À l’examen des chiffres du dernier recensement qui porte sur la période de 2014 à 2020 et qui viennent d'être publiés par l’INSEE, le Limousin a perdu 11 000 habitants. Et parmi les communes qui connaissent le plus grand déficit, il y a Bellac en Haute-Vienne. Pourquoi cette érosion démographique ? Enquête.
Quand on arrive par la route de Limoges, on aperçoit, perchée tout en haut de Bellac, son église du 12ᵉ siècle. En s’approchant davantage, on passe devant sa médiathèque, son cinéma, ses rues piétonnes. Et au premier abord, le décor ne manque pas d'atouts. La ville a un charme qui donne envie d’y rester, d’y rencontrer ses habitants qu’on appelle les Bellachons. Et pourtant, la population continue de baisser.
« Ce que je constate », confie Cécilia Magalhesse, une Bellachonne croisée dans les rues de la ville ce jour-là, « c’est qu’il n’y a pas de travail. Il y a beaucoup de boutiques fermées, mais la ville reste encore agréable et calme »
De 2014 à 2020, Bellac a perdu près de 500 habitants. -12,1%, c'est-à-dire une perte de 498 habitants en 6 ans précisément. Et cela en partie à cause de la disparition des services publics dans la commune.
« Bellac était surtout une ville de fonctionnaires », explique Claude Peyronnet, actuel maire de la commune rurale du nord de la Haute-Vienne. Il attaque bille en tête avec une charge qui ne souffre aucune contestation. « Avec la fermeture du tribunal, du service des impôts, d'EDF, de la DDT, ce sont à peu près entre 250 à 300 emplois de fonctionnaires qui sont partis et qui n’ont pas été remplacés ». Comme une manière de dire que ce sont en partie les services de l’État qui ont précipité l’érosion. Après tout, c’est mathématique.
Pour certains commerçants du centre bourg, ce phénomène s’est accéléré avec l’isolement de Bellac sur la carte routière.
« La RN 147, il faudrait la passer en deux fois deux voies », embraye Jean-Pierre Senamaud, qui tient une épicerie dans l’hyper centre. Car, croit-il, « ça permettrait à des gens qui sont très loin de venir ici, de faire construire ici, et d’habiter ici. Et puis je pense qu’il faut faire venir des entreprises, des usines, donner du travail aux gens pour qu’ils aient envie de venir et de rester. S’il n’y a pas de travail, les gens s’en vont ! », tranche-t-il avec dépit.
À deux pas de l’épicerie, Mathilde, 24 ans, est revenue dans sa commune natale après ses études. À son retour, elle a très vite constaté que le profil de la population a changé :
« Je suis revenue ici, récemment. Et depuis deux ans, j’ai vu une dégradation, la population est vieillissante, il y a eu pas mal de décès récemment », se désole Mathilde Simon qui tient le bar tabac.
Aujourd’hui, 50 % des Bellachons sont retraités. Il y a donc peu de naissances dans cette commune de 3619 habitants. Dans les prochaines années, le défi pour Bellac sera d’attirer les néo-ruraux afin de redynamiser le nord de la Haute-Vienne, particulièrement touché par cette chute démographique.