"Beaucoup d'inquiétudes concernant l'exportation" : la maladie hémorragique épizootique suscite de nombreuses interrogations chez les éleveurs de bovins

C'est une maladie qui inquiète le monde agricole : la MHE. Les éleveurs peuvent-ils protéger leurs exploitations ? Quelles conséquences sur les marchés ? À l'occasion du Sommet de l'élevage, Jean-Marc Alibert, président de France Limousin Sélection, éleveur et juge, nous a accordé un entretien.

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La MHE a perturbé le traditionnel Sommet de l'élevage de Cournon d'Auvergne où la race Limousine est largement représentée.

Le ministère de l'Agriculture a, en effet, renforcé ses mesures de prévention contre la maladie hémorragique épizootique en imposant un test de dépistage obligatoire depuis ce dimanche 1ᵉʳ octobre. Cette nouvelle exigence vise à assurer la sécurité sanitaire des animaux (bovins, ovins, caprins, et cervidés d'élevage) souhaitant quitter la zone réglementée autour des élevages touchés par le virus. Cependant, cela a entraîné une baisse de la participation des éleveurs présents et suscité des inquiétudes dans le monde agricole.

À l'occasion de ce sommet, faisons le point sur l'élevage limousin qui n'est, pour l'heure, pas concerné par des cas de MHE sur son territoire. Au 30 septembre, 19 foyers de MHE ont été confirmés au sein d'élevages des Pyrénées-Atlantiques (16 foyers) et des Hautes-Pyrénées (3 foyers). 

France 3 Limousin : dans quel état d'esprit sont les éleveurs du Limousin ?

Jean-Marc Alibert : "la première chose, c'est qu'ils pensent à leurs collègues des Pyrénées, on aurait dû avoir des éleveurs en plus ici, pour ce Sommet. Il y a des éleveurs limousins de la zone concernée, du rayon de 150 km autour des élevages contaminés qui n'ont pas pu venir. 

Mais il y a une inquiétude : si la zone s'étend, s'il y a de nouveaux cas, le Limousin pourrait être concerné, c'est déjà le cas dans certains élevages de Nouvelle-Aquitaine. Si les élevages du Limousin sont touchés, on ne pourra pas exporter les broutards, dans un premier temps. Il y a beaucoup d'éleveurs qui ont des broutards devant partir essentiellement vers l'Italie, même si l'Algérie et l'Espagne sont également concernées. Il y a donc beaucoup d'inquiétudes concernant l'exportation".

Peut-on se prémunir contre la maladie ? 

"Pas pour l'instant. Il n'existe aucun vaccin, aucun traitement préventif. La seule chose que font les éleveurs, d'après les échos que j'en ai, c'est d'administrer des anti-inflammatoires aux animaux qui présentent des symptômes. A priori, c'est la seule chose qu'il faut faire. Imaginez le travail supplémentaire pour les éleveurs : rentrer les animaux, faire le traitement… C'est vrai que c'est une nouvelle tuile sur la tête des éleveurs concernés par ces problèmes".

Quelles conséquences sur le marché ?

"La conséquence serait de bloquer le marché, mais là, on ne peut pas connaître les conséquences sans connaître l'extension de la maladie.

Il y a un truc qui me frappe : d'après les échos que j'ai eus, c'est une maladie importée des États-Unis qui existe depuis 40 ou 50 ans. En Espagne, je ne sais pas depuis combien de temps cette maladie existe, mais cela m'étonne vraiment que l'on n'ait pas anticipé plus sur l'arrivée de ce nouvel agent infectieux. Ces petits culicoïdes (moucherons qui transmettent le virus de la MHE aux cervidés et aux bovins, NDLR) peuvent arriver jusque chez nous, la chaîne des Pyrénées n'est pas infranchissable.

Je regrette vraiment que nous n'ayons pas pu anticiper et que nous soyons mis devant le fait accompli. Nous avons été pris au dépourvu".

 

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