La transition numérique touche de plein fouet le secteur bancaire. Nos banques évoluent et le réseau des agences dans les petites communes se réduit. Après la fermeture et le maintien des distributeurs automatiques, puis leur suppression, un autre modèle de collaborateur bancaire émerge.
Quel avenir pour les agences bancaires ?En ville, et surtout en milieu rural, les banques n’auront peut-être plus, dans l’avenir, de raison d’être... faute de clients. Un boulversement qu’on doit au numérique bien sûr. Une évolution que le milieu bancaire anticipe depuis déjà plusieurs années.
Les banques en ligne, lancées souvent d’ailleurs par les enseignes traditionnelles elles-mêmes, ont changé notre relation avec notre banquier. Avec cet accès 24h/24 7j/7, on veut que ce soit simple et rapide. La Loi Macron de 2017 a également accéléré l’infidélité à sa banque, en facilitant le changement d’établissement bancaire. Les plateformes de conseillers par téléphone ont pris leur place dans le paysage bancaire. Quant au réseau physique, celui des agences ayant pignon sur rue en ville ou en milieu rural, il se résorbe. Il doit donc se transformer pour résister.
Un tout autre modèle se dessine aujourd’hui
Le premier changement vise l’apparence. La Banque Tarneaud par exemple, fondée en 1809 à Limoges et parmi les plus anciennes des banques françaises à vocation régionale, réaménage actuellement les 1000m2 de son siège social à Limoges. L'ouverture de ces tous nouveaux bureaux est prévue fin mars. Dans le nouveau concept, c'en est fini des bureaux personnalisés pour les collaborateurs. Place au nomadisme. 1 ordinateur - un poste de travail qui change chaque jour : ici, un salon pour le collaborateur quand il est en clientèle, ici un coin de table quand il est en étude. Le tout dans un espace de vie et de travail ouvert. Un espace est également mis à la disposition des clients professionnels et des partenaires, pour qu'ils se rencontrent, échangent et participent à des ateliers et des conférences.
Un nouveau modèle que va également adopter le Crédit Agricole dans son futur siège social aux Casseaux à Limoges.
Une offre de services élargie
Les banques doivent aussi diversifier leur offre de services. Elles doivent voir plus grand, plus loin. D'autant que des acteurs non bancaires ont désormais accès aux comptes de clients consentants pour réaliser directement des opérations financières.
Mais c’est toute une économie sociale qui bascule, avec un nouveau modèle social. Une ubérisation se généralise et commence à toucher l’économie toute entière dans un nouveau mode de fonctionnement, en contournant les règles traditionnelles. La Caisse d’Epargne se lance par exemple dans un nouveau statut de collaborateur. Une expérimentation inédite en France. Fini le CDI - le contrat à durée indéterminée - et la sérénité qui va avec ce statut. Bienvenue au statut d’indépendant. La banque devient la cliente du collaborateur, avec une relation exclusive. Il fournit une prestation de service, donc commerciale.
L’argument ? maintenir les agences en milieu rural
Ces conseillers auront mission de redynamiser des agences en perte de vitesse, notamment en milieu rural, quitte à lui faire assumer de lourds travaux. Pour la Caisse d'Epargne, il s'agit dans un premier temps de tester le modèle avec des salariés volontaires, dans un souci d'identifier une autre relation entre le collaborateur et la banque. La banque annonce d'ailleur un nouveau métier, avec une formation spécifique.
Impensable pour les syndicats qui craignent des licenciements ou des pressions sur les salariés pour changer de statut. Ils dénoncent surtout une volonté de se décharge de tous les frais liés à l'exploitation de l'agence et d’échapper aux cotisations sociales, ainsi qu'au cadre du droit du travail.
Le dossier est en cours d'instruction auprès du régulateur bancaire, qui doit encore donner son aval.