Ce vendredi 2 février, la plupart des blocages du Limousin sont levés à l'appel du principal syndicat agricole. La grosse manifestation qui devait bloquer Limoges est annulée. L'heure pour les autorités est à la constatation des dégâts et à la réflexion aux suites à donner au mouvement pour les agriculteurs.
Répondant à l'appel de la FNSEA qui a vu la majorité de ses revendications satisfaites par le gouvernement, les blocages sont en passe d'être tous levés en Limousin.
Levée du barrage sur l'A20 en Corrèze
La décision est tombée en fin de matinée, les agriculteurs corréziens qui bloquaient l'autoroute à hauteur d'Ussac ont décidé de lever le siège. Après neuf jours de présence sur l'échangeur 49 de l'autoroute.
La circulation ne va pas, pour autant, revenir à la normale tout de suite. La portion d'autoroute ne devrait rouvrir qu'en fin d'après midi, voire ce samedi. Il faudra le temps de débarrasser tous les engins et de démonter les tentes du campement des agriculteurs, mais surtout le temps pour la Dirco de s'assurer que le trafic peut reprendre en toute sécurité.
Fin du barrage sur la N145 à Guéret
En Creuse, les agriculteurs qui bloquaient la RN145 à hauteur de Guéret ont aussi décidé de lever le barrage... pour mieux reprendre des opérations de contrôle des poids lourds.
Deux sont en cours ce vendredi après-midi de 14h à 17h, au rond-point de la Croisière côté Creuse et à l'entrée de Bourganeuf. Les camions frigo contrôlé, à l'heure où nous écrivons ses lignes, ne transportaient que des produits agricoles français et ont donc pu repartir sans encombre.
Christian Arvis, patron de la FDSEA 23, est assez réservé sur les annonces du gouvernement. "On va se laisser le temps d'analyser tout ce qui a été promis. On nous prend pour des imbéciles depuis tellement longtemps que ma confiance en la parole du gouvernement est limitée. Ce que l'on demande avant tout, c'est une augmentation de notre revenu et je ne parviens pas pour le moment à voir en quoi les mesures annoncées vont y participer".
Des réunions doivent se tenir prochainement avec la préfète du département pour tout mettre au clair.
Constatation des dégâts en Haute-Vienne
En Haute-Vienne, il ne subsiste plus non plus aucun barrage. À Saint-Yrieix-la-Perche, à Peyrat-de-Bellac, les blocages ont été stoppés vendredi dans la soirée.
Sur l'A20 par contre, l'heure est à la constatation des dégâts. Sur la portion d'autoroute occupée jusqu'en début de semaine, le paysage est lunaire. Le brasier colossal nourri par 600 tonnes de plastique, de la paille et des pneus a laissé des séquelles sur la chaussée. 350 mètres de routes sont impraticables. Les températures sur le sol ont dépassé les 800 degrés, confient les responsables de la Dirco en train de réparer les dégâts.
Le bitume a donc totalement fondu dans un magma noirâtre encore chaud à l'heure où nous écrivons ces lignes. Les équipes de la Dirco ont donc dû préalablement gratter le sol pour ensuite faire des carottages pour voir sur quelle hauteur il va falloir refaire la route. Une raboteuse entre ensuite en action pour extraire l'enrobé abîmé. Les dégâts se montent à plusieurs centaines de milliers d'euros.
C'est un chantier plus conséquent que d'habitude. Il ne suffit pas d'enlever la couche de roulement, nous allons devoir creuser en profondeur pour refaire les couches de fondation.
Cyril LauquinChef de service à la Dirco.
Mardi 6 février, une moitié de chaussée devrait être praticable et rendue à la circulation. Le but est de rouvrir entièrement l'autoroute mercredi.
La préfecture n'a pas encore statué pour savoir qui allait payer la facture, l'État ou les agriculteurs ?
Renonçant à l'action qui devait bloquer Limoges, ces derniers se sont réunis ce vendredi midi à l'appel de la FDSEA et des JA devant la chambre d'agriculture pour un repas en plein air. Accessoirement, sous les fenêtres du président Venteau, affilié, lui, à la Coordination rurale (les élections à la chambre sont prévues en janvier prochain).
"On veut expliquer ce qu'on a vraiment gagné et continuer la mobilisation avec un repas festif. On essaie de donner des réponses. On a gagné des choses, mais on a fixé des dates pour pouvoir vérifier ce qui nous a été promis. On a l'annulation de la suppression de l'avantage fiscal sur le GNR, on a 150 millions d'euros pour l'élevage, mais tout est encore très nébuleux. On va maintenant s'attaquer à la Région".