Les dernières annonces présidentielles ont fait naître un espoir de destinations long courrier. Or, on en est loin. Encore fermées pour la plupart, avec seulement des permanences pour les autres, les agences de voyages ne savent toujours pas sur quel pied danser.
Destinations long courrier : les agences de voyages se résignent à faire une croix sur l'été 2020.
Au lendemain de l'annonce présidentielle précisant l'ouverture à nouveau des frontières, les clients des agences de voyage ont manifesté un regain d'intérêt pour les destinations long courrier. Mais ils ont vite déchanté. Car il s'agissait des frontières de la France, pas celles des autres pays. Et c'est là que commencent les difficultés pour les voyagistes qui ne savent pas vraiment sur quel pied danser.
Seule l'Île Maurice se montre claire : aucun touriste sur son territoire avant le 1er septembre 2020. Même pour une escale. C'est carré et c'est ce que voudraient entendre les gérants d'agences de voyages pour l'ensemble des destinations.
On en est loin. Chaque pays a la liberté de sa politique sanitaire et touristique. C'est donc du cas par cas et un jour n'est pas l'autre. Ce que les agences constatent pour l'heure, ce sont surtout des freins tels, qu'il faut vraiment s'accrocher pour voyager à l'autre bout de la planète.
Exemple le Sri Lanka. Ce pays impose un test de moins de 72 h auprès d'un laboratoire français à présenter à l'aéroport, puis oblige le voyageur à pratiquer un nouveau test à son arrivée à Colombo ainsi qu'à trois nouveaux tests au cours de son séjour - dix jours en moyenne. On ignore en plus si ces tests peuvent être fait à l'hôtel ou doivent l'être à l'hôpital, ce qui impacte pour le coup "l'esprit vacance" du voyageur, par ailleurs interdit dans les transports publics !
On gère au jour le jour... Voyez, je reçois à l'instant ce flash "clap de fin pour la compagnie Level"
Thierry Debourg gère une agence de voyage à Limoges. Il a toujours sa salariée au chômage partiel. Il passe de temps en temps à son agence mais ne prend toujours pas de réservation. Comment il le pourrait quand il découvre des annonces comme celle de la fin d'activité de la compagnie aérienne Level, première du groupe British Airways, avec effet immédiat.
"Hier, j'ai repris le dossier d'une famille mahoraise de Limoges. Ils économisent depuis plusieurs mois pour partir à Mayotte. Ils veulent partir avec enfants et grands-parents. Or, le gouvernement vient de prolonger aujourd'hui l'état d'urgence sanitaire à Mayotte, comme en Guyane d'ailleurs, jusqu'au 30 octobre. Une décision qui pourrait toutefois évoluer vu le tollé d'opposition des élus mahorais. Pour l'Asie, on ne sait pas ce qui va se passer et quand on voit que le virus repart sur Pékin on ne se pose même plus la question, on ne sait pas non plus ce qui va se passer aux Etats-Unis, on nous dit que ça va reprendre en juillet mais là aussi, point d'interrogation".
Les compagnies aériennes sont en effet en grande tourmente. Et la réouverture des aéroports ne va pas pour autant, selon les professionnels du voyage, entrainer de facto la reprise des rotations sur toutes les destinations. Selon l’Association internationale du transport aérien (en anglais : International Air Transport Association, IATA), elle n'envisage pas de retour à la normale avant 2023.
Des envies de voyager ... en France d'abord, en Europe ensuite
Ce sont des destinations françaises que choisissent actuellement 80% des français pensant partir en vacances cet été (enquête BVA-Entreprises du Voyage par internet du 2 au 4 juin sur un échantillon de 1.055 personnes de 18 ans et plus).
Mais la liberté de circuler est étendue à ce jour à l'Europe, certes toujours avec des gestes barrières mais sans quatorzaine.Seule la Grande-Bretagne impose à ses ressortissants et aux touristes une quatorzaine obligatoire. La demande vers les destinations européennes pourrait donc être plus élevée.
Les agences constatent donc deux freins :
- Le premier est l'incertitude qui règne sur les vols des compagnies aériennes; Thierry Debourg constate, par exemple, dans le dossier de clients souhaitant partir en Grèce, que leur billets sont toujours valables alors qu'après vérification, il constate que les vols correspondants n'existent plus.
- Le second est une réticence évidente encore pour beaucoup de personnes à voyager, par peur de s'exposer.
Seuls les vols secs pour le Portugal, l'Algérie, l'Espagne, l'Italie enregistrent pour l'heure des réservations. Ce sont essentiellement des personnes ayant de la famille dans ces pays.
Du côté des voyages en autocar, difficile également d'anticiper sur une reprise des circuits. Isabelle Massy, gère un parc de 25 cars de tourisme et grand tourisme. Elle ne voit toujours pas comment elle peut reprendre son activité.
Je ne compte pas sur une reprise d'activité touristique avant mi-août.
Pour l'heure, les mesures sanitaires sont encore trop contraignantes pour, d'une part susciter l'envie de voyager en circuit, et d'autre part, organiser cette façon de voyager. Les hôtels, les restaurants se disent en difficultés pour accueillir des groupes de 50 ou 60 personnes, des séniors pour la plupart, en respectant toutes les précautions sanitaires imposées.
Mais aussi une envie de voyager autrement...
La tendance était déjà perceptible avant la crise sanitaire pour les professionnels du tourisme, mais ils sentent qu'elle va se confirmer voire augmenter. De plus en plus de voyageurs demandent des "vacances respectueuses", à savoir une plus grande attention sur la vie au quotidien du pays qu'ils veulent découvrir. C'était certes un petit pourcentage mais il pourrait renverser le ratio avec le nombre de voyageurs qui recherchent avant tout un prix, avec des destinations en complexes touristiques tout compris, où la prosmicuité est importante. Mais il reste que cette façon de voyager, plus vertueuse et qualitative, a un coût.