Jusqu'au 19 octobre, les maisons France Services ouvrent leurs portes au public. Ces guichets émaillent le territoire et regroupent plusieurs administrations, comme les impôts, l'assurance-maladie, les allocations familiales. D'après une étude de la Cour des comptes, le dispositif est satisfaisant. Mais il peut encore se perfectionner.
Laurent Mazabraud se pose la question. Quand pourra-t-il prendre sa retraite ? Il est musicien, intermittent du spectacle, et tourne dans toute la France. "On m'a dit, va mardi à Saint-Yrieix, il y a une permanence. J'ai sauté sur l'occasion, sinon, il faut monter à Limoges." Un gain de temps et de kilomètres.
68 France Services en Limousin
La permanence de la CARSAT a lieu dans la maison France Services de Saint-Yrieix, et dorénavant, ce sera comme ça une fois par mois.
Les maisons France Services émaillent le territoire. L'objectif : apporter un service public au plus près des habitants. Dans la Haute-Vienne, elles sont ainsi 24 à avoir ouvert leurs portes depuis le lancement du dispositif le 1ᵉʳ janvier 2020, 23 en Corrèze et 21 en Creuse.
On y trouve différentes administrations, onze partenaires nationaux : la CAF, l' ANTS (pour une demande de carte d'identité...), l'assurance retraite, l'assurance maladie, le Chèque énergie, les Finances publiques, France Travail, France Rénov', La Poste, MSA, et point-justice.
Le gouvernement s'enorgueillit de ce système. On peut lire sur son site "4 démarches sur 5 sont entièrement résolues dès le premier passage à France services". Et récemment, dans un rapport la Cour des comptes a noté un taux de satisfaction des usagers de 90%. En précisant cependant des axes d'amélioration.
Les limites
Car les maisons France services ont leurs limites. Elles répondent aux demandes les plus simples, comme l'ouverture d'un dossier sur internet, ce que ne font pas les administrations. Elles permettent ainsi de réduire la fracture numérique. Mais dès que les demandes sont plus précises, il faut se déplacer comme l'indique Maryline Granger, directrice des services de la communauté de communes du Pays de Saint-Yrieix. "Dès que l'on est sur des sujets plus pointus qui nécessitent une connaissance plus détaillée, à ce moment là, nous on a la possibilité de vous renvoyer soit vers des permanences, qui viennent ici, soit vous renvoyer vers les bons interlocuteurs."
Les conseillers qui répondent aux questions des usagers ne sont pas des spécialistes. Et se trouve parfois démunis face à certaines interrogations. Dans ses axes d'amélioration du service, la Cour des comptes préconise donc qu'ils aient un interlocuteur privilégié dans les admnistrations, d'"identifier au sein de chaque opérateur des référents métiers en mesure d’être contactés directement par les conseillers France services et de prendre en charge leurs questions".
La CFDT demande une meilleure reconnaissance de ces conseillers, et davantage de formation. "Le personnel doit avoir un statut, les conseillers sont des agents de la catégorie la plus basse, donc la moins bien payée, alors qu'ils sont polyvalents, explique Martine Lévêque, secrétaire générale de l'union départementale de la CFDT 87. Ils ont besoin de plus de formations, car ils doivent avoir une bonne connaissance de tous les dossiers." Un point soutenu par la Cour des Comptes qui précise que le taux de rotation de ces agents est de 15%, c'est-à-dire le double de la fonction publique territoriale habituellement.
Plus de communication
Le syndicat déplore la disparition des services publics au profit de ces Maisons, mais comme un retour en arrière ne sera pas possible, la CFDT cherche comment les développer afin qu'elles répondent à une autre difficulté : le non-recours aux droits. "Le non-recours aux droits dépasse les 30%, explique Martine Lévêque. Ces maisons pourraient davantage communiquer afin d'être mieux connues, il faut aussi développer les dispositifs itinérants, afin de se rapprocher des habitants les plus en difficulté pour se déplacer", précise la secrétaire générale de l'UD CFDT 87.
La Cour des Comptes de son côté souligne une autre difficulté : le financement de ces Maisons de Services. Car si les Services Publics d'autrefois étaient à la charge de l'État, ces nouveaux dispositifs sont en partie payés par les collectivités. À Saint-Yrieix par exemple, les deux conseillères sont rémunérées par la communauté de communes. La Cour des Comptes propose d'"Instaurer une subvention complémentaire, financée par l’État et les opérateurs, pour les espaces France services ayant une fréquentation supérieure à trois accompagnements par heure et par agent." L'État leur verse une subvention "mais le reste à charge n'est pas négligeable", indique la Cour ces Comptes.