C'est sans doute l'une des conséquences les moins attendues du Brexit : la naturalisation des Britanniques pro-européens. Depuis 2016, date du référendum, les demandes ont été multipliées par 5. Exemple d'un couple d'éleveurs installés en Haute-Vienne depuis 1980.
Susan et Graham Savage ont choisi de quitter leur vie en Grande-Bretagne au début des années 80 et c'est en Limousin qu'ils décident de commencer leur nouvelle vie : ils seront éleveurs en Haute-Vienne.
Graham n'est pas fils d'agriculteur et il voulait sa propre exploitation.
Je voulais mon propre troupeau de moutons. Jacques Chirac venait d'être élu ministre de l'agriculture et c'est lui qui a ouvert les conditions d'installation aux britanniques comme aux français". On a trouvé 50ha à Montrol-Sénard. En 6 mois c'était fait, on a tout vendu en Angleterre, on parlait pas un mot de français mais on s'est débrouillé
Au lendemain du référendum, en colère et par principe, Susan a décidé de se lancer dans les formalités administratives d'une demande de naturalisation. Sa mère est suédoise et cette famille maternelle a beaucoup voyagé en Europe. Du coup, Susan a des cousins français, espagnols, anglais. La fille aînée de Susan et Graham travaille en Allemagne et a la nationalité allemande. Leurs deux autres enfants ont la double nationalité britannique, leur fils est militaire et vit à Paris. Ce sentiment européen est donc profondément en eux.
Susan et Graham regrettent que ce brexit ait divisé les britanniques en deux camps : ceux qui détestent Bruxelles et sa mainmise et ceux qui mesurent tout ce que l'Europe apporte.Avec l'Europe on est plus fort. C'est vrai qu'il y a des choses qui ne vont pas, mais il faut le dire de l'intérieur
Susan et Graham sont désormais naturalisés français. Un moment solennel qu'ils ont partagé avec 15 autres Britanniques, sur une centaine de personnes naturalisées ce jour là par décret préfectoral.