Le dernier survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane est décédé samedi 11 février. Durant des décennies, il a transmis ses terribles souvenirs d'un après-midi de juin 44. Il a porté la volonté de réconciliation. France 3 Nouvelle-Aquitaine vous propose d'écouter son témoignage, recueilli lors d'un débat diffusé en 2018.
Longtemps, Robert Hébras a gardé le silence, se sentant coupable d’avoir survécu au massacre.
Puis durant des décennies, il a raconté l'effroyable destin des habitants de son village, Oradour-sur-Glane, un après-midi de juin. Blessé, rescapé, il est témoin d’un assassinat de masse.
Par la suite, il rompit ce douloureux silence. Une première fois comme témoin lors du fameux procès de Bordeaux en 1953, au cours duquel étaient jugés les SS présents à Oradour le 10 juin 1944. En 1983, il parlera de nouveau lors du procès à Berlin-Est de l'un des bourreaux d’Oradour, l’officier allemand Heinz Barth. Puis vint le temps de la réconciliation franco-allemande à partir des années 80. Tout un symbole.
Robert Hébras n'est plus là pour transmettre, il s'est éteint le 11 février 2023.
Il aura marqué les esprits de nombreux collégiens ou lycéens, les rues d’Oradour lorsqu'il s’arrêtait devant les ruines des maisons incendiées, en nommait les habitants. Il redonnait vie au village-martyr, et retraçait heure par heure la journée du 10 juin 1944.
La parole de Robert Hébras
En décembre 2018, Robert Hébras a témoigné sur le plateau de France 3. À ses côtés, Philippe Lacroix, maire d'Oradour-sur-Glace et Pascal Plas, historien.
Les trois hommes racontent cette région meurtrie, de Tulle à Argenton-sur-Creuse, où, sur le parcours de la tristement célèbre division SS Das Reich, les victimes de la cruauté furent nombreuses. "Une division d'hommes formés à la plus grande violence" comme le rappelle l'historien Pascal Plas.
“J’étais devant ma porte avec un ami, on parlait de choses et d’autres. Il était 14 heures lorsqu’on a entendu un bruit de chenille qui venait du fond du village. On a regardé et on a vu deux véhicules chenillés qui sont passés devant nous, bourrés de soldats.” détaille celui qui, à l'époque, a 19 ans.
"Pour moi, ils prenaient la direction du front de Normandie, puisque c'était quatre jours après le débarquement, je ne pensais absolument à rien.
Robert HébrasFrance 3 - émission Débadoc
Rien qui puisse laisser présager les heures qui vont suivre. Les habitants de ce petit village de Haute-Vienne n'ont pas de crainte particulière. "On n'a rien compris" déplore Robert Hébras.
"Das Reich", ces militaires d'élites, issus d'une douzaine de nationalités, sèment la terreur depuis qu'ils ont quitté leur base arrière stratégique de Montauban entre Atlantique et Méditerranée.
Le 9 juin 1944, en représailles aux actions des maquisards, 99 habitants de Tulle sont pendus, 149 sont déportés. Le même jour, 67 personnes, gendarmes, cheminots et otages, sont fusillées suite à l’attaque d’un train allemand par les Résistants. Le 10 juin 1944, Oradour-sur-Glane devient un village martyr avec 643 personnes massacrées.
Oradour aujourd'hui, ce sont 300 000 visiteurs par an " un site mémoriel majeur, on retrouve beaucoup de jeunes. La population est attachée à la conservation du village martyr" décrit le maire Philippe Lacroix.
Les obsèques de Robert Hébras sont célébrés à 9 h 30 vendredi 17 février à Oradour-sur-Glane. Un hommage national lui est rendu à partir de 14 h 30 et retransmis sur France 3. Les discours seront prononcés sur l'esplanade qui se situe entre le village martyr et le cimetière. Un moment de recueillement est prévu devant le tombeau des 643 martyrs.
Diffusion de l'hommage national sur France 3 Limousin, Poitou-Charentes et Aquitaine à partir de 15 h et pour environ deux heures.
À suivre en direct sur notre plateforme france.tv et notre site na.france3.fr.