L'album "Horizons" de l'ancien leader du groupe Noir Désir sort ce lundi. Un premier album du groupe Détroit, pour lequel Bertrand Cantat collabore avec le bassiste Pascal Humbert.
Bertrand Cantat publie ce lundi 18 novembre, son premier album depuis la mort de Marie Trintignant, un disque très personnel et forcément sujet à interprétation, dont l'écoute s'avère parfois dérangeante.
Dans ce contexte, difficile d'écouter le disque sans que chaque mot de Bertrand Cantat soit sujet à interprétation, d'autant que le chanteur signe toutes les chansons d'Horizons" à l'exception de la dernière. Une reprise d'"Avec le temps", de Léo Ferré.
La plupart des titres sont de poétiques réflexions souvent teintées de désespoir, qui témoignent du talent d'auteur intact de Bertrand Cantat,
à l'image du premier extrait, la valse décharnée "Droit dans le soleil". Mais deux textes écrits à la première personne, "Ange de désolation" et "Horizon",
sont plus explicites.
Nichés au coeur du disque, entre deux interludes musicaux, ils reprennent les thèmes évoqués par Bertrand Cantat dans son interview aux Inrockuptibles: son amour pour Marie Trintignant, la perte qu'il ressent, ses idées suicidaires, la prison, son dégoût pour les médias. Sur des arrangements dépouillés, Bertrand Cantat chuchote à l'oreille de l'auditeur, pris à témoin pour entendre sa version de l'histoire.
Une écoute dérangeante, voire éprouvante
##fr3r_https_disabled##"Dors mon ange de désolation !" "Dors mon ange de désolation, rien ne pourra jamais nous enlever nos frissons", chante-t-il sur "Ange de désolation", évocation d'un amour défunt.
Musicalement, Détroit reprend les choses là où les avaient laissées Noir Désir avec "Des Visages, des figures", publié en 2001. Ce dernier disque marquait un tournant dans la carrière du groupe, qui commençait à tourner son regard vers un univers plus large que le rock.
Dépouillé mais très délicatement orchestré, "Horizons" s'aventure du côté du folk, en mettent en valeur la voix éraillée de Cantat, intègre des boucles électro, évoque la transe orientale.
Sur "Le creux de ta main" et "Sa majesté" - féroce critique sociétale - Bertrand Cantat efface les dix dernières années, en retrouvant l'urgence rock et une certaine légèreté dans l'interprétation.
Mais parce qu'elles sont en anglais, ce sont "Glimmer in your eyes" et "Null and Void" qui se détachent. Rappelant fortement l'univers folk-rock de 16 Horsepower - l'ancien groupe de Pascal Humbert -, les deux titres sont ceux sur lesquels Cantat semble chanter le plus facilement. Comme libéré du poids des mots.
Bertrand Cantat devrait se produire sur la scène du Krakatoa de Mérignac en mai prochain