Si un arrêté de 2019 rend obligatoire les diagnostics d'amiante avant travaux ou cession d'un bâtiment, "les diagnostics obligatoires n'empêchent parfois pas les travaux de désamiantage sans aucune protection", selon le directeur d'une entreprise spécialisée de Limoges.
Depuis quelques jours, les travaux du gymnase de Magnac-Laval (87), ont été lancés. Ils vont coûter la coquette somme de 800 000 euros à la petite commune du nord de la Haute-Vienne, car on a découvert de l’amiante dans la toiture.
Selon Xavier Guibert, maire de Magnac-Laval, « l’amiante coûte très cher à enlever. Mais on ne peut plus l’ignorer ». La commune estime le surcoût des travaux d'environ 30%.
Laurent Daulny, maire de Dun-Le-Palestel (23), avoue que l’on trouve de l’amiante dans tous les bâtiments publics construits avant 1997 : « il y en a dans les peintures murales, les plafonds, sans qu’on le sache forcément. Quand on rénove ou qu’on vend un patrimoine, on doit désormais faire un diagnostic amiante. »
Le diagnostic amiante n’est obligatoire que depuis moins d’une dizaine d’années. Il est aujourd’hui régi par l’arrêté du 16 juillet 2019.
Le cas des petites communes
Bien souvent, l’amiante est très difficile à repérer sans l’œil d’un professionnel.
Victor Komar est le directeur de KDS, une entreprise de désamiantage, basée à Limoges. Il lui est arrivé d’être témoin de désamiantages dits « sauvages » par pure méconnaissance dans certaines petites communes : « ils ne savent pas qu’il faut faire un diagnostic de base pour savoir de quoi sont composés les bâtiments. Il peut y avoir de l’amiante dans une cloison cassée par un agent municipal, quand les élus ont décidé de faire les travaux par eux-mêmes. Les grosses communes ne font pas ce genre de boulette, car elles ont du personnel qualifié pour dire stop ».
Notre gros problème au quotidien, c’est que certaines personnes ne savent pas ce qu’est l’amiante. De l’autre côté, d’autres pensent qu’il s’agit de déchets nucléaires très dangereux. Il n’y a pas d’entre deux.
Victor KomarDirecteur de KDS à Limoges
Les particuliers
L’amiante peut se trouver partout dans les maisons construites avant 1997, y compris celles des particuliers. Le propriétaire d’une maison peut parfois être tenté de refaire lui-même toute sa décoration. Selon Victor Komar, « s’il enlève un carrelage amianté pour l’emmener à la déchèterie, les employés ne le sauront pas. Ils seront donc exposés aux fibres d’amiante comme l’a été le propriétaire au moment des travaux. »
Il faudrait savoir où il y a de l’amiante dans tous les bâtiments publics et privés. Pour l’instant, le diagnostic n’est obligatoire qu’en cas de vente ou travaux par une entreprise.
Victor Komar, Directeur de KDS à Limoges
Les matériaux amiantés les plus connus
Pendant des décennies, l’amiante a été considéré comme un matériau miracle pour ses propriétés isolantes ou anti-incendie. Puis, on s’est rendu compte que ses fibres étaient particulièrement dangereuses quand elles étaient inhalées. Elles vont se loger dans les poumons et peuvent causer le cancer de la plèvre.
Ces fibres deviennent volatiles au moment de travaux ou à cause de leur usure, quand elles ne sont pas confinées.
Les tôles ondulées en fibrociment contiennent très souvent de l’amiante. Elles sont interdites depuis 1997, mais on en trouve encore régulièrement sur les bâtiments. Ce sont elles qui sont les plus reconnaissables, même pour un œil non initié.
Les dalles en vinyle étaient fréquemment utilisées comme revêtement de sol dans les maisons avant 1990. Pour fixer ces tuiles, un adhésif contenant des fibres d’amiante était utilisé. Il était mélangé à des fibres d’amiante, car l’adhésif d’amiante avait des valeurs d’isolation bien meilleures que les autres.
On trouve aussi régulièrement de l’amiante dans les dalles de faux plafond.