VIDEO. Canalisation : fuites sur le réseau d’eau potable, un problème d'envergure

En France, au moins 20 % de l'eau potable serait perdue lors de fuites dans les réseaux d'eau. Une problématique d'autant plus importante en période de sécheresse où cette ressource perdue dans la nature manque pourtant cruellement. Entre remplacement des secteurs prioritaires et réparation des fuites, en Limousin, les intercommunalités s'organisent.

Pendant plusieurs jours, fin décembre 2022, les 370 habitants de Saint-Georges-la-Pouge, en Creuse, ont été privés d'eau potable. En cause, les canalisations de leur commune, sujettes à des fuites récurrentes.

En France, on estime qu'un litre sur 5 d'eau potable est perdu lors des fuites sur les réseaux d'eau. Ces souterrains devenus obsolètes sont souvent à l'origine des pertes.

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Gros plan sur les fuites dans le réseau d'eau potable. Un problème loin d'être anodin. En France, 20% de l'eau potable est ainsi perdue. Alors pour limiter, voire supprimer ces pertes, les collectivités investissent. Exemple à Limoges. ©Noa Thomas - Carole Maillard - France Télévisions / France 3 Limousin

Des réseaux vieillissants

Après plus d'une cinquantaine d'années sous terre, la rouille et l'usure ont eu raison de ces tuyaux de canalisations dans les entrailles de Limoges. Un réseau vieillissant surtout dans le centre-ville où près de 200 fuites sont recensées chaque année.

"Sur Limoges, la particularité, c'est que nous avons plus de 90 % du réseau d'eau qui est métallique, en fonte, donc plus solide évidemment. Mais cela pose aussi des inconvénients", confie Laurent Barrat, chef de service exploitation des réseaux d'eau et d'assainissement à Limoges Métropole.

En effet, ces fontes d'avant les années 60, aussi appelées fontes grises, sont aujourd'hui particulièrement cassantes.

À Limoges, elles sont actuellement remplacées par de la fonte ductile, chargée en magnésium donc plus souple.

Ces travaux de modernisation sont coûteux et conséquents. Ils s'effectuent de manière cyclique sur les 1 300 kilomètres de réseau que compte l'agglomération de Limoges.

"Sur 2022, nous avons engagé 3 millions d'euros pour le renouvellement du réseau d'eau potable. L'objectif, c'est de renouveler 1 % du réseau tous les ans, ce qui permettre de gérer les problèmes de fuites potentielles et de pouvoir régulièrement avoir un réseau de bonne qualité et donc moins d'investissements à faire", confie. Philippe Janicot, vice-Président de la communauté urbaine Limoges Métropole en charge du petit cycle de l'eau et président du Syndicat de transport d'eau potable de l'Ouest de Limoges.

Une problématique environnementale

Le contrôle régulier du réseau pour diminuer autant que possible les fuites est une problématique budgétaire mais aussi environnementale, en particulier en période de sécheresse.

En juillet 2022, alors que la crise sécheresse était déclarée partout en Limousin, la commune de Magnac-Laval, en Haute-Vienne, a vu la quasi-totalité de son réseau d'eau vidé en raison d'une rupture de canalisation. Au total, 200 m3 d'eau.

"Quand les fuites retournent dans le sol, elles vont dans les nappes phréatiques. En Limousin, nous sommes plutôt sur des eaux superficielles et pas en nappes. Cela signifie que cette eau perdue au niveau des réseaux, n'est plus disponible pour l'eau potable.", confie Marc-Yvan Laroye, directeur Direction Commerciale, stratégie marketing-communication à l'Office International de l'Eau.

"Comme nous avons des effets du changement climatiques très importants, nous nous retrouvons dans des périodes de stress hydrique renforcées par cette perte au niveau des réseaux".

Des solutions pour prévenir les fuites

Pour limiter ces pertes, l'Office Internationale de l'Eau (OiEau) forme les professionnels du secteur avec des techniques de détection basées notamment sur l'écoute active.

"Premièrement, je me promène le long de la canalisation, avec des plans aussi précis et justes que possible. À chaque point, au niveau du sol, je vais mettre mon capteur, différent en fonction des matières de ce sol, je le pose et avec mon casque, je vais écouter le bruit de la fuite que je suis en train de chercher", explique Olivier Vieu, formateur à l'Office International de l'Eau.

Autre technique : les mouchards connectés. Ils enregistrent l'activité dans les tuyaux. "L'idée, c'est d'avoir un microphone que nous allons poser sur la canalisation, sur une vanne par exemple, ensuite, nous allons programmer ce microphone pour lui demander d'enregistrer tous les bruits sur toute une nuit, par exemple". Si cet enregistreur perçoit un bruit élevé toutes les nuits sur toute la période d'écoute, cela peut effectivement être une fuite.

En parallèle de ces différentes techniques, les chercheurs de fuites commencent également à utiliser des images satellites thermiques pour repérer les zones chargées en eau et ainsi ne plus en perdre une goutte.

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