Sécheresse et culture du maïs : droit d'arroser ou pas ?

Alors que le département de la Haute-Vienne est sous le coup d'un arrêté de crise renforcée depuis le 22 juillet 2019, on voit ici et là des parcelles de maïs totalement asséchées. Pourtant, quelques unes restent bien vertes. Quelle est la réglementation, y a t-il des dérogations pour l'arroser ?

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Arrosage ou irrigation du maïs : quelle est la réglementation en période de sécheresse ?

Alors que la période d'ensilage est en cours dans les trois départements limousins, les agriculteurs se plaignent de rendements moindres. La récolte se fait plus tôt que d'habitude car les pieds de maïs sont très secs. Le maïs ensilage, ou maïs fourrage, est cultivé pour alimenter les troupeaux. Il est transformé et stocké en anaérobie.

Les rendements sont naturellement meilleurs lorsque les pieds sont bien verts. On voit d'ailleurs, ici et là, quelques parcelles de maïs qui le sont.
 
© Isabelle Rio France 3 Limousin

Les agriculteurs peuvent-ils dès lors arroser ou irriguer leurs parcelles en absence de pluie ?
- La réponse est oui, tant qu'un arrêté préfectoral ne dit pas le contraire.
- La réponse est non lorsqu'un arrêté est pris par la Préfecture en période de sécheresse, ce qui est le cas depuis le 22 juillet 2019 en Haute-Vienne : il est interdit d'arroser et d'irriguer cette plante céréalière.

Un principe d'interdiction qui souffre cependant d'une exception : si l'agriculteur a une réserve d'eau autonome, déconnectée du milieu naturel. Un étang raccordé à un ruisseau ou une rivière ne peut servir de réserve d'eau.

Didier Borrel de la Direction des Territoires de la Haute-Vienne rappelle que

Seules les productions maraichères, horticoles et arboricoles peuvent être irriguées pendant cette situation de sécheresse, et seulement entre 20h et 8 du matin. La culture de maïs n'est pas une culture maraichère. Cette céréale ne doit donc être ni arrosée, ni irriguée. A moins que l'agriculteur justifie d'une réserve d'eau suffisante. Des contrôles sont régulièrement faits par la Police de l'environnement.


Le maïs, culture compatible avec le dérèglement climatique ?

Les périodes de sécheresses se multiplient et s'allongent. D'autres choix de cultures, moins gourmandes en eau, existent. Des agriculteurs en bio testent puis adoptent d'autres méthodes. Matthieu Meyzeaud est éleveur de vaches limousines à la Croisille-sur-Briance. Il alterne les parcelles pour le pâturage de ses bêtes, ce qui lui permet de prolonger l'état des prairies. Il procède également à une rotation des cultures chaque année. 

Après la moisson du blé, j'ai planté le 13 août ce mélange d'avoine rude, de colza fourragé et de navette, avec du trèfle de perse. C'est une parcelle que les animaux vont venir brouter d'ici trois semaines... On a fait ce choix car ça a des racines pivot, le but c'est de descendre le plus profond possible pour chercher l'eau, parce que les années se suivent, se ressemblent et c'est de pire en pire... derrière ça, on refera une céréale, depuis 3 ans maintenant, chose qu'on ne faisait pas avant, systématiquement derrière une culture, on sème un couvert végétal, ça permet de consommer moins de foin l'hiver

De nouvelles habitudes à prendre, ce qui est loin de s'imposer naturellement comme le reconnait Matthieu Meyzeaud. Il s'est également lancé dans la culture de lentilles sur 2500m2. Il a récolté une tonne à l'hectare.

On a déjà plein de demandes de restaurants, même de particuliers. C'est vrai que quand on voit la forêt Amazonienne qui brûle pour du soja qui va venir en complément du maïs, c'est pas la solution, même les plus sceptiques peuvent pas le nier, on est en plein dedans et tous les ans c'est pire... c'est pas évident de se remettre en cause, on est né dans les vaches ici en Limousin, c'est une passion, y a toujours un avenir mais il va falloir apprendre à se diversifier et faire autre chose à côté, donc petit à petit il faut s'y mettre


Sécheresse : maintien de l'état de crise renforcée

Le 22 juillet 2019, le Préfet de la Haute-Vienne prenait un arrêté prescrivant les mesures de restriction d'eau dans le département. Des dispositions renforcéees depuis l'arrêté du 13 Mai 2019 qui limitait ou suspendait provisoirement des usages de l'eau. Un dernier arrêté, pris le 30 août 2019, maintient toujours la Haute-Vienne en état de crise renforcée.
 

Arrêté préfectoral de maintien de l'état de crise renforcée


Seules les cultures horticoles, maraichères et arboricoles peuvent être irriguées ou arrosées, entre 20h et 8h du matin.


 
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