Des étudiants de la fac de lettres et de sciences humaines ont manifesté devant la présidence de l'Université de Limoges ce jeudi 22 février, dans l'après-midi, afin de demander plus de postes pour assurer les heures de cours manquantes pour certaines licences.
"Qu'est-ce qu'on veut ? Des profs ! Pour qui ? Pour nous !", pouvait-on entendre scander en chœur cet après-midi devant la présidence de l'université de Limoges. Une soixantaine d'étudiants de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines ont manifesté pour réclamer des postes supplémentaires pour combler les 1 600 heures de cours qui ne seront pas pourvues au second semestre.
Les départements d'Histoire, de géographie, d'anglais et d'espagnol sont particulièrement touchés.
La peur d'un diplôme au rabais
"En géographie, en L1, on a quatre-vingt-quatre heures de moins ce semestre (TD et CM confondus), détaille Louis Allemand, étudiant en première année de licence en géographie.
Je crains pour la valeur du diplôme parce que ça peut nous empêcher d'accéder à certains masters comme on n’a pas reçu certains cours spécifiques.
Louis Allemandétudiant en première année de licence de géographie
Cette mobilisation considère aussi l'avenir des futurs étudiants."Imaginons que la présidence de l'université décide de fermer une partie de la licence, par exemple la L1, parce qu'ils ne sont que dix, poursuit-il. Des étudiants vont devoir être obligés d'aller dans des grandes villes comme Bordeaux ou Toulouse, ça peut être compliqué. Ce ne sont pas les mêmes loyers".
Ils redoutent également que ce manque de professeurs ne finisse par attirer moins d'étudiants post-bac. "Si des parents voient que la moitié des cours que souhaitent faire leurs enfants ne sont pas assurés, ils ne vont pas les envoyer délibérément à Limoges alors que ça va jouer sur leur diplôme en sortie de licence et donc sur les recrutements en master", regrette Eline Duplaix, secrétaire générale de la Fédération du syndicat étudiant (FSE) pour la Haute-Vienne.
Un problème structurel
Une assemblée générale s'est tenue dans un amphithéâtre de l'université où les concernés ont pu exprimer leurs revendications. "Maintenant, nous attendons des actes. Nous avons entendu ici, des paroles qui étaient très claires. On a des étudiants qui sont attachés à leurs formations. Si c'est pour les recevoir et les bercer d'illusions avec de belles paroles, je pense que ça ne suffira pas à les contenter", avertit François Avisseau, doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines jusqu'au 1ᵉʳ mars 2024.
Les étudiants ont pu s'entretenir une bonne heure avec la présidente de l'Université, Isabelle Klock-Fontanille. La conversation a débouché sur la rédaction prochaine d'une motion par les étudiants qui sera soumise au vote du conseil d'administration. La présidente assure avoir entendu leur colère et demande un temps pour analyser la situation : "L'offre de formation n'a pas changé et le nombre d'enseignants n'a pas changé non plus, semble-t-il. Pourquoi cette année, nous n'y arrivons pas ? Je leur ai également dit que c'est le rôle des doyens de gérer ce qu'il se passe dans la composante, je ne peux pas savoir ce qu'il se passe dans toutes formations, explique la présidente. Nous travaillons à partir des besoins exprimés par les composantes. Lorsqu'un poste se libère, il est remis dans le pot commun de l'Université."
Chaque composante exprime alors son besoin lors de la campagne d'emploi. Cette année, on a fait une campagne à 74 % donc on est largement au-dessus d'un sur deux.
Isabelle Klock-Fontanilleprésidente de l'université de Limoges
La situation s'inscrit dans un contexte national qui s'est dégradé dans l'enseignement supérieur. L'État a annoncé ce jeudi 22 février une coupe budgétaire de 900 millions d'euros pour ce ministère.