Le CHU de Limoges participait ce mardi 12 mars au salon des métiers du service public. Un CHU qui recrute, mais attention : tous les postes proposés ne concernent pas le médical. Dans ce domaine, savoir quels sont les besoins ou les manques en ce domaine relève d'une gageure.
Premier employeur du Limousin, le CHU de Limoges compte près de 150 corps de métiers différents, et plus de 6 000 personnes à son service.
Tous secteurs confondus, son recrutement est permanent. En 2023, année record, il y en eut ainsi quelque 590. Et sur son site internet, à la date de ce 12 mars 2024, on trouve plus d’une soixantaine de postes ouverts au recrutement.
Les différents emplois au CHU
Si l’on pense tout de suite, en parlant d'un CHU, aux métiers en blouse blanche, tous ces postes ne sont pas seulement ceux du secteur médical. On trouve ainsi proposés des emplois d’agents de blanchisserie, de secrétaires de direction, d’informaticiens ou même de conducteurs poids lourds !
En simplifiant à l’extrême, on pourrait dire qu’il y a deux catégories d’emplois au CHU, selon son service des ressources humaines : les non-médicaux, et les médicaux.
Mais attention : si la première catégorie compte tout ce qui concerne la technique, la logistique et l’administratif, elle comporte également le secteur paramédical, qui comprend notamment les infirmiers et infirmières, et les aides-soignants et aides-soignantes.
La deuxième catégorie comprend, elle, les docteurs et les professeurs (les médecins en langage courant), ainsi que les internes et les étudiants en médecine.
Et c’est uniquement dans le cadre dit non-médical, la première catégorie, que le CHU de Limoges participait ce jour au salon des métiers du service public à Paris. Pour se faire connaître. Pour séduire. Pour recruter. Un prolongement naturel de son plan d’attractivité et de fidélisation lancé fin 2022.
Quelques chiffres indicatifs
Le CHU a bien voulu nous communiquer quelques chiffres qui, c’est à noter, ne concernent que les établissements de Dupuytren 1 et 2, l’Hôpital Mère-Enfant, l’Hôpital Rebeyrol et le Centre Gérontologique Chastaingt. Les hôpitaux de Saint-Junien et de Saint-Yrieix, qui ont pourtant direction commune, ne sont pas ici évoqués.
La partie non-médicale (confère ci-dessus), regroupent 5 366 employés, dont près de 1 500 infirmier(e)s et quelque 1 400 aides-soignant(e)s.
Les médecins (idem), sans compter les internes et les étudiants, sont eux au nombre de 550.
Et les perspectives de 2024, en termes de postes ouverts au recrutement qui, et le CHU a fortement insisté, ne peuvent être compris comme des postes vacants ou des comblements de postes vacants, sont les suivantes : 42 postes d’infirmier(e)s, 19 postes d’aides-soignant(e)s, et 41 postes de médecins.
À noter, et cela se passe de commentaires, que sur ces 41 postes de médecins ouverts au recrutement, près de la moitié concerne des spécialités en réanimation, en anesthésie, en radiologie et en urgences.
Où sont les manques, où sont les besoins ?
Une fois cela dit, peut-on tout de même dresser un état des lieux, des besoins ou des manques, du CHU de Limoges ? Et notamment concernant la partie soins, en revenant, cette fois, à un langage usuel ? Car l’actualité ne cesse de parler de manque de personnels, de services en tensions, de fermetures de lits…
Que l’on contacte la direction du CHU, ou ses syndicats, on comprend qu’il est plus que compliqué de répondre à cette question, en tout cas, d’avoir un chiffrage précis, à l’instant T.
Selon Hervé Dubois, secrétaire général adjoint de la CGT au CHU de Limoges, les chiffres sont fluctuants, et les syndicats ne les possèdent pas vraiment. Du fait de la direction des ressources humaines, mais aussi des fermetures de lits, du fait des départs, du turn-over et des retraites.
"On ne sait pas vraiment, si ce n’est qu’une chose : oui, on manque de personnel. Et souvent, on marche à vue. Des services comme la gériatrie, l’oncologie et la pédiatrie sont particulièrement concernés, sans parler de l’imagerie où là, c’est une catastrophe, cela dit, en raison du matériel aussi. Quant aux Urgences, bien sûr qu’elles manquent cruellement de personnels, mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Elles manquent de personnels et de médecins, mais les bouchons qu’on y constate viennent principalement du manque de flux en aval, du manque de lit dans les services où l’on devrait envoyer les malades après leur passage aux Urgences."
Même son de cloche pour David Combeau, son homologue de la CFDT, qui cite aussi les services d’ophtalmologie et d’odontologie en souffrances, chiffrant aussi à 8 postes vacants le nombre de médecins en manque aux Urgences pour 2023.
"On ferme des services, on en restructure d’autres, tout cela fait que la situation est confuse. Et tout dépend des situations. Certains services ont le nombre d’infirmières requis. Mais, et mes chiffres sont un exemple, disons qu’on respecte à tel endroit un nombre suffisant d’infirmières. En théorie, ça passe. Mais quid si tous leurs patients sont des cas graves et lourds ? Là, ça ne passe plus. Le CHU doit absolument travailler sur son attractivité, et plus encore, sur l’attention portée à ses personnels. On aurait pu faire cela il y plusieurs années déjà. Là, non seulement on a perdu du temps, mais cela va en prendre encore plus à rattraper."
Du côté de la direction, et principalement celle de ses ressources humaines, on ne raisonne pas, sans surprise, totalement ainsi. Pour Fabienne Lauze, la DRH du CHU, le recrutement, annuel, suit les besoins de l’établissement.
"Il est compliqué de dire si l’on a des besoins ou des manques à l’instant T. Lorsqu’une personne s’en va, quelle que soit la raison, ou qu’un nouveau besoin émerge, le poste est mis en recrutement. Et on a parfois des délais d’attente. Ou alors, pour la filière soignante par exemple, celle qui regroupe les infirmier(e)s et aides-soignant(e)s, la période la plus importante est bien sûr celle de la sortie des écoles, soit entre juillet et août. C’est donc plus simple à ce moment-là.
Pour les services, s’il y a des postes vacants, on peut faire appel aux internes, ou recourir aux heures supplémentaires légales. Mais il faut reconnaitre que oui, le secteur médico-social, au niveau des EHPAD et des Unités de Soins de Longue Durée, lui est en tension, notamment en termes d’attractivité."