Vivre sur Mars sans jamais revenir sur Terre ? Le projet est réel, un bordelais est candidat

Il s'agit du projet Mars One. Né dans la tête d'un ingénieur hollandais il y a quelques années. 24 personnes seront envoyées sur la planète rouge entre 2025 et 2038 pour y créer une colonie permanente. Sur les 200 000 candidats au départ, 100 ont réussi les 2 premières sélections, dont un girondin. 

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Jérémy Saget est très demandé depuis que la liste des 100 a été publiée, lundi dernier. "J'ai une tonne de sollicitations" dit-il et un métier très prenant : médecin généraliste. 

Pour répondre aux sollicitations de la presse, il envoie une interview réalisée par les acteurs du projet Mars One, par courriel (à lire ci-dessous), et une photo.

Car son projet est tout bonnement incroyable. Marié et père de deux enfants, médecin spécialisé dans les vols paraboliques,au sein de Novespace, filiale du CNES à Mérignac, petit-fils d'un pilote de chasse déjà candidat à l'aventure spatiale, il est prêt à partir s'installer sur Mars sans aucun espoir de retour sur Terre.

Jérémy Saget a réussi les deux premières étapes de la sélection. Il lui en reste une, la dernière, axée sur ses capacités à vivre en communauté. 

S'il est retenu, il le saura au mois de juillet, il commencera les séances d'entraînement inhérentes au projet avec les 23 autres personnes sélectionnées pour le programme. 12 hommes et 12 femmes au total.

Ces candidats à la vie sur Mars seront séparés en 6 groupes de 4 personnes. Le premier groupe partira à l'horizon 2025, le dernier en 2038. Si tout va bien.

Car si le projet est bien réel, nombreux sont les sceptiques qui pointent du doigt le coût financier, évalué à 6 milliards de dollars pour la première phase mais certainement sous-estimé.

Ils se demandent aussi comment ces humains pourront vivre en autonomie, dans de petits modules. Ils devront trouver de l'eau, produire leur oxygène, cultiver leur nourriture... sur le grand désert martien où la température moyenne est de - 63° et où l'atmosphère est essentiellement constituée de dioxyde de carbone.

Par ailleurs, il faudra survivre aux 7 mois de voyage soumis à des radiations cosmiques qualifiées de dangereuses.

Mais pour les auteurs du projet comme pour les candidats au départ, le rêve est plus fort que la réalité.



L'interview de Jérémy Saget réalisée par Mars One Project




Sa réaction après la sélection et la réaction de ses proches

C’est en effet la concrétisation d’un rêve, lorsque le rêve se frotte à la réalité. Je vibre et ressent comme une réduction de paquet d’ondes… Je suis persuadé que le futur se tient, là, parmi nos songes, et que certains valent plus que la peine d’être vécus, ceux, sincères et récurrents, qui ont du sens. Mes proches me connaissent par cœur, cela fait 17 ans que je m’enthousiasme. Le premier texto que j’ai reçu, c’est « bravo, l’apesanteur, la solution aux pieds plats ». C’est vrai que j’ai les pieds un peu martiens.

Ses motivations pour ce voyage sans retour

Lorsque j’avais 2 ans, j’affirmais vouloir être « savant », la soif de connaître sans doute. Ensuite j’ai voulu être cascadeur, et à 5 ans je trouvais qu’astronaute était une belle synthèse de vocation ! Puis j’y suis toujours revenu, mais il y a des métiers qui ne paraissent réalistes qu’à des idéalistes comme moi. Sans doute un grand-père pilote de chasse, formés aux états-unis et lui-même candidat astronaute à la fin des années 60’ a eu une petite influence… A 20 ans, à l’occasion de la mission Mars Pathfinder, je suis tombé sur un article sur la future mission habitée vers mars, projetée à cette époque à 2020 (depuis von Braun, on prévoit une mission habitée « dans 30 ans ») et j’ai alors compris que notre génération, pour la première fois de l’humanité (!), verrai l’homme sur Mars, le spatiopithèque, le début de l’homme universel, une espèce multi-planétaire quoi. Un peu comme une révélation, une prise de conscience à la « overview effect » décrit par les atsronautes. J’ai promis de m’y consacrer d’une manière ou d’une autre, de vivre cela de près, un peu moins de 1m90 si c’est possible !

