Annonces du premier ministre : réactions à Limoges au couvre-feu à 18h

L'annonce du couvre-feu national à 18h fait réagir en Limousin. La déception vient en premier des restaurateurs, beaucoup vont devoir arrêter la vente à emporter le soir faute de pouvoir rémunérer de la livraison à domicile. Avec une heure en moins, les commerces vont aussi souffrir un peu plus.

Lors d'une conférence de presse, le 14 janvier 2021, le Premier ministre Jean Castex a annoncé couvre-feu qui s'appliquera à compter de 18h sur l'ensemble du territoire métropolitain. La mesure entrera en vigueur samedi 16 janvier. Réactions à Limoges

Un coup au moral de plus...

Les commerçants le redoutaient. Ce couvre-feu à 18h est un frein supplémentaire à leurs activités. Alors que toutes et tous espéraient une meilleure année 2021, voici qu'elle commence avec un coup de plus sur leurs têtes. Certains ne comprennent pas la logique d'une telle mesure, celle-ci augmentant la concentration de la fréquentation dans les commerces. L'étalement des courses sur une journée de 10h n'est pas le même sur une journée de 8h....

Jean-François Pailloux, président de l'association des commerçants de Limoges "pignon sur rue 87" aurait préféré un reconfinement sur une très courte durée. Il regarde la situation européenne et constate une situation plus grave dans les pays qui n'ont pas opté pour le confinement. Il reste donc sceptique sur le résultat et la logique de tout ça. Ce qui est clair à ses yeux en revanche, c'est la perte de plus de chiffre d'affaires pour beaucoup d'indépendants. Certains ne s'en relèveront définitivement pas. 

Le créneau 18h-19h est important pour les commerces en ville. Faut-il ouvrir systématiquement pendant l'heure de midi ? la clientèle n'est pas forcément la même. La perte de chiffre d'affaires ne va pas forcément être compensée par une aide

Jean-François Pailloux, le président de l'association de commerçants de Limoges "Pignon sur Rue 87"

Le Premier ministre invite effectivement "tous les établissements qui le souhaitent à se saisir des possibilités d’ouverture supplémentaire sur la pause-déjeuner ainsi que le dimanche", "afin d’éviter les concentrations des clients aux heures ouvrables"

Des restaurateurs dépités... 

Leurs établissements fermés, beaucoup de restaurateurs s'étaient organisés pour maintenir un lien avec leurs clients en leur proposant des plats à emporter. Pas de quoi compenser la perte du chiffre d'affaires d'une ouverture mais la volonté de continuer à proposer un service à leur clientèle et assurer le maintien d'une activité à leurs fournisseurs. Sauf que si les clients ne peuvent plus venir chercher ces plats, soit ils devront recourir à des livreurs, soit ils assureront eux-même cette livraison. Pour Jean-François Pailloux il faut s'attendre à voir nombre d'entre eux arrêter cette vente à emporter le soir, voire le midi puisque cette seule activité ne leur suffira pas.

Un avis que partage Olivier Reveane de la brasserie le Royal à Limoges. L'établissement va quand même maintenir la vente des plats à emporter en augmentant la livraison à domicile via un prestataire de services et leur propre chauffeur-livreur engagé après le premier confinement, mais c'est bien sûr une marge supplémentaire à dégager.

Les deux associés de la brasserie ont opté pour cette embauche car le groupe a plusieurs établissements. La vente à emporter permet le maintien d'une activité, c'est important pour le moral, pour nos fournisseurs qui nous permettent de faire du fait-maison, et nos clients.

Olivier Reveane, brasserie le Royal à Limoges

Les restaurateurs redoutent néanmoins une baisse de la consommation de la vente à emporter puisque les consommateurs auront plus de temps pour préparer eux-mêmes leurs repas.

Pour l'UMIH, l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, la colère va sans doute monter encore d'un cran chez les restaurateurs. L'impact est important sur une activité déjà malmenée. Il va leur falloir une nouvelle fois s'adapter à cette contrainte supplémentaire.

Pour le Président de l'UMIH 87, Alain Guillout, le seul moyen à sa disposition est le dialogue avec les services de l'Etat.

