Nous nous étions rencontrés en marge du mondial de tonte de moutons au Dorat. Elle m’avait présenté son exposition et je lui avais promis un reportage ultérieur... L’heure est venue de vous parler de Charline Guillaumé, l'infirmière-photogaphe.
Signe particulier : aime prendre soin des autres. Elle est infirmière libérale et donc aussi photographe à ses heures... Perdues ? Non, pas tout à fait. Dans sa vie bien remplie, ses deux univers la nourrissent en permanence. Elle a même trouvé une formule pour l’exprimer le plus justement :
Il fallait y penser... Elle est comme ça, Charline. Elle parle avec sa tête autant qu’avec son cœur. Et sa passion pour la photographie a vraiment du sens dans sa vie d’infirmière qui court toute la journée, parcourant en moyenne 200 km à travers le canton. Elle ne marche pas sur un fil mais son équilibre est ainsi fait :Je développe le positif à partir du négatif
Comme tous ceux qui pratiquent la photo, je pose mon regard, je prends le temps et je capte des instants.
Sous l’ère du Coronavirus ou en temps normal, peu importe. Quand elle termine son travail, son appareil photo n’est jamais loin :
Parfois je vais faire un coucher de soleil, un arbre qui m’évoque quelque chose, un monument, etc. Il y a toujours la magie de la photo !
Et de préciser son propos après une longue respiration :
Comme toute passion, ça aide à tenir le cap, encore plus en ce moment...
Justement, à bientôt 41 ans, la photographe infirmière reconnaît toute l’humanité qui rejaillit en chacun de nous depuis la crise du Coronavirus et le confinement : "Il y a plein de gens qui m’ont impressionnée, plein de retours à la simplicité et aux choses essentielles. En même temps, c’est dramatique qu’il faille attendre des crises comme celle-là. Mais les gens ont leur train-train. "
Charline Guillaumé ne veut faire la leçon à quiconque. En toute humilité, elle dresse juste un constat lucide sur la situation générale qu’elle observe assidûment : "J’ai envie de dire des choses. Économiquement, ça fait mal au bide tous ces commerces à l’arrêt, ces coiffeurs, etc.… C’est grave ce qui se passe et j’ai pas envie de parler de moi, j’aimerais juste apporter un peu de bien-être aux gens. "
Pour l’instant, elle n’a pas réussi à emmêler le fil de ses deux vies en prenant des portraits de ses patients mais elle y pense. Sans doute trop de pudeur et de respect à la fois.
Pourtant, ce soir-là, elle a eu une sorte de révélation, le signe qu’elle est bien à sa place dans sa vie, sur son chemin. Après une très longue journée commencée à 4h du matin, son dernier patient lui a juste dit "merci " mais cela l’a profondément émue. En sortant de chez lui, elle a découvert ce message anonyme accroché au pare-brise de sa voiture...