TEMOIGNAGES : le Bordelais et Michel Hidalgo, toute une histoire et des souvenirs

Depuis l'annonce jeudi de la disparition de l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de football à 87 ans, les hommages se multiplient. Notamment de la part des anciens internationaux bordelais, dont il était très proche. Une histoire bordelaise particulière.

C'est par un SMS de Jean Tigana, son ancien coéquipier aux Girondins et en équipe de France que Marius Trésor a appris jeudi en début d'après-midi la disparition de celui qui était bien plus que son sélectionneur en Bleu de 1976 à 1984.
Entre l'Antillais et l'ancienne gloire du grand Reims des années cinquante, une belle et longue histoire d'hommes simples.
 

Marius Trésor "très triste"


L'un des plus grands défenseurs du football français, soixante-cinq sélections, a le coeur gros.

Nos liens étaient très forts. Je suis très triste. C'était un grand petit homme.

Au-delà du respect éternel entre un joueur et son coach, il y a plus que les mots, les gestes. Et Marius n'oubliera jamais que Michel Hidalgo en avait fait son capitaine en 1976, devenant ainsi le premier joueur d'Outre-Mer à porter le brassard en équipe de France. Un acte fort qui les unira pour la vie, et sûrement au-delà.
Michel Hidalgo et Marius Trésor c'est aussi la formidable épopée de la coupe du monde 1982 en Espagne.
 

Séville, le pire souvenir 


La France, portée par un jeu offensif flamboyant, éblouit la planète. 
Pour la première fois depuis 1958, elle se hisse en demi-finale. La suite appartient à l'histoire. Les Bleus mènent 3-1 en prolongations contre les champions d'Europe en titre, grâce notamment à deux buts des Girondins Marius Trésor et Alain Giresse, avant d'être éliminés aux tirs aux buts. C'est le souvenir le plus douloureux du football français. "Joueurs, coach, on était tous effondrés" dira ensuite le grand Marius.
 
 

Giresse, le joueur d'Hidalgo


Il était aussi du cauchemar en Andalousie. Mais pas seulement. Alors que Marius Trésor est blessé et quitte les Bleus, Alain Giresse sera de la campagne victorieuse de l'Euro 1984, avec Michel Hidalgo sur le banc.

C'est le premier titre du football français. Michel Hidalgo a montré la voie aux générations Zidane et Pogba bien plus tard.
Mais pour Alain Giresse, le plus grand joueur de toute l'histoire des Girondins de Bordeaux, le souvenir est encore plus fort. Car c'est Michel Hidalgo qui avait tenu à l'associer à Michel Platini aux commandes du jeu, deux ans plus tôt, contre l'avis général. Coup tactique génial du coach qui permit à "Gigi" de révéler son immense talent à toute la planète.

Il m'appelait son joueur, se souvient-il. Il avait su mettre en place une équipe capable de gagner. Notre lien était très fort.


Marius Trésor, Alain Giresse, chouchous du sélectionneur. Mais Michel Hidalgo, qui plaçait les relations humaines au dessus de tout, les a tous aimés.
Notamment les autres Bordelais qui ont représenté leur pays sous sa direction : Jean Tigana, Bernard Lacombe, Patrick Battiston, Thierry Tusseau, François Bracci, Gérard Soler et René Girard.
Mais ses liens avec Bordeaux et la Gironde dépassaient le cadre du football.  

Tentative d'enlèvement dans le Blayais 


A la fin des années soixante-dix, Michel Hidalgo habite avec ses proches à Saint-Savin-de-Blaye dans le nord de la Gironde.
Au printemps 1978, il se repose en famille avant le départ de l'équipe de France en Argentine pour la coupe du monde. Le 23 mai, il quitte alors son domicile en voiture avec son épouse, direction la gare Saint-Jean à Bordeaux, première étape du voyage en Amérique du Sud.

Soudain à Cézac, le couple Hidalgo est dépassé par un véhicule qui le contraint à s'arrêter. Trois hommes, parlant espagnol, descendent et sous la menace d'une arme obligent le sélectionneur tricolore à les suivre dans un  bois voisin. Mais heureusement une autre voiture passe et Michel Hidalgo profite d'un instant d'inattention pour désarmer l'homme qui le mettait en joue. Puis ses agresseurs s'enfuient devant l'arrivée de nouveaux passants.

Remis de ses émotions, le sélectionneur partira bien en Argentine le lendemain pour sa première campagne sur le banc de l'équipe de France. Il ne saura que plus tard que l'arme n'était pas chargée. Après avoir penché pour un mauvais canular, les enquêteurs ont privilégié la piste politique d'opposants argentins. Ils auraient ainsi voulu protester contre l'organisation du mondial dans leur pays, dirigé par  la junte militaire de Videla, au pouvoir à l'époque à Buenos Aires.

Mais les ravisseurs n'ont jamais été identifiés et retrouvés.
Une histoire extraordinaire, à l'image du souvenir unanime laissé par le "grand petit homme" dans le Bordelais et partout ailleurs. 




 
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