sera possible en Gironde à partir du 11 mai. Une bonne nouvelle annoncée par la préféte de la Gironde. Les propriétaires s'organisent pour mettre en place un protocole sanitaire. La Région, de son côté, veut lancer des chèques tourisme.
Fabienne Buccio, la préfète de Gironde ne devrait pas prolonger l'arrêté d'interdiction aux hébergements à vocation touristique de recevoir du public du littoral girondin. Les locations saisonnières pourront reprendre à partir du 11 mai, si bien sûr, la situation sanitaire l'autorise et si le vacancier reste à moins de 100 kilomètres de son lieu d'habitation.
"C'est une très bonne nouvelle" confirme Sandrine Souan, propriétaire d'une villa au Teich qui s'apprête à accueillir une clientèle bordelaise, "Des gens qui ont besoin de se reposer d’être tranquilles pendant une semaine pour changer d’air" après les deux mois de confinement.
Pour s'adapter au mieux à la demande, Sandrine Souan acceptera des réservations pour deux ou trois jours alors qu'en haute saison, elle privilégie les semaines entières.
Affiliée aux Gîtes de France, elle a reçu des fiches pratiques concernant notamment le ménage :
L'Union nationale de la promotion de la location de vacances qui rassemble les principaux acteurs du secteurs comme : Abritel-HomeAway, Airbnb, Leboncoin.fr, ou encore Tripadvisor vient de publier un protocole sanitaire certifié afin que les propriétaires et les touristes puissent disposer "de règles claires et facilement applicables, autant pour le nettoyage que la désinfection des meublés de tourisme, afin de garantir la sécurité des vacanciers".On le fait faire par un professionnel qui travaille aussi dans les hôtels et qui est formé à ce type de ménage.
La plateforme de locations AirBnB met en avant des "solutions de nettoyage professionnelles et durables pour les hôtes". Elle s'est associée à une entreprise de nettoyage durable et, assure-t-elle, a mis au point un "protocole global d’hygiène et de propreté avec les principaux experts en matière d’hospitalité et d’hygiène médicale".
Au Teich, Sandrine Souan sera prête à partir du 16 mai. Elle se donne quelques jours pour préparer son hébergement :
"On va retirer les jeux de plages, on en est désolé mais les vacanciers devront apporter les leurs. Dans le gîte, on va également retirer les éléments de décoration qui venaient donner une touche personnelle comme les vases pour ne garder que l'essentiel comme la vaisselle. "
On a commandé un distributeur de gel hydro-alcoolique pour l'installer à l’entrée. Si les vacanciers partent faire des courses ou se balader, ils pourront se désinfecter les mains.
Enfin, on va mettre à disposition une tablette numérique avec la documentation touristique. Ce serait vraiment anti développement durable de jeter la documentation papier et de la renouveler toutes les semaines.
Rassurer le consommateur
Il faut avant tout rassurer le consommateur. Selon Sandrine Derville, vice-présidente en charge du tourisme à la Région Nouvelle-Aquitaine, le premier critère des Français pour choisir leurs destinations sera la sécurité et les mesures sanitaires mises en place.On enregistre 336 décès à l'hôpital lié au COVID 19 le 4 mai, selon les chiffres du gouvernement. La Nouvelle-Aquitaine, elle, est l'une des régions les moins touchées.
Un atout indéniable pour Sandrine Souan, surtout après le 1er juin quand les plages devraient rouvrir :
Ça va être la force de notre région. Aussi par rapport à la Côte d’Azur, on a des plages infinies, et pas à forte densité. Certains espaces naturels sont quasi vierges, où l’on peut se promener sans croiser personne comme Le domaine de Certes, la réserve Ornithologique du Teich, les plages du Grand crohot ou du Petit nice.
"Je vais conseiller à mes locataires d'y aller tôt le matin, prendre le petit déjeuner en haut de la dune du Pilat, par exemple, et profiter ensuite de la piscine du gîte aux heures chaudes pour éviter de sortir quand il pourrait y avoir plus de monde. "
Avec l'aide de l'office du tourisme, Sandrine Souan fournira une liste les lieux rouverts et des restaurants qui font de la vente à emporter ou de la livraison à domicile. Un site web a d'ailleurs été créé dans ce but :
L’objectif, c’est, en ayant des hébergement adaptés, de faire venir des gens et qu'ils consomment en achetant dans les commerces ouverts et en profitant des plats préparés par les restaurateurs après avoir cuisiné midi et soir pendant deux mois.
Aider les plus précaires
L'économie du tourisme représente 150 000 emplois directs, 400 000 indirects en Nouvelle-Aquitaine.Le Président de la Région et une dizaine de députés, présidents de régions ou de départements ont adressé une lettre au Premier Ministre.
Ils veulent lancer le chèque tourisme. Sur le modèle des chèques culture, chèques vacances, ou chèques cadeaux, ce "titre spécial de paiement dédié" pourrait servir à payer un repas, une nuitée, le transport. Il serait réservé "aux familles modestes, éloignées des vacances.
Sandrine Derville, élue régionale responsable du tourisme, explique que l'idée est née d'un constat partagé :
Or, rappelle la Vice-présidente chargée du tourisme à la région, ceux qui partent en vacances y consacrent 15% de leur budget. Ce chèque tourisme serait destiné "aux 40 % des Néo-aquitains qui ne partaient déjà pas en vacances et que la crise va davantage éloigner des vacances. "Les populations les plus touchées par la crise sociale qui s’est ajoutée à la crise sanitaire sont les plus précaires qui n'ont pas pu faire du télétravail et se sont retrouvés au chômage partiel imposé et qui ont perdu au bas mot 15% de leurs revenus.
Ce chèque tourisme, "facile à mette en œuvre" sera payé par l’ensemble des partenaires, région, départements, comités d’entreprises mais aussi espèrent les signataires de la lettre, l'Etat.
Pour atteindre toute la population visée, il faudrait un budget global de 5 millions d’euros. La Région est prête à débourser un à deux millions.
Le système est vertueux, assure Sandrine Derville :
Les chèques tourisme seront valables six mois.Un euro investi dans le tourisme social et solidaire génère 8 euros.
Sandrine Souan, qui affiche complet cet été, reste optimiste :
En mai, on se remet en route. J’espère sauver le mois de juin. On mise tout sur l’arrière saison qui, sur le Bassin, est magnifique. On a fermé la piscine en novembre ces trois dernières années. Les gens qui n’auront pas pu profiter des ponts de mai pourraient reporter leur envie de venir en fin de saison.