Vingt-et-un ans de réclusion criminelle pour la femme accusée du meurtre d'Aixe-sur-Vienne

Le verdict est tombé ce mercredi 13 mars 2019. L'accusée est condamnée à 21 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire au-delà des réquisitions du procureur. Il avait requis 20 ans. La Cour et le jury ont pris l'initiative de considérer la victime comme le "conjoint" de l'accusée.

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Le verdict est tombé. Sandrine Capdevielle est condamnée à 21 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire. C'est un an de plus que ce qu'a requis ce matin l'Avocat général. Cette année supplémentaire est justifiée par le fait que la Cour et le jury ont pris l'initiative de retenir le qualificatif de "conjoint" pour désigner la victime. Ni le juge d'instruction ni l'Avocat général ne l'avait retenu. Ce qualificatif est une circonstance aggravante.
  

Une année symbolique 


Si le Parquet général avait retenu cette qualification, Sandrine Capdevieille aurait pu encourir la réclusion criminelle à perpétuité et non pas les trente ans qu'elle encourait dans cette affaire.

Le qualificatif de "conjoint" n'a pas été retenu car comme l'a précisé ce matin l'Avocat général lui-même, il considérait Xavier Goualard comme "un simple partenaire sexuel" : les deux protagonistes n’étaient ni mariés ni concubins ni pacsés. Il n'y avait pas de communauté de vie.

Non on ne peux parler à mon sens de violences conjugales, ils avaient chacun leur domicile, la relation de quatre ans avait des épisodes de séparation.

C'est une année symbolique qu'ont décidé d'ajouter la Cour et le jury en condamnant Sandrine Capdevieille à 21 ans de réclusion criminelle.

Elle a dix jours pour faire appel. 
 

Déroulé du dernier jour de procès


Dans son réquisitoire, ce mercredi matin, l'Avocat général, Bruno Robinet, précise que s’il est aujourd’hui Avocat général, "représentant la société en toute impartialité au seul regard de la loi" il était aussi sur la scène du drame la nuit du 27-28 mai 2016 en sa qualité de Vice-Procureur de la République au TGI de Limoges. Il a une connaissance complète du dossier.

Le procureur explique ses réquisitions par :
  • un meutre caractérisé par sa violence
  • des circonstances qui ont entouré la relation et la scène de crime
  • un comportement froid, cynique et calculateur de l'accusée
  • la persistance dans l'intention d'homicide au-delà des coups portés. Elle a mis trente minutes à appeler les secours et a sous-estimé la situation lors de son appel, ce qui n'a pas permis au médecin régulateur du SAMU d'apprécier la gravité de la situation. L'homme est décédé suite aux blessures causées par des coups de couteau.

Dans son réquisitoire, Bruno Robinet, évoque les violences subies par la victime, que l'accusée a elle-même évoquée hier "il y avait eu d'autre fois". Par là, elle entend les autres fois où  Xavier Goualard a été blessé : "j’ai pensé que c’était pareil cette fois."

Jugez là (seulement) pour ce qu’elle est, jugez là (seulement) pour ce qu’elle a fait

Après le réquisitoire, c’est à Me Bertrand Villette, l’avocat de l’accusée, de prendre la parole. Il demande aux Jurés de se départir de leur ressentiment "pour faire œuvre de bonne justice."

Une défense n’a rien à gagner de la mort de la victime dans un procès, car elle est alors sacralisée, on ne peut en dire du mal ou parlé de ses faiblesses

Pour l’avocat de la défense, il n’y a pas dans cette affaire d’un côté celle qu’on décrit comme "une veuve noire" et de l’autre une "blanche colombe". 
 
Pour appuyer ses propos, Me Villette évoque un témoignage : "il (Xavier Goualard ndlr) est sorti, on ne sait pas exactement à quelle heure il est rentré. Mais on a un témoin auditif, le client de la chambre d’hôtes à l’étage. Il entend une voix forte, d’homme, et perçoit ces mots "tu veux pas me baiser."

"La dispute est brusque, brutale, confuse, rapide." Pour son avocat, Sandrine Capdevielle ne peut avoir ensuite dans son récit que des flashes des faits. Elle ne peut pas être précise et répondre avec les détails attendus : angle des coups, hauteur, distance, temps.

Me Villette réfute la thèse de l’Avocat général selon laquelle Sandrine Capdevielle aurait délibérément différé la venue des secours et minimisé la gravité des blessures de Xavier Goualard.  "Quand elle se relève après la dispute, elle voit l’assiette du cassoulet à terre. Alors oui elle nettoie, mais elle laisse des traces de sang, car elle n’a pas à ce moment-là conscience de la gravité de la situation, elle va se doucher et s’habiller pour la nuit."

La plaidoirie se termine sur ces mots adressés aux Jurés : "jugez la pour ce qu’elle est et seulement ce qu’elle est. Jugez la pour ce qu’elle a fait et seulement ce qu’elle a fait."
 

La parole à l’accusée


Sur proposition du Président, Sandrine Capdevielle prend la parole. "Je suis moi-même maman donc je comprends la peine que j’ai pu faire, particulièrement à son père. Pendant un an je n’ai pas réalisé qu’il était mort, la psychologue m’a dit que c’était un déni."

Elle poursuit "je n’ai plus voulu vivre quand j’ai réalisé. Je me suis accrochée pour mes filles (…) Oui je suis coupable d’avoir entraîné la mort de Xavier mais je ne l’ai pas voulue (...) J’ai bousillé deux familles, la mienne et la vôtre bien sûr. Je suis désolée."
 

Vidéo : récapitulatif de la matinée de procès 

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