Attendre la fin de l’expérimentation du passage à 80 km/h sur les routes départementales avant de décider ou non du maintien de la mesure : voilà ce que préconise le député de la Haute-Vienne Jean-Baptiste Djebbari, alors que le Sénat entend laisser le choix aux départements et préfets.
Alors que le Sénat a voté un amendement permettant aux départements ou aux préfets de repasser à 90 km/h sur certaines routes, le député de la Haute-Vienne Jean-Baptiste Djebbari estime lui que l’expérimentation des 80 km/h doit aller à son terme avant une éventuelle révision. "Je pense qu'il faut aller jusqu'au bout de l'expérimentation", a-t-il déclaré mardi 2 avril devant des journalistes. En d’autres termes : attendre jusqu’en juillet 2020 avant de prendre une décision.
Pour "faire de la sécurité routière de façon un peu sérieuse", "on veut avoir une période de deux ans pour évaluer ce qui a vraiment été fait", a indiqué l’élu, considéré comme le "Mr Transport" de la majorité gouvernementale, en reconnaissant que la dégradation de la plupart des radars par les gilets jaunes "complique un peu" la donne.
"Il y a quand même un sujet de sécurité routière"
Jean-Baptiste Djebbari pense qu'il faudra, "au bout des deux ans, discuter avec les conseils départementaux, qui sont les bons connaisseurs de ces sujets-là, et (...) qui diront que sur tels trajets c'est retour à 90 km/h, et sur d'autres c'est maintien de la limitation de vitesse" à 80 km/h. "Ca ne paraît pas illogique qu'il y ait une décision partagée" avec les élus locaux, au terme de l'expérimentation l'an prochain, mais pour l'instant, "il faut s'en tenir à l'expérimentation", selon lui. "Sinon, ça ne veut juste rien dire, on aura fait six mois d'expérimentation au milieu de la crise des gilets jaunes, avec des radars complètement dégradés", a encore jugé le député, qui rappelle qu'"il y a quand même un sujet de sécurité routière".
Contre l’avis du gouvernement, l’amendement au projet de Loi d'orientations des mobilités (LOM) adopté par le Sénat permet aux conseils départementaux – pour les départementales - et aux préfets - pour les nationales - de relever la vitesse maximale autorisée au-delà de 80 km/h sur certaines routes, après avis de la commission départementale de la sécurité routière. Le texte doit maintenant être examiné à l'Assemblée nationale, en juin.
La Corrèze résiste
Dans le Limousin, le passage aux 80 km/h sur les routes à deux voies est toujours contesté. En Haute-Vienne, des associations ont dénoncé une mesure dangereuse pour les automobilistes. En Creuse, la mesure n’a pas été accueillie plus favorablement. Si le député LREM Jean-Baptiste Moreau la soutient, la présidente du conseil départemental, Valérie Simonet, avait en revanche écrit au Premier ministre pour refuser cette limitation.
C’est en Corrèze que la résistance est la plus forte : le président du département Pascal Coste (récemment flashé à 173 km/h sur l'autoroute) a toujours exprimé son opposition à la mesure. Comme lorsque des panneaux "le nouveau monde vous demande de ralentir" avaient été installés fin juin, au lieu des panneaux avec la nouvelle vitesse.