Lancement des Ostensions limousines, 73e édition, ce dimanche 19 mars, dans l'église Saint-Michel-des-Lions à Limoges. Une fête religieuse et populaire, très ancrée dans la tradition limousine, et qui trouve ses origines bien avant l'arrivée du christianisme. VIDÉO.
On les attendait depuis 2016. Les Ostensions limousines sont uniques au monde par leur rythme septennal. Uniques aussi, car depuis 2013, elles sont inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'Unesco.
Cette 73ᵉ édition sera lancée le dimanche 19 mars. Jusqu'au 12 novembre, de nombreuses communes de Haute-Vienne, de Corrèze et de Creuse verront les processions des reliques de leurs Saints.
Une tradition bien avant le christianisme
Pour trouver les origines des ostensions, il faut remonter à la nuit des temps, estiment les historiens. Bien avant l’arrivée du christianisme, les habitants de notre région étaient attachés au culte des morts et de la nature. Peu à peu, ce culte est devenu celui des Saints.
"Lorsqu'il y avait un fléau, une épidémie, une inondation, on implorait le saint (...) pour qu'il protège les habitants, et puis aussi lorsque quelqu'un de très important venait visiter la ville, des rois, des reines... on voulait les honorer en leur montrant notre trésor, c'était la relique des Saints," explique le père Jean-Marie Mallet-Guy.
On peut entendre ce spécialiste des ostensions dans le reportage suivant, dans lequel interviennent aussi Alain Texier, membre de la confrérie de Saint-Loup et Jacques Pérot, porteur du dossier des Ostensions à l'Unesco.
Le reportage est signé Franck Petit, Nicolas Chigot et Bastien Boulesteix.
Le mal des ardents
En l’an 994, un évènement a renforcé la croyance dans les Saints. Le mal des ardents s’est propagé en Limousin à travers le pain de seigle.
Les habitants contaminés par l'ergot de seigle, un parasite dans le pain, avaient la sensation de brûler de l'intérieur, on disait alors "ardre", et leur souffrance était telle qu'ils se tordaient de douleur et donnaient l'impression de danser.
Pour conjurer cette épidémie, les fidèles ont fait appel à Saint-Martial. Ils ont sorti ses reliques pour les conduire en cortège jusqu’au point culminant de Limoges : le mont Jovis. Et l'épidémie a cessé. De quoi ancrer davantage encore la foi dans les Saints.
Au-delà de Limoges
Après 1512, les ostensions sont devenues septennales, et se sont développées au fil des siècles autour du bassin de la Vienne, et aujourd'hui bien au-delà, dans des communes dépositaires de reliques des Saints.
Chaque ostension est unique, avec des rituels différents. L'une des plus connues est celle de Saint-Junien, où les habitants reconstituent la forêt de Comodoliac, là où vivaient Saint-Junien et Saint-Amand.
Tous les sept ans, les ostensions attirent des milliers de spectateurs, venus de la région et de toute la France.