Voilà 13 jours que le chantier de la passerelle de la Bastide est à l'arrêt après la chute d'un vérin. Le rapport de la contre-expertise demandé par la préfecture se fait attendre.
Christiane et sa voisine habitent aux 8e et 9e étages d'un immeuble de la Bastide qui surplombe le chantier de la passerelle. Le soir de l'accident, elles étaient aux premières loges : "d’un seul coup, il y a eu un gros craquement, et les ouvriers qui étaient dessous sont vite descendus en courant de l’échafaudage. Le pont n’arrêtait pas de bouger et j'ai cru qu'il allait s’écraser sur l’A20. Ça a fait un de ces bruits".
Tous les jours, les curieux sont nombreux à venir observer la passerelle penchée. Parmi eux, Jérôme Fraisse, qui est professeur de mécanique dans une école d'ingénieurs bien connue de Limoges. Il travaille sur la résistance des matériaux, et se pose des questions sur la suite du chantier : "ce qui faut faut voir, c’est avec la chute qu’a fait le pont, le vérin qui est tombé, la hauteur d’affaissement, si la structure métallique s’est déformée de manière permanente ou si c’est juste une déformation élastique. Une fois qu’on aura redressé l'ouvrage, la déformation sera-t-elle encore présente ?"
Expertise
Pour la société Eiffage, les travaux peuvent d'ores et déjà reprendre. Pour s'en assurer, la Préfète de Haute-Vienne a demandé une contre-expertise à la Cerema, un laboratoire spécialisé dans l'expertise des infrastructures de transport. Le rapport de la Cerema n'a toujours pas été remis.
Contactée, la préfecture refuse de s'exprimer au delà de ce communiqué. Les experts de l'Etat ont constaté des dégradations sur des parties essentielles de l'ouvrage ne permettant pas une réouverture de l’autoroute en toute sécurité.
Une experte en ouvrage d'art qui ne souhaite pas s'exprimer publiquement nous a confié: "Les ingénieurs du service public font généralement en sorte que ça aille le plus vite possible. Vu l'enjeu, s'ils ne rouvrent pas l'autoroute, c'est qu'il y a un vrai problème".
En attendant, le compteur tourne. Déjà 13 jours de fermeture avec des bouchons chaque jour et beaucoup de conséquences économiques.
L'agglomération de Limoges, qui est donneur d'ordre mais en rien responsable de cette situation, a fait le nécessaire pour débloquer rapidement la situation. Guillaume Guérin, son président, pourrait communiquer avant la fin de la semaine.
Selon nos informations, la responsabilité des prestataires pourrait être engagée.