Et si les maires pouvaient réguler l’accessibilité des sites naturels d’exception envahis par le tourisme de masse ?
Le texte a été adopté au Sénat par tous les groupes politiques : une victoire pour le sénateur Jérémy Bignon, élu de la baie de Somme.
En Gironde, la dune du Pilat, à La-Teste-de-Buch est l’exemple type. Elle est devenue l'un des sites les plus visités en France. Le chiffre est vertigineux. Au fil des années, la fréquentation n’a cessé de croître pour atteindre 16 000 visiteurs par jour l’été, deux millions de visiteurs par an.
Or la Dune du Pilat, la plus haute dune d’Europe avec 106,6 mètres, 2,7 km de long, 500 m de large, est composée de sable des landes et dunaire et fait partie d’un écosystème complexe, difficile à préserver, face au flux touristique.
Le maire de la Teste de Buch a donc s’il le souhaite à disposition un nouvel arsenal juridique pour préserver son site et éviter les préjudices économiques pour sa commune.Nous réfléchissons à cette problématique depuis deux ans. Nous cherchons des solutions au travers du stationnement, mais aussi de la façon d'accueillir les visiteurs.
Jean-Jacques Eroles, maire de La-Teste-de-Buch
Nous n'avons cependant pas attendu cette loi pour agir, mais il est vrai, que si cette loi octroie plus de pouvoir aux maires, elle pourra être un outil supplémentaire.
Jean-Jacques Eroles, maire de La-Teste-de-Buch
Que prévoit ce projet de loi ?
Il s’agit de donner aux maires un pouvoir de police spéciale élargi pour réguler les flux de personnes. Le dispositif s’appuie sur le code général des collectivités territoriales. Les mairies ont un pouvoir par exemple pour les 4 / 4 qui dégradent les sites protégés."S'il est difficile de réguler le flux de touristes, nous avons déjà mis en place une application, ainsi que des panneaux d'information prévenant des pics de fréquentation de la dune. Nous voulons diffuser ces touristes tout au long de la journée, grâce à des visites thématiques", détaille Jean-Jacques Eroles, le maire de La-Teste-de-Buch.
Ils auront de nouveaux moyens juridiques pour réguler les flux de personnes en concertation avec leurs partenaires. Le sénateur Jérôme Bignon en est convaincu : "Besoin de consommer, narcissisme, dictature de la visite unique pour un selfie sont nuisibles aux écosystèmes. Ces comportements irresponsables de l’homme abîment les espaces fragiles…"
Jérôme Bignon dispose en la matière d’une véritable expertise en tant qu'ancien président du Conservatoire du littoral, membre de l’agence des aires marines protégées et membre de l’agence française pour la biodiversité).
Le sénateur socialiste de Gironde Hervé Gillé a soutenu activement ce projet :Il y a eu une époque où nous courions après le tourisme… sauf que les hyper-fréquentations ne peuvent plus être d’actualité.
Jérôme Bignon - sénateur de la Somme -
Cet outil est indispensable pour le fonctionnement de nos territoires. On assiste aujourd’hui à la création de spots touristiques qui subissent des pressions environnementales importantes alors que ce sont des sites sensibles.
Hervé Gillé - sénateur de la Gironde -
Après le succès remporté par ce texte au sénat, les députés réserveront sans nul doute le meilleur accueil à ce texte qui sera voté dès 2020.