À Peyrilhac, en Haute-Vienne, les riverains sont inquiets au sujet du projet porté par T’ Rhéa. L'enquête publique, qui doit conclure à l'autorisation de cet atelier d'engraissement, est ouverte jusqu'au 12 avril. Avec cette ferme XXL, le groupe alimentaire souhaite s'implanter durablement en Limousin.
Aux abords de la ferme de Chavaignac, les riverains rencontrés par notre équipe de reportage sont inquiets. Ils craignent que leur cadre de vie ne soit bientôt bouleversé avec ce projet. L’un d’eux, Emmanuel Evrard, regrette : "J’étais en zone verte, je pensais être en accord avec la nature et les animaux. Il n’y avait que six bâtiments (dans cette ferme, NDLR), et d’autres ont été construits deux, trois ans après mon arrivée ici."
Moi, je suis protégé par la nature pour l’instant, mais ce qui va nous déranger le plus, ça va être l’odeur et les nuisances sonores.
Frédéric AujouxRiverain de la ferme de Chavaignac
Les documents consultables en mairie
Avec ce projet, la ferme actuelle passerait d’une capacité de 700 à 3100 bovins, répartis dans les dix bâtiments existants. L’enquête publique est ouverte et les documents relatifs à l’autorisation environnementale sont consultables à la mairie de Peyrilhac : c’est un « pavé » de 1700 pages qui détaille le projet soutenu par le groupe agro-alimentaire T’Rhéa, futur repreneur et déjà implanté dans la région à Brive et Saint-Martial-le-Vieux.
Son chargé de mission pour le développement du territoire, Pascal Nowak, développe : "ce sera une production de jeunes bovins destinés à l’exportation vers l’Italie et l’Espagne, abattus sur les abattoirs de proximité (à Limoges, NDLR), une production de génisses qui feront un passage à l’herbe et finiront en bâtiment ici et une production de vaches de réforme. Le projet est construit sur 600 génisses dehors, 800 en bâtiment, et 1400 jeunes bovins en engraissement."
La stratégie de T’Rhea est d’engraisser sur place, mais les 3100 bovins ne seront pas présents en permanence dans les ateliers : ils seront mis en pâturages en rotation sur les 800 hectares de l’exploitation.
Des doutes sur le respect de l'environnement
Les riverains s’interrogent sur le respect de l’environnement de cette ferme.
Là actuellement, le fumier s’écoule dans un petit cours d’eau, qui va dans un étang, puis dans un autre, puis encore dans un autre… C’est un cercle vicieux. Les trop-pleins de la bassine vont aller dans ces étangs-là.
Frédéric AujouxRiverain de la ferme de Chavaignac
Le représentant de T’Rhéa se veut rassurant sur la question : "Le projet Terre de Chavaignac, ce n’est pas une ferme-usine. Ce sont des bâtiments d’engraissement pour finir les animaux et la valorisation d’un espace en herbe, qui le restera."
Il est hors de question de dégrader un environnement, qui est, quelque part, le porteur de projet.
Pascal NowakChargé de mission développement du territoire chez T'Rhéa
Le propriétaire actuel veut rassurer
En cédant son bien à T’Rhéa le propriétaire, bientôt retraité et sans possibilité de reprise familiale, a souhaité préserver l’activité de sa ferme. Il travaille depuis plus de vingt ans sur cette exploitation et souhaite rassurer les opposants.
Mes voisins sont mes amis, ça fait vingt ans que je travaille à côté d’eux, et je n’ai jamais eu de problème, j’ai toujours été proche d’eux. Et je vais faire tout ce qu’il faut pour T’Rhéa soit respectueux de mes voisins, et je sais qu’il le sera.
Emmanuel ThomasPropriétaire de la ferme de Chavaignac
Cet atelier d’engraissement devrait voir le jour après avoir obtenu l’autorisation environnementale. Les riverains ont jusqu’au 12 avril pour participer à l’enquête publique.