Ce que l'on demande aujourd'hui, c'est le maintien de l'aide au chômage partiel, des reports d'échéances du PGE puisque nous n'avons pas la trésorerie pour le rembourser en avril comme c'était prévu, c'est aussi une exonération de charges sur les cotisations patronales et ce qui serait bien, c'est d'obtenir la suspension des contrats d'abonnements eau gaz électricité, puisque nos établissements sont fermés depuis 3 mois. Ces mesures additionnées les unes aux autres c'est important

Alain Guillout, président de l'UMIH 87

Toutes ces PME se retrouvent aujourd'hui sans trésorerie, or il en faudra pour redémarrer l'activité quand le jour viendra. "Nous allons permettre aux entreprises qui le souhaitent de rembourser leur Prêt garanti par l'Etat (PGE) pendant un an supplémentaire. Celles qui souhaitent rembourser l'Etat en mars 2022 plutôt qu'en mars 2021 pourront le faire, quelle que soit leur taille", a précisé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. 

Autres établissements touchés par le couvre-feu à 18h : les petites épiceries et les supérettes qui restaient ouvertes tard dans la soirée. Le chiffre d'affaires après 18h était conséquent. Or, elles ne seront pas indemnisées par l'Etat puisque leurs commerces restent ouverts en journée.

Il ne faut pas baisser les bras, c'est acté c'est comme ça, ce n'est pas la peine de se morfondre, il faut au contraire rester mobilisés et se serrer les coudes. On va sans doute à nouveau s'organiser pour mutualiser nos livraisons

Francis Morlaix, gérant de l'épicerie des halles à Limoges

Du côté de l'enseignement...

Etre réactif, agile et s'adapter. Ce sont aussi des qualités que doivent développer les directions et les enseignants. Claude Raynaud est directrice de la formation à la chambre de commerce et d'industrie de la Haute-Vienne. Elle va devoir une nouvelle fois mobiliser ses équipes pour s'adapter à ce couvre-feu à 18h.

Il va leur falloir réorganiser les plannings des cours du centre d'études de langues, dispensés à des salariés et chefs d'entreprises. Tout comme ceux suivis en alternance par les 400 étudiants des deux écoles de la CCI 87, à savoir l'Ecole Supérieure Commerce et Services et l'Institut Supérieur de l'Immobilier et de l'Habitat (du bac+2 au bac+5). Des conférences et des master-class vont devoir être annulées ou reportées car elles n'ont pas d'intérêt en distanciel. Tout comme les cours de formation aux accents internationaux qui va devoir être annulée.

Depuis le premier confinement, la possibilité d'un enseignement 100% connecté est là, mais pour Claude Raynaud, ce n'est pas une fin en soi. Il faut absolument maintenir le lien en mixant le distanciel avec une présence sur place. Il y a aussi les étudiants en zone blanche qui ne peuvent pas suivre les cours. Ce qui est redouté, c'est bien sûr le décrochage de ces étudiants en post-bac. Tout a donc été fait pour maintenir le plus possible un enseignement en présentiel et surtout l'ouverture des campus jusqu'à 20h pour permettre aux étudiants de travailler en groupe. C'est cela qui va être remis une nouvelle fois en question.

Nous avons beaucoup d'étudiants qui arrivent pour la semaine à Limoges le dimanche soir et repartent le vendredi soir, nous allons donc devoir reprendre les attestations pour justifier leur transport après 18h. Nous allons aussi devoir repasser des cours en distanciel alors que nous avons tout fait pour maintenir au maximum la présence des étudiants sur nos campus

Claude Raynaud, directrice de la formation à la CCI 87

Lueur d'espoir pour les étudiants. Le Premier ministre a annoncé, à partir de la semaine du 25 janvier, "la reprise par demi-groupe des travaux dirigés des élèves de 1ère année, puis, si la situation sanitaire le permet, aux étudiants des autres niveaux".

Tout en insistant sur le choix de maintenir ouverts les établissements scolaires ouverts, Jean Castex et Jean-Michel Blanquer ont détaillé les conditions qui devront être remplies : 

  • En renforçant encore le protocole sanitaire dans les cantines scolaires
  • En suspendant jusqu’à nouvel ordre les activités physiques et sportives scolaires et extrascolaires en intérieur
  • En augmentant encore notre capacité de dépistage dans les établissements scolaires, avec un objectif de 300 000 tests par semaine, soit plus d’un million par mois

 

 

 

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