Il s’agit quand même de passer d’un monde fermé, fini en apparence, à un monde ouvert, infini. Sortir du berceau. C’est la nature de l’homme d’explorer, se dépasser, s’aventurer. C’est un destin collectif et je pense qu’il faut inspirer les nouvelles générations, réenchanter le monde.




J’ai développé une foi dans ce projet, parce que c’est cohérent avec ma vision, une convergence de mes passions pour la science, la technologie, l’humanité. Et j’en accepte tous les paradoxes.

L'entretien de sélection

Nous étions soumis à une clause de confidentialité, pour les sélections futures. Mais il s’agissait s’affiner le profil psychologique et les motivations du candidat, d’évaluer les connaissances sur la planète Mars, les technologies spatiales, le projet Mars One lui-même sur un plan très technique, de tester la pertinence, l’adaptabilité, la résistance au stress du candidat. 

Pourquoi as t-il été choisi lui ?

Je pense qu’être médecin aérospatial en ce qui me concerne a joué largement en ma faveur, mais ce n’est pas la bagage qui prévaut, d’ailleurs il faut voyager léger…
En somme, il est plus aisé d’exclure-« select out » que d’inclure-« select in » sur la base de certains critères. J’ai donc sans doute évité le couperet sur différents aspects cruciaux.
Bref, s’attendre à l’inattendu, rester soi-même, se connaître et vibrer d’une passion sincère. Je suis resté surtout loyal à ce que je sais de moi.
Il faut, à mon avis, penser qu’on peut changer le monde, un peu, sans naïveté, avoir confiance, vouloir se dépasser, avoir le goût les défis, le sens de l’engagement.

La suite du processus ? Date et lieu de l’entraînement physique ?

Le défi principal est d’ordre psychologique. Le Dr Kraft, qui a une grande expérience en matière de missions en conditions extrêmes d’isolement, a donc listé un certain nombre de critères psychologiques.
Mais il s’agit de sélectionner les bons groupes, avec les bonnes dynamiques inter-individuelles, mutli-culturelles. Ce sont les défis des prochains rounds. Profils psychologiques poussés, challenges en groupe, puis simulations avec déclinaisons de bases martiennes depuis la version alpha, encore accessible et peu contraignante pour l’entraînement précoce jusqu’aux simulations reproduisant au mieux sur Terre les conditions martiennes, dans les années à venir. Pas de précision sur les dates et les lieux pour l’instant. Processus incrémental et heuristique. A contre-courant comme tous les changements de paradigmes et les coups de génie...

 

Contacts avec les autres candidats ?

Je n’ai jusqu’à présent que des contacts via les réseaux sociaux, j'ai donc tout plein d'amis... J’ai en fait hâte de retrouver bientôt la fine équipe pour partager plus encore que cette originale passion commune, du spatial au moins spacieux, et pour voir comment ça mars entre nous.

 

Ses plus grandes craintes

Ce que je pourrais craindre d’abord, c’est l’incompréhension de celui qui juge sans connaître…


C’est ensuite à nous de démontrer que, bien loin de la télé-réalité telle que nous la connaissons aujourd’hui [pour financer le projet, Endemol Production propose de filmer le quotidien sur Mars dans un émission de Télé-réalité] qui n’a rien de « réél », s’agissant de mises en scènes assez vides de sens, il est possible de médiatiser une réalité inspirante où convergent aventures humaines, sciences, technologies, créativité, solidarité, effort collectif. Les évènements médiatiques globaux positifs représentent certainement une synchronisation à valeur ajoutée, et j'ai bien espoir que les yeux des jeunes générations pétillent plus par le reflet des étoiles que ceux des paillettes.
La formation et l’entraînement, en ce qui me concerne, c’est vraiment la partie sympa de l’aventure, je suis un éternel curieux étudiant, c’est vraiment mon truc.
Ce que je crains le plus en effet, en pleine conscience, c’est le voyage vers Mars, avec mention spéciale pour l’EDL (« 8 minutes de terreur »), puis la vie sur place ISRU, avec tous ces défis inédits qui nous attendent, avec cette « pale blue dot » dans le ciel rouge et poussiéreux, c’est un peu le paradoxe du frisson, vous ne trouvez-pas ? Là où j’irai, je serai.


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