Amaël, 30 ans, joue dans l'équipe féminine du club de football de Sainte-Fortunade, en Corrèze. Il est pourtant bien un homme. Car il y a deux ans, il a changé d'identité sexuelle. Mais les formalités administratives prennent du temps...
Originaire du Gard, Amaël est venu s'installer en Corrèze il y a quelques années. C'est un sportif accompli. Après 17 ans de handball, il s'est mis au foot il y a 5 ans, et a rejoint l'équipe féminine de Sainte-Fortunade qui évolue en division inter districts.
Car, à l'époque, Amaël était une jeune femme. Mais il y a un an-et-demi, il a entamé sa transition hormonale.
Je savais que j'étais un garçon depuis toujours.
AmaëlFootballeur amateur à Sainte-Fortunade
Il y a un an-et-demi, il a su que c'était le bon moment : "Quand j'ai eu un bon club de foot, un bon boulot où les gens étaient bienveillants, la maison de mes rêves... je me suis dit : c'est maintenant que je dois le faire, et ça va bien se passer".
Et effectivement, ça s'est bien passé. Aujourd'hui, ses coéquipières ont plaisir à voir Amaël bien dans sa peau : "On sent qu'il est plus heureux, plus libéré, plus épanoui. Il est content en fait, il se sent lui-même", constate Karine.
Prouver qu'on est bien un homme
Malgré son changement de genre, Amaël évolue toujours en équipe féminine, car il doit compter avec la lenteur et la complexité des formalités administratives : "Pour l'instant, je n'ai pas le choix, j'ai encore le genre féminin sur ma carte d'identité. C'est très long à changer, il y a beaucoup de papiers, on doit passer devant le tribunal, justifier qu'on est bien un homme, avoir des témoignages. Cela peut prendre des mois, voire des années", explique le jeune homme.
Parfois, sa présence au sein de l'équipe féminine suscite des interrogations sur les bancs de supporters pendants les matchs.
"Cela gronde un peu des fois. On entend : Même si elles ne sont pas assez nombreuses, ce n'est pas normal qu'un homme se joignent à elles" raconte Morgane, la compagne d'Amaël, qui n'hésite pas alors à intervenir pour expliquer la raison d'Amaël sur le terrain. "En général, les gens sont très compréhensifs, et ça fait plaisir à voir".
Un message positif
Pour Amaël, le parcours du combattant n'est pas terminé. Il attend avec impatience son changement officiel de genre sur sa carte d'identité, pour pouvoir enfin intégrer une équipe masculine.
Mais il veut se servir de son exemple pour rassurer ceux ou celles qui hésitent ou s'apprêtent à sauter le pas : "C'est important de montrer que, faire une transition de genre et continuer le sport, ça peut bien se passer. Cela va se démocratiser de plus en plus et les gens vont comprendre qu'on n'est pas si différents d'eux et qu'on veut juste faire du sport comme tout le monde finalement..."