Avec plus de 6400 accidents du travail, dont 8 mortels, en 2021, le Limousin se situe légèrement au-dessus de la moyenne nationale. L’enjeu est donc important. Pour limiter ces accidents, des mesures de prévention et de contrôle sont mises en place par la CARSAT.
À plusieurs dizaines de mètres du sol, des ouvriers s’activent sur la plate-forme d’un immeuble en construction, dans le centre-ville de Limoges. Le chantier avance vite et bien. Pourtant, le danger est partout : « Ce sont des risques de chute de hauteur pour les gens qui interviennent en toiture, des risques en périphérie et des risques de chutes de plain-pied », détaille Alain Sarade, l’un des six Contrôleurs de Sécurité à la CARSAT Centre-Ouest.
Sur ce chantier, les mesures de sécurité sont particulièrement bien respectées. Mais c’est loin d’être le cas partout. Conséquence, le secteur du BTP est en Limousin celui qui concentre le plus grand nombre d’accidents du travail : 15% des plus de 6400 accidents du travail recensés en 2021*. Pour tenter de faire baisser ce chiffre, la CARSAT (Caisse d’assurance retraite et de santé au travail) dispose d’une branche spécifique : la branche Maladie Risques Professionnels, appelée aussi « branche AT/PM» pour Accidents du Travail et Maladies Professionnelles.
Contrôle et accompagnement
Cette branche Maladie Risques Professionnelles intervient auprès des entreprises et des salariés pour vérifier si les règles de sécurité sont bien respectées et prévenir les accidents du travail.
Pour cela, des contrôleurs de sécurité et des ingénieurs-conseils, spécialement formés et assermentés, disposent du même droit d’entrer dans les entreprises que les inspecteurs du Travail. Mais leur rôle est différent. Même s’ils peuvent effectuer des contrôles, ces agents interviennent principalement pour accompagner et conseiller les entreprises.
Concrètement, ces experts effectuent des diagnostics techniques pour mesurer les risques d’exposition aux nuisances physiques et chimiques (bruit, rayonnement, éclairage…). Exemple dans une menuiserie où le niveau sonore atteint 89 décibels. Avec un tel niveau, le port des protecteurs auditifs est indispensable. Mais l’expert de la CARSAT le reconnait, cette mesure de protection n’est pas toujours bien appliquée.
On sait, par expérience, que ces protecteurs ne sont pas toujours portés et donc, sont pas ou peu efficaces. C’est pour cela qu’on essaie de trouver des mesures de protection collective.
Mathieu Le Lostec, ingénieur conseil au Centre interrégional de mesures physiques
Des aides financières
Parmi les mesures de protection collective, l’isolation phonique de certaines machines peut être suggérée. Mais de telles préconisations ont un coût.
Voilà pourquoi, la branche Maladie Risques Professionnels de la CARSAT propose également un accompagnement financier dans certains cas. Sur certains équipements, ces aides peuvent aller jusqu’à 25 000 euros.
Quand on arrive avec ces montants là, ça peut faire un effet de levier et ça peut inciter le chef d’entreprise à prendre une décision.
Jean-Michel Jorland, ingénieur conseil régional à la CARSAT Centre-Ouest.
D’autant plus, que ces investissements peuvent permettre d’éviter de lourdes sanctions financières et judiciaires en cas d’accidents.
Actions auprès des salariés
Pour prévenir les accidents professionnels, la CARSAT dispense également des formations directement auprès des salariés, du secteur industriel ou du secteur tertiaire. L’objectif est de les inciter à ne pas négliger leur santé au travail et les appeler à la vigilance au quotidien. L’occasion aussi de retenir quelques règles de base comme celle-ci : « Que l’on soit en accident de trajet ou en accident du travail, on a exactement les mêmes droits et les mêmes indemnisations ».
Autre conseil retenu par ces salariés :
Il faut déclarer la moindre petite chose.
Martine Frugier, agent de service hospitalier
Un fonctionnement paritaire
À noter, quelles que soient les décisions (aides ou sanctions) ou les recommandations de la CARSAT, ces mesures sont toujours prises, après un avis des représentants de salariés et d’employeurs.
Le vieil adage « Mieux vaut prévenir que guérir » reste donc plus que jamais de rigueur.
*Source : chiffres 2021 CARSAT Centre-Ouest