Il était l'un des six rescapés du massacre d'Oradour-sur-Glane et le dernier survivant de cette barbarie. Robert Hébras est mort, ce samedi 11 février, à l'âge de 97 ans.

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C'est une page d'Histoire qui se tourne. Une histoire que Robert Hébras n'aura eu de cesse de raconter tout au long de sa vie.

Sa vie bascule le jour où la division Das Reich pénètre dans son village d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944. “J’étais devant ma porte avec un ami, on parlait de choses et d’autres. Il était 14 heures lorsqu’on a entendu un bruit de chenille qui venait du fond du village. On a regardé et on a vu deux véhicules chenillés qui sont passés devant nous, bourrés de soldats.”

Alors âgé de 19 ans, il se retrouve avec sa mère et ses deux sœurs sur la place du village, avant d’être séparé d’elles. Robert Hébras et une partie des hommes d’Oradour sont conduits dans une grange.

REVOIR notre entretien réalisé avec Robert Hébras - juin 2019

Je ne sais pas pourquoi je suis là

C'est en 1983, à l'occasion du procès de Heinz Barth, le bourreau d'Oradour, que Robert Hébras devient un témoin incontournable de l'histoire du village martyr. Il n'aura de cesse de raconter ce qu'il a vécu auprès des plus jeunes, comme le 10 juin 2017 lors de la visite d'Emmanuel Macron sur les lieux mêmes de la barbarie nazie.

"Les deux mitrailleuses étaient installées devant nous. Le chef a donné l'ordre de tirer. Nous étions une cinquantaine, les premiers étaient à dix mètres des armes. On est tombé les uns sur les autres. Ensuite, on nous a couverts de tout ce qui pouvait brûler et ils ont mis le feu. Quand les flammes ont commencé à m'atteindre, je n'avais plus le choix : soit je mourrai brulé vif ou je tentais de m'enfuir. Je suis sorti de dessous les morts et les mourants, les soldats n'étaient plus là. J'ai pu me réfugier dans une étable."

Le pardon

Robert Hébras ira jusqu'à s'investir dans la réconciliation en échangeant avec la jeunesse allemande… "J'ai vu des jeunes filles pleurer en écoutant mon récit. Ça m'a fait mal au cœur. Moi, je ne pleure plus. Je ne peux plus pleurer. J'ai trop pleuré."

Le 4 septembre 2013, après un moment de recueillement dans l'église d'Oradour-sur-Glane, où furent massacrés les femmes et les enfants, Robert Hébras recevra les accolades des présidents français et allemand. Le 20 septembre 2012, le survivant reçoit la médaille du mérite de la république fédérale d'Allemagne.

Le 13 novembre 2015, Robert Hébras suit en direct à la télévision les attentats de Paris. Profondément marqué, le survivant d'Oradour fera alors le parallèle entre l'église du village et la salle du Bataclan.

Passer le relais

En 2019, interrogé sur l'avenir des ruines du village martyr, Robert Hébras avait, pour la première fois, évoqué leur possible disparition. Cette question de la conservation des ruines participe en effet d'une réflexion générale autour de la transmission et des politiques mémorielles : de quelle façon perpétuer le souvenir de ces événements alors que les témoins directs de ces faits disparaissent peu à peu ? Faut-il repenser notre façon de commémorer ?

Robert Hébras, lui, avait trouvé la solution pour transmettre le devoir de mémoire aux nouvelles générations : en juin 2021, lors des 77e cérémonies, il avait annoncé passer, de son vivant, le flambeau à sa petite fille Agathe : "Je pense à l'avenir. C'est important pour ceux qui sont dans le cimetière qu'on ne les oublie pas" avait-il déclaré. Lourde charge et grosse responsabilité pour Agathe, qui n'a aujourd'hui que 29 ans. Elle va désormais devoir porter sur ses jeunes épaules le poids de la mémoire d'Oradour transmise par son grand-père.

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