La piscine Aquapolis de Limoges Métropole rouvrira dans une semaine maximum. Le président de Limoges Métropole a mis en demeure la société Vert Marine de rouvrir, dès à présent. A défaut, la collectivité agira directement pour cette réouverture.
Le bras de fer entre Limoges Métropole et Vert Marine se poursuit. Ce lundi 12 septembre, Guillaume Guérin, président de Limoges Métropole, a annoncé que la collectivité a mis en demeure le gestionnaire de l'équipement Vert Marine. Objectif : la réouverture de l'Aquapolis au plus tard le vendredi 16 septembre.
Si la piscine restait fermée à cette date, l'équipement serait mis sous séquestre. Une réouverture interviendrait alors le lundi 19 septembre a affirmé Guillaume Guérin sur notre antenne.
"L'objectif, c'est de les obliger à rouvrir d'ici vendredi", a affirmé le président de Limoges Métropole. "S'ils ne le font pas, nous passons à un cran supérieur qui nous protège juridiquement, c'est-à-dire à la mise sous séquestre de l'équipement."
Le président de Limoges Métropole a également déclaré : "Les dirigeants de Vert Marine ont tendance à oublier qu'ils vivent avec l'argent du contribuable."
Une gestion financière qui pose question
Fabien Doucet, vice-président de Limoges Métropole en charge des grands équipements et de la mutualisation, dénonce aussi une mauvaise gestion financière de la part de Vert Marine. "Ils ont pris des risques inconsidérés en allant sur des marchés spot. C’est ni plus ni moins la bourse de l‘électricité, des gens qui spéculent sur le prix de l’énergie, en achetant des contrats et en les revendant."
Les fournisseurs d'énergie achètent pour la plupart leurs produits sur ces places boursières. Les prix changent chaque jour, et la volatilité est donc très importante. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, les cours ont monté, et les coûts de fonctionnement ont donc augmenté pour Vert Marine. "Tout le problème est là, Vert Marine a peut-être espéré une tendance plus favorable, les marchés se sont retournés et ça n’a pas pardonné", estime Benoît Vilcot, directeur général de Capitole Energie.
Il faut avoir des gens alertes et qui connaissent la gestion des risques financiers.
Benoît Vilcot, directeur général de Capitole Energie
Pour Benoît Vilcot, la réponse semble être du côté du choix de la stratégie financière. "C’est au client de se dire de quelle manière je vais pouvoir risquer ce risque-là. Ils auraient dû avoir une stratégie d’achat adaptée au marché et aux conditions de marché : acheter en prix fixe, à la rigueur acheter en plusieurs fois leur énergie, mais avec une volatilité beaucoup moindre."
Sept jours de fermeture
Lundi 5 septembre dernier, la société Vert Marine, gestionnaire de l'Aquapolis, fermait brutalement le centre aquatique de Limoges.
Pour justifier sa décision, Vert Marine mettait en avant une hausse trop importante des coûts de l'énergie, se déclarant dans l'impossibilité d'assumer financièrement cette charge.
Les élus de Limoges Métropole ont été mis devant le fait accompli et ont exigé la réouverture immédiate de l'équipement, mais sans résultat. Les discussions avec Vert Marine, entreprise privée chargée de cette délégation de service public, sont restées dans l'impasse.
La possibilité d'une action en justice a même été évoquée contre une décision qualifiée de "juridiquement illégale et inacceptable" dans un communiqué envoyé vendredi 9 octobre.
Une pétition est toujours en cours pour demander la réouverture de l'équipement. Elle a pour l'instant réuni 164 signatures.
Une trentaine de piscines fermées en France
Limoges n'est pas un cas isolé, sur l'ensemble de la France, ce sont des dizaines de piscines gérées par Vert Marine qui ont été fermées en ce début septembre.
Le complexe aquatique de Bourg-de-Péage (Drôme),la piscine Calyssia d'Armentières (Nord) ou le centre aquatique L'Hippocampe, à Granville (Manche) font partie des établissements fermés depuis plusieurs jours.
Mardi 6 septembre dernier, Gilles Sezionale, président de la Fédération française de natation, a demandé "la réouverture immédiate des piscines qui ont été fermées de façon arbitraire" et a appelé "tous les acteurs à prendre leurs responsabilités pour assurer la continuité de ce service public".
Le même jour, des députés de la majorité présidentielle s'étaient aussi réunis afin de faire le point sur la situation.