La folie des poules : attention, ce n'est pas si simple, les conseils d'un spécialiste

Le retour des poules pondeuses chez les particuliers, une mode qui prend de l'ampleur depuis quelques années. Le phénomène semble s'amplifier depuis le début du confinement. Mais attention, la poule est un animal comme les autres. Avant de vous lancer voici les conseils d'un expert : Hervé Husson.


Que vois-je, que lis-je ? Les demandes de poules pondeuses ont augmenté de manière phénoménale depuis le début du confinement! Certaines jardineries, fraîchement rouvertes parlent même d'un bond de 50% du marché de la poulette...

Ça alors ! Un animal pour lequel notre société a si peu de considération qu'elle accepte depuis des décennies que l'on broie vivants ses petits pour les offrir tous frits tous chauds aux nôtres… Qu’elle ne s’émeut pas qu’on l’élève pour sa chair et ses oeufs de manière industrielle, avec moins de soins et de bienveillance que si l’on fabriquait des cocottes en papier….

Les poules pondraient-elles désormais des oeufs d'or ?... L'oeuf serait-il devenu tellement rare que chacun décide de le produire lui même, pour voir comment ça fait ?... Ou ce confinement aurait-il fait naître chez certains de nos concitoyens des envies de nature ? De retour aux choses simples ? De retour à la vraie vie ?

Quelles que soient les raisons, la raison, justement, doit nous guider… 

Dans ce cas donc, demandons l’avis des sachants… Et en la matière s’il y en a bien un qui sait, c’est Hervé Husson. Auteur de cinq livres (éditions ULMER) consacrés aux poules et à leur univers, référence absolue dans le monde des gallinacés, il a gentiment accepté de répondre à mes questions.
 
 

Première question, et la plus importante pour beaucoup, les oeufs de mes poules seront-ils meilleurs que ceux du supermarché ?

Hervé Husson : sans aucun doute. Il n’y a qu’à les regarder. Leur coquille est bien plus dure, le blanc plus épais et le jaune plus coloré. Evidemment si on nourrit bien ses poules. Pour moi acheter des oeufs ou de la viande de poulets de batterie c’est manger du malheur, ça ne peut pas être bon.

Mes poules me permettront-elles de réduire mes déchets ?

Hervé Husson : une poule peut manger beaucoup de choses, beaucoup de restes de table donc oui bien sûr. Cependant, elles ne mangent pas non plus tout et n’importe quoi. Certaines choses ne sont pas bonnes pour elles. La nourriture industrielle, par exemple, un fois de temps en temps pas plus. Pour qu’elles mangent les épluchures, il faudra les leur couper et les faire cuire. 

L’essentiel de la nourriture de vos poules ne sera donc pas constitué de déchets… Mais bien de grains, d'herbe, d'insectes qu’elles trouveront dans votre jardin. Ce qui nous amène à la question suivante, celle de l’espace.

Une poule a-t-elle besoin d’espace?

Hervé Husson : oui ! L’idéal est de 20 mètres2 par poule. 10m2 éventuellement pour des poules de races naines. Si elles n’ont pas assez d’espace, il y aura une concurrence malsaine, les maladies et les troubles du comportement vont se développer. Si leur espace est clos et trop petit, il va vite se transformer en terre battue. Or il faut qu’elles aient toujours de l’herbe à disposition.

Et pour dormir ?

Hervé Husson : 95% des poulaillers vendus dans le commerce ne sont pas de bonne qualité, pas adaptés. Trop petits, ils sont annoncés pour le double de poules, qu’ils peuvent en réalité accueillir. Ils sont généralement mal conçus, certainement par des personnes qui n’ont jamais eu de poules et ils sont difficiles à nettoyer. L’idéal est un abri de jardin en bois, tout simple qu’on aménage. Avec des pondoirs mobiles, des perchoirs, du sable au sol. 

Demandent-elles beaucoup de temps ?

Hervé Husson : Le nettoyage peut être rapide si le poullailer est bien pensé. En revanche il faut passer du temps au quotidien avec ses poules… S’en occuper tous les jours, comme n’importe quel animal. Il ne suffit pas de nettoyer et de donner la gamelle. 

On nous fait croire depuis bien longtemps que les poules sont bêtes, vous qui les cotoyez et les étudiez depuis des années qu’en pensez vous ?

Hervé Husson : la poule n’est pas bête du tout bien au contraire ! L’arrogance de l’humain lui fait penser qu’il n’existe pas d’autre intelligence que la sienne. Or, la poule est intelligente, capable de raisonnements et d’empathie. Il faut l’observer comme on observerait un extraterrestre pour la comprendre. C’est un animal que l’on peut même facilement et rapidement dresser. 
J’ai vu une fois une nichée de très jeunes poussins qui ne parvenaient pas à avoir accès à l’abreuvoir, leur mère est allée leur chercher de l’eau et la leur a donné au goutte à goutte. Une autre, menacée par un chat, a emporté sous ses ailes tous les poussins d’une congénère pour les mettre à l’abri plus loin. Il y a une vraie mutualisation des tâches chez les poules. Elles sont capables d’apprendre juste en observant.
D'autre part chacune a sa personnalité, son caractère, toutes sont différentes.

Une poule peut-elle devenir familière ?

Hervé Husson : bien sûr! Même adoptée adulte. Il suffit de passer du temps avec elles, de les mettre en confiance. Si elles se sentent en sécurité, elles peuvent grimper sur vos genoux. Certaines apprécient les caresses.

Quelles poules choisir pour débuter ?

Hervé Husson : des poules de réforme sont parfaites pour débuter car habituées à l’homme elles deviennent vite familières.
Pas de poussin, ils sont beaucoup trop fragiles, il faut une bonne connaissance des poules pour parvenir à les élever correctement. Ils ne régulent pas seuls leur température par exemple. Et ils doivent tout apprendre, cela doit passer absolument par la communication avec leur mère… Comment gratter pour trouver des vers, ce qu’ils doivent ou ne doivent pas manger…
L’idéal est de trouver, soit des poules de réforme, soit des poules chez des particuliers passionnés par leurs animaux, qui les élèvent en liberté.
Attention avec la forte pression de la demande, les éleveurs ont tendance à produire des poules de plus en plus tôt, elles sont alors élevées sans voir l'extérieur. La bonne saison pour acheter ses poules c’est le mois de juin.

 

Dois-je obligatoirement avoir un coq ?

Hervé Husson : non pas forcément, sans coq, c’est une poule qui prendra la tête de la troupe, un matriarcat s’instaurera naturellement.

En revanche une poule ne peut pas vivre seule, il faut obligatoirement en adopter au moins deux.

Pour en savoir plus, à lire avant de vous lancer les ouvrages de Hervé Husson Chez Ulmer Editon : 

-Poule Guide Complet de l’éleveur amateur
-Petit élevage au jardin
-Ma petite basse-cour, poules, oies, canards, dindes, etc
-Guide des races de poules 130 races françaises et étrangères
-Construire un poullailler, 12 modèles à réaliser soi-même
 
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