Philippe Lacroix, maire d’Oradour-Sur-Glane, et Benoît Sadry, président de l’association des martyrs, sont très inquiets pour l’avenir des ruines du village. Ils l’ont fait savoir le lundi 13 mars 2023 à des conseillers du président de la République lors d’une réunion à L’Élysée.
Benoît Sadry, président de l’association nationale des martyrs d’Oradour-Sur-Glane, n’y va pas par quatre chemins : "Nous avons décidé de taper au plus haut niveau de l’État".
Le lundi 13 mars 2023, en compagnie de Philippe Lacroix, maire d’Oradour-Sur-Glane, il s’est rendu à l’Élysée pour y rencontrer trois conseillers du président de la République. Le premier est en charge du patrimoine, le second s’occupe du territoire, et le troisième gère les cérémonies.
Le 28 avril 2017, Robert Hébras, a fait promettre au candidat Macron de continuer de conserver le village de son enfance en l’état. Quelques jours seulement après la disparition du dernier survivant du massacre d’Oradour, les inquiétudes sont nombreuses.
On est à un tournant dans la conservation des ruines.
Benoît Sadry, président de l’association nationale des martyrs d’Oradour-Sur-Glane.
Urgence absolue
En 1945, le général de Gaulle a décrété que le village martyr d’Oradour devait être conservé. Il est depuis devenu un monument historique entretenu par l’État.
Les travaux de consolidation de l’Église, où furent assassinés les femmes et les enfants, sont en cours.
Mais Benoit Sadry averti : "les familles de martyrs souhaitent une conservation intégrale du village, sans quoi on ne comprendra plus le massacre de masse qui a eu lieu ici. Or, on constate que des pans entiers de murs peuvent tomber du jour au lendemain. Il faut une décision urgente, dans les 10 ou 15 mois qui viennent, d’où la nécessité de solliciter directement l’Élysée".
Reportage de la rédaction nationale de France 3 diffusé le 6 mars 2023
Le rapport « secret » du ministère de la Culture
Le président de l’association des martyrs évoque une mission d’inspection du ministère de la Culture, réalisée entre février et mars 2021 : "On a contribué à ce rapport. Depuis, on n'a plus aucune nouvelle. Mais on sait qu’il passe de mains en mains au ministère. Et à plusieurs reprises, on nous a demandé s’il serait acceptable de conserver juste le parcours principal de la visite, et pas trop le reste".
Cette idée est inaudible pour les familles des martyrs.
Contrepropositions
Lundi, les 3 conseillers du président de la République auraient écouté attentivement le maire d’Oradour et le président de l’association des martyrs.
La discussion a été fructueuse, et on sait que le président de la République porte une attention particulière à Oradour. Il y aura un retour. C’est certain.
Benoît Sadry, président de l’association nationale des martyrs d’Oradour-Sur-Glane.
Benoît Sadry estime qu’il existe des solutions pour soutenir les murs qui risquent de tomber. Mais cela coûte malheureusement beaucoup d’argent. Il propose de réaliser une souscription nationale, et aussi de faire appel à la fondation du patrimoine.
Magazine Enquête de région de juin 2019 - Quand la mémoire s'étiole :
La doctrine actuelle de conservation
En juin 2019, Laetitia Morellet, architecte des bâtiments de France, expliquait au micro de France 3 Limousin : "Le principe qu’applique le ministère de la Culture est de conserver le lieu mémoriel. On n’est pas dans une mise en valeur culturelle (...) Ce qui est important, c’est de garder les lieux vraiment emblématiques et ensuite de conserver la lisibilité de toutes les trames des maisons qui correspondent à des familles qui vivaient là. "
Un principe qui suggère déjà que les murs intérieurs pourraient ne pas être conservés.
Le 10 juin prochain, on commémorera les 79 ans du massacre d’Oradour-Sur-Glane. Seule Camille Senon, survivante du tramway, pourra encore raconter ce qu’elle a vécu. Ceux qui ont été sous les balles des nazis ont désormais tous disparu.