Il va au bout de son rêve. Ce jeune Limougeaud de 26 ans qui depuis tout petit voulait voler, fait aujourd'hui partie d’une élite : celle des pilotes de chasse de l’aéronavale, à bord des Rafales du porte-avions Charles de Gaulle. Nous l'avons rencontré à l'occasion de ses vacances en limousin, dans l'aéroclub où il a appris, à voler.
"C'est toujours ce que j'ai voulu faire, je ne pourrais pas mettre de date ou de moment précis. C'est venu très jeune. Je ne me souviens pas avoir voulu faire autre chose que pilote de chasse" raconte Clément. Le jeune Limougeaud de 26 ans a réalisé son rêve. Enseigne de vaisseau de première classe, il est aujourd'hui pilote de Rafale de l'aéronavale française, sur la base de Landivisiau dans le Finistère.
Un rêve qui a commencé à se concrétiser en 2010 avec un baptême de l’air en guise de cadeau de Noël. Dans la foulée, son BIA, Brevet d’Initiation Aéronautique, et fin 2013, son premier vol d’apprentissage. Son instructeur est tout de suite bluffé par ses capacités. "Il a manifesté très vite de très grandes qualités puisque j'ai pu le laisser voler seul au bout de moins de 10 h de vol de formation en mars 2014. Juste après ses 16 ans il partait seul faire des tours de piste dans cet aéroclub" se souvient Patrick d'Haussy, ancien pilote de ligne chez Air France et notamment sur le mythique Concorde.
Le bac suffit
Des petits coucous aux avions de combat, le chemin est long. Clément n’a qu’un bac pour tout diplôme, mais contrairement aux idées reçues, ça suffit pour être recruté dans la Marine nationale et intégrer la formation de pilote de l'aéronautique navale. "On va être trié par les différentes épreuves, les épreuves psychotechniques, les entretiens psy, les entretiens de motivation avec des pilotes, mais de base, il faut juste le bac" témoigne Clément.
Un parcours fait de stages, de formations, de qualifications, notamment pour l’appontage, appris aux États-Unis où il y a plus de porte-avions qu’en France.
L’appontage, c'est un peu le Graal pour un pilote d’aéronavale. "C'est un environnement assez dangereux, ça demande une finesse de pilotage pour y arriver parce qu'on vise les trois brins d'arrêt qui ne sont pas espacés de beaucoup. On arrive à grande vitesse. On a la fatigue du vol. On a le stress aussi de bien faire. Tout ça fait que l'appontage n'est pas si facile que ça, selon les conditions de mer, de vent aussi, ce n'est pas parce qu'on y arrive un jour qu'on va y arriver le lendemain exactement pareil, c'est un peu aléatoire."
Voir le reportage de Jean-Martial Jonquard et Samuel Chassaigne
Si les missions des pilotes du porte-avions Charles de Gaulle sont multiples, la plus rare, officiellement, et la plus périlleuse, c'est le combat, le dogfight : "Ça fait partie, du métier, il faut qu'on apprenne à se battre contre un autre avion si jamais ça devait arriver. Donc, on a des vols d'entraînement pour ça où on se bat contre un ou deux autres avions de la flottille", explique sobrement Clément.
Objectif chef d'escadrille
Pour l'instant Clément est équipier, il travaille à obtenir sa qualification opérationnelle. Pour son ancien instructeur de l'aéroclub Limoges-Bellegarde, son parcours est déjà hallucinant. "Faire ce qu'il a fait est exceptionnel. Devenir pilote dans la marine et se poser avec un Rafale sur un porte-avions, je crois que c'est la voie la plus difficile. Et qui demande des qualités remarquables sur le plan technique et sur le plan personnel. Pour gérer ce genre de situation, il faut être solide quand même. L'élève a largement dépassé le maître" affirme Patrick d'Haussy, lui-même pilote d'exception.
L'objectif à atteindre désormais pour Clément est de devenir chef d’escadrille.