5 ans après le démarrage du projet par des anciens cadres d'Aubade, les ateliers poursuivent leur activité. 24 employés aujourd'hui, une santé économique toujours fragile mais de bonnes raisons d'espérer. Le "Made In France" a de plus en plus la cote.
Cette entreprise, c’est une aventure née d’une blessure. Après avoir fait travailler jusqu’à 400 personnes dans la Vienne (à la Trimouille, et à Saint-Savin), Aubade licencie ses dernières ouvrières françaises, en 2009, pour établir toute la fabrication à l’étranger, essentiellement en Tunisie.
D’abord construite autour d’un noyau de 3 personnes, la marque Indiscrète réembauche une partie des petites mains dédaignées par ce poids-lourd de la lingerie haut de gamme. Ils sont 24 salariés aujourd’hui, dont une vingtaine de couturières, et 110 conseillères, tous gardiens de ce savoir-faire.
Le label Entreprise du Patrimoine Vivant
La fabrication française est un combat. De cela, Didier, le gérant et commercial, co-fondateur d’Indiscrète, est convaincu. A l’époque d’Aubade, il était le « patron » de l’usine de Saint-Savin, mais ce plan social lui faisait mal au ventre autant qu’aux ouvrières. 5 ans après, Indiscrète reste très fragile, chacun touche le même salaire à la fin du mois, le minimum légal, pas plus. En 2015, pas de colis de Noël, les attentats de janvier ont mis une sacrée claque aux ventes à domicile, 100 000 € de pertes qui ne seront pas rattrapés.A la recherche urgente de l’équilibre qui lui évitera de licencier, il ouvre les ateliers aux donneurs d’ordre et décroche deux marchés prometteurs : la première ligne lingerie d’une maison de haute couture… et toute la fabrication d’une marque de maillot de bains. Ces contrats sont confidentiels pour l’instant, mais grâce à eux, les banques suivent. Survivre dans la lingerie 100% française ne tient qu’à un fil… Chez Indiscrète, 50% du prix de vente est consacré à la main d’œuvre, chez les concurrents, c'est 5%. Le fabriquant de Chauvigny bénéficie du label patrimoine vivant.
Bientôt une boutique en ligne
Jusque là basée uniquement sur le modèle de la vente à domicile, l'entreprise est en train d'ajouter une boutique en ligne à son site internet. C'est un moyen de toucher une clientèle plus jeune, plus urbaine. Mais la primeur (et l'intégralité) des collections est toujours réservée aux conseillères. La "Demoiselle" la plus proche sera d'ailleurs mentionnée comme interlocutrice pour l'acheteuse. Nous avons suivi l'une de ces vendeuses.Mère célibataire, Ophélie Antigny est secrétaire chez les pompiers. Elle doit jongler avec son agenda mais tient beaucoup à ces ventes à domicile, revenus complémentaires mais aussi moments privilégiés avec des femmes de tous milieux. En amoureuse de la lingerie et familière du monde de la confection, elle est de l’aventure depuis le début, motivée aussi par le sentiment d’être utile, de défendre un savoir-faire.
Ce reportage est un aperçu du travail de notre équipe... Nous avons réalisé un magazine économique de 7 minutes (et 20 secondes) pour In Situ le nouveau rendez-vous des rédactions régionales de France 3. Ce deuxième numéro est consacré aux business de l'amour. Diffusion mercredi 9 mars à 23h15 sur France 3. L'occasion d'un gros plan sur l'un des très rares fabricants de lingerie 100% française.