"Cela donne une lumière complètement différente dans la rue". De la porcelaine dans le bitume : à Limoges, la rue Jean Jaurès se transforme

Avec la pose d’un enrobé en porcelaine, Limoges entreprend les travaux de réfection du revêtement de la rue Jean-Jaurès dans sa partie piétonne. Des travaux programmés du 30 septembre au 4 octobre. Depuis 2017, plusieurs rues de la ville arborent de petits éclats de porcelaine qui scintillent de nuit. Une solution écologique, à plusieurs niveaux.

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De la porcelaine, jusque dans le bitume. À Limoges, l’idée a vu le jour en 2017. Le laboratoire de l'entreprise de BTP Colas sud-ouest de Condat, en Haute-Vienne, a mis au point un enrobé qui contient 30 % de granulats de porcelaine. C'est ce type d'enrobé qui va être posé dans la rue Jean Jaurès.

De l’assiette, au bitume

Parvis de Beaublanc, avenue du Midi, et bientôt rue Jean Jaurès, la porcelaine intègre des espaces de bitume limougeaud, à l’initiative de la mairie. “Nous incorporons des rebuts de porcelaine qui ont été concassés. Nous allons pouvoir procéder à l’application de ce bitume vendredi 4 octobre rue Jean Jaurès, si les conditions météorologiques le permettent”, explique Romain Lorgeron, chef d’agence de l’entreprise Colas.

Ce n’est pas la manière la plus noble de recycler la porcelaine mais nous participons au maintien d’un circuit court

Daniel Betoule

directeur général des Porcelaines de la Fabrique

En amont de la chaîne, les entreprises de fabrication de porcelaine de la région. “L’intégralité de notre casse est vendue à l’entreprise Colas. L’année dernière, cela a représenté vingt tonnes, soit 2,5% de notre production”, constate Daniel Betoule, directeur général des Porcelaines de la Fabrique.

Voilà huit ans que le partenariat existe, nous nous sommes inscrits dans une vraie démarche de RSE, la responsabilité sociétale des entreprises. Ce n’est pas la manière la plus noble de recycler la porcelaine, mais nous participons au maintien d’un circuit court”. D’autres entreprises de porcelaine Limousine comme Bernardaud ou Haviland ont emboîté le pas il y a quelques années. Une initiative qui permet à l’entreprise Colas de récupérer 100 tonnes de rebuts de porcelaine chaque année.

Le processus de transformation

Une fois récupérés, ces rebuts sont triés et concassés sur une plateforme de tri. “Nous disposons d’une plateforme de recyclage des matériaux dans laquelle on récupère tous les rebuts des maisons de porcelaine de la région”, indique Romain Lorgeron. Une fois concassée, la porcelaine est incorporée dans le bitume, à hauteur de 30%. “L’idée est de remplacer les granulats du bitume classique pour les remplacer par de la porcelaine. Pour le chantier rue Jean Jaurès, nous avons entre 250 et 300 tonnes de bitume, ce qui fait 80 tonnes de porcelaine qui vont constituer l’enrobé”, précise-t-il.

Un bitume au pouvoir réfléchissant

Caractéristique de ce bitume en porcelaine, son esthétique plus claire et brillante de nuit. “Avec le côté clair de la porcelaine, vous augmentez l'albédo du revêtement (le pouvoir réfléchissant d'une surface), ce qui permet par exemple de réduire l’éclairage des routes par ce côté luminescent du matériau. In fine le but, c'est de limiter la quantité d’énergie délivrée”, indique le chef d’agence de l’entreprise Colas.

Moins d'énergie consommée, mais aussi moins de chaleur stockée en période estivale. On a un peu moins de matériau noir en surface pendant les périodes estivales, ce qui permet de stocker moins de chaleur”, constate Stéphane Heyraud, directeur de la voirie à Limoges Métropole. 

Le bitume, plus facilement identifiable par les automobilistes quand la nuit tombe, serait également un gage de sécurité. Un revêtement sûr, mais qui n’est pas dédié aux chaussées rapides comme les autoroutes, mais davantage aux zones piétonnes ou à moindre vitesse, en ville. “Ce revêtement est qualitatif, ce n’est pas un enrobé classique”, détaille Rémi Viroulaud, adjoint au maire chargé du commerce. Cela donne une lumière complètement différente dans la rue. Ces voiries-là existent très peu, même en Limousin, c’est un revêtement de très haute qualité”.

Au bout de trois à six mois, les UV, la précipitation et la circulation vont progressivement enlever le liant sur la porcelaine et la laisser se dévoiler

Stéphane Heyraud

Directeur de la voirie à Limoges Métropole

Toutefois, les habitués de la rue Jean Jaurès vont devoir patienter avant de voir apparaître les premières traces de porcelaine. Après l’application du bitume, le revêtement est noir comme un bitume classique. Mais par un phénomène de patinage, avec le passage des véhicules et le temps, les éclats de porcelaine se dévoilent peu à peu et finissent par être visibles. "Au bout de deux à trois mois, les UV, la précipitation et la circulation vont progressivement enlever le liant sur la porcelaine et la laisser se dévoiler", explique Stéphane Heyraud, directeur de la voirie à Limoges Métropole.

Faire travailler le circuit court

D’autres chantiers ont déjà été menés avec cet enrobé, notamment en Corrèze et en Creuse et un projet a aussi été mené dans le Cantal. “Aujourd’hui, on se cantonne à cet enrobé en Limousin. L’idée c’est de travailler sur une économie circulaire, on traite les rebuts et on les valorise avec la filière locale. Cela n’a pas de sens si on fait des centaines de kilomètres pour transporter les matériaux”, indique Romain Lorgeron.

Une initiative qui plaît dans la région. “Toute initiative artistique de la part de la ville de Limoges est fondamentale. Limoges a besoin d’art, d’installation sur la rue Jean Jaurès, place de la République, c’est une excellente idée”, affirme, Jean-Charles De Castelbajac, styliste et collectionneur d’art, originaire de Limoges.

Rue Jean Jaurès, ce revêtement n’est pas le seul travail entrepris par la ville de Limoges. Un chantier de végétalisation a également vu le jour depuis le mois de janvier. Vingt-trois jardinières en briques ont aussi été installées. Les plantations définitives auront lieu au mois de décembre. Des éléments en céramiques seront également intégrés aux jardinières à l’hiver prochain. Coût total des travaux de piétonisation et de végétalisation rue Jean Jaurès, 423 000 euros. Selon le directeur de la voirie de Limoges Métropole, l'enrobé en porcelaine est légèrement plus cher qu'un enrobé classique, mais il ne représente pas le gros du coût des travaux réalisés rue Jean Jaurès depuis le début de l'année. 

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