Depuis six ans, Christian, comme des millions de Français, est aidant. A 68 ans, il accompagne sa compagne, victime de la maladie d'Alzheimer. Du matin au soir, le retraité s'occupe sans relâche de Christine, la femme de sa vie.
Ce couple de retraités vit ensemble depuis une cinquantaine d'années. Leur destin bascule il y a six ans quand la maladie d'Alzheimer touche Christine.
Depuis son autonomie se réduit. Aujourd'hui, elle ne parle presque plus, elle a besoin de son mari pour se déplacer.
"Il n'y a plus de conversation. Il faut arriver à comprendre et à savoir ce dont elle a besoin. C'est à moi de définir cela, c'est difficile", reconnaît Christian.
Il est, depuis plusieurs années, son aidant. Il s'occupe d'elle du "matin au soir". L'homme de 68 ans l'aide à se déplacer, la fait manger, il est présent 24h sur 24 pour elle. "Je ne vais pas la mettre dans un Ehpad, ça serait l'abandonner. C'est foutre tout le restant de ma vie en l'air"
"Ça fait longtemps que je n'ai pas fait quelque chose pour moi"
Son quotidien se fait au rythme de sa femme : "c'est elle qui guide mes journées. Parfois je travaille un peu, elle a besoin de moi alors je viens à côté d'elle pendant une à deux heures".
Christian n'a aucun répit. Il fait tout pour le bien-être de Christine, l'amour de sa vie. "Ça fait longtemps que je n'ai pas fait quelque chose pour moi. Heureusement nos enfants sont proches de nous."
Le baluchonnage, un moment de répit
Régulièrement, Christian va au centre de ressources pour aidants Simone de Beauvoir à Saint-Médard-en-Jalles.
L'occasion pour lui de rencontrer d'autres aidants, d'échanger avec eux, de s'évader de son quotidien notamment par une séance photo ce jeudi pour la 13e édition de la journée nationale des aidants.
"On pense un peu plus à soi, ça me fait vraiment du bien", reconnaît-il. Cette pratique permet à l'aidant de bénéficier d'un relais par un professionnel, à son domicile.
"C'est l'occasion de proposer aux aidants un temps de répit, le week-end par exemple pour qu'il puisse voir et faire autre chose. Ne pas rester isolé pour un aidant, c'est primordial", souligne Chloé Bonato, coordinatrice du centre des ressources pour aidants Simone de Beauvoir.
De plus en plus d'aidants
Aujourd'hui, la France compte entre 8,3 millions, selon l'association française des aidants, et 11 millions d'aidants, d'après l'OCIRP, acteur de la protection sociale.
Dans les prochaines années, avec notamment le vieillissement d'une grande partie de la population française, ce chiffre devrait exploser. "On estime que les aidants vont représenter les deux tiers de la population d'ici 2030", avance Maryse Montangon, présidente de la Fédération Nationale des aidants et accueillants familiaux.
Ce statut peu valorisé va-t-il évoluer ?
Le statut d'aidant est encore, en 2022, peu valorisé. Certains bénéficient d'un congé "proche aidant", avec une indemnité journalière de 58 euros.
"Il y a beaucoup d'aidants qui sont dans des situations complexes, qui travaillent encore, qui doivent se partager entre vie professionnelle, familiale et leur vie d'aidant. Il y a nécessairement une réduction du temps de travail et financièrement ça devient compliqué, une aide de l'Etat peut-être une solution", reconnaît Chloé Bonato.
Quelle forme prendrait cette éventuelle aide de l'Etat ? Les aidants peuvent-ils devenir une priorité sociale face à l'augmentation de leur nombre ?
De nombreuses associations et organismes se mobilisent pour leur venir en aide partout en France et dans notre région.
C'est le cas de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie du Lot-et-Garonne. Elle vient de lancer un appel à projet destiné à soutenir les associations du département qui portent des actions en soutien aux aidants familiaux.
Car aujourd'hui et encore plus demain, les aidants familiaux ont besoin d'être appuyés, conseillés pour leur santé physique et mentale. En moyenne, 30% des aidants décèdent avant la personne accompagnée.