C’est l’événement sportif de la semaine en Limousin, l’open BLS de Limoges, c’est du tennis. Un tournoi du circuit mondial féminin. Parmi les participantes, et tête d’affiche, Alizé Cornet. Entretien avec la tennis woman qui est aussi romancière.
Vous rentrez ce mardi dans le premier tour face à la russe Varvara Gracheva. Vous êtes 36ème mondiale, elle est 86ème, c’est un peu votre tournoi de reprise, après une petite pause. Vous vous sentez comment ?
Alizé Cornet : La pause a été de courte durée, puisque la Fed Cup, c’était il y a 3 semaines. Donc au final, j’ai repris l’entraînement normalement. Et là, je suis prête, pour renouer avec la compétition. Et je suis très contente d’être ici à Limoges.
C’est important de jouer en France, d’avoir de tels tournois, comme celui de Limoges ? Pour vous les joueuses, et pour aussi le public français ?
Alizé Cornet : Oui, bien sûr, pour nous ça permet de couper un peu la période frontière, qui est une longue période d’entraînement, pour faire un peu de match. Un petit peu de compétition. Surtout que ce tournoi à Limoges est toujours très relevé. Donc il faut vraiment être prêtes, et être compétitives. Pour le public, ça permet de voir du très beau tennis féminin. C’est une semaine festive avec plein de beaux matchs.
Est-ce que ça met un peu plus de pression, quand on joue en France ?
Alizé Cornet : Un petit peu, mais vous savez avec mes 16 ans d’expérience sur le circuit, je commence à être habituée, d’autant plus qu’à Rolland Garros, c’est encore une échelle supérieure. Mais c’est vrai que quand on est en France, on a envie de bien faire. Peut-être un peu trop. En tous cas, j’ai souvent répondu présente à ce rendez-vous de Limoges. J’ai toujours essayé de faire de mon mieux. Et c’est ce que je ferai encore cette année.
Justement, cette saison, vous êtes remontée à la 36ème place mondiale. Il y a eu le quart de final à l’Open d’Australie, 8ème de finale à Wimbledon, les grands chelems, vous connaissez bien. Vous avez d’ailleurs battu un record : 63 grand chelems d’affilée, c’est unique. Quelle est la clé de cette régularité ?
Alizé Cornet : Beaucoup de travail, beaucoup de discipline, beaucoup de rigueur pour permettre à son corps de rester en bonne santé, pendant toutes ces années. Je n’ai donc jamais raté un grand chelem depuis mes 17 ans. Ça veut dire aussi, que j’ai réussi à me maintenir au plus haut niveau dans le top 100 et dans le top 50 depuis toutes ces années. Donc, c’est vraiment une régularité incroyable, j’en suis très fière. Mais derrière tout cela, il y a des heures et des heures d’entraînement. Et c’est d’ailleurs peut-être de cela dont je suis le plus fière. C’est d’avoir réussi à maintenir ce niveau d’exigence pendant toutes ces années.
On remarque de plus en plus une certaine longévité chez certains sportifs de haut niveau, on pense à Federer qui a joué jusqu'à 40 ans. Olivier Giroud qui joue en ce moment la coupe du monde a 36 ans. Vous-même, vous avez 32 ans. Comment expliquez-vous que certains sportifs ont des carrières de plus en plus longues. Comment vous expliquez cette longévité ? C’est dû à l’alimentation ? À l’entretien physique ?
Alizé Cornet : Oui, je pense qu’on apprend à se connaître de mieux en mieux. Je pense qu’on arrive à avoir de meilleurs outils pour être en meilleure santé plus longtemps. Et maintenant, c’est vrai que ce n’est pas rare de voir des athlètes de plus de 30 ou 35 ans, faire leur meilleure saison, comme ce fut le cas pour moi cette année. C’était l’une de mes meilleures saisons à 32 ans, et je ne m’y attendais pas du tout. Tant que la forme physique sera au rendez-vous et que j’arriverai à me faire plaisir, je compte continuer encore un peu et voir où cela me mène.
Vous êtes joueuse de tennis, globetrotteuse mais aussi romancière. Vous avez publié votre premier roman, La valse des jours, chez Flammarion. Une saga familiale dans les années 60. L’écriture, ça vous sort de la bulle du tennis. C’est une respiration ?
Alizé Cornet : Je suis vraiment très fière de ce premier roman, et des retours que j’ai eus. J’étais curieuse de savoir ce que je valais en tant que romancière. Et je pense que, passés les premiers a priori un peu négatifs sur le fait qu’une joueuse de tennis puisse écrire un roman, j’ai vraiment eu des retours incroyables. Et moi dans ma vie personnelle, ça m’apporte un équilibre, vraiment important. Ça me permet de prendre un peu de distance. Un peu de recul par rapport au tennis, et c’est vrai que pendant des années, j’ai eu tendance à être un petit peu trop la tête dans le guidon à vouloir trop bien faire. A me mettre beaucoup de pression. Donc c’est vrai que l’écriture m’a apporté, un équilibre, et finalement un bien être dont j’avais besoin, pour mieux jouer.
Vous trouvez le temps d’écrire, dans les voyages, dans les avions, c’est là où vous trouvez de l’inspiration ?
Alizé Cornet : Dans les avions oui, c’est là où ma créativité s’exprime le mieux. Surtout quand l’avion se plonge dans le noir sur les longs courriers, ce sont des moments très propices à l’écriture, avec cette ambiance un petit peu intimiste. Mais après, j’écris aussi dans les chambres d’hôtel, quand j’ai le temps et quand ça me vient. C’est vraiment quelque chose qui n’est pas contrôlable.
Entretien : Nassuf Djailani avec Jérôme Piperaud.