L'élevage d'Erine de Chamboret (Haute-Vienne), bien connu du service enquêtes de la SPA suite à de multiples signalements de familles, était au coeur des débats du tribunal correctionnel vendredi. Déjà condamné en 2014, l'exploitation de l'élevage s'est toutefois poursuivie.
C’est une affaire à tiroir à laquelle va se confronter ces prochains mois le tribunal correctionnel de Limoges. A chaque fois pour des motifs différents. Une histoire où il est question d’un élevage, une entreprise familiale "l’élevage d’Erine" niché à Chamboret où de multiples animaux de race, chiens et chats notamment, sont élevés en partie dans des cages à poule. Le tout sur fond de changements de gérants successifs et de retraits de certificats d’autorisation d’exercer.
Vendredi 22 février, ce n’est pas Marie-France Delaure longtemps gérante de l’entreprise familiale, mais son époux Sylvain Gaulier, qui comparaissait devant le tribunal. En effet, ce dernier, agriculteur, avait pris le relais de sa femme à la tête de l’élevage suite à la condamnation et l’interdiction d’exercer ayant été prononcée contre sa femme le 24 juillet 2014. Décision qui sera confirmée par la cour d’Appel le 12 juin 2015. Une interdiction d'exercer a ensuite également été prononcée contre son mari.
Ne pas se fier aux apparences, l’adage est l'illustration parfaite de cette histoire. Le tribunal et les services vétérinaires, alertés par des clients inquiets des problèmes de santé de leur ami à quatre pattes tout juste adopté, ont en effet relevé des conditions d’élevage déplorables. Une réalité diamétralement opposée à l’image idyllique que l’entreprise s’est construite grâce aux paisibles photos postées sur son site internet.
Mais n’importe quoi, les gens qui se plaignent prennent les animaux pour des meubles," lançait le prévenu, Sylvain Gaulier, devant le tribunal alors que la cour rappelait l'existence de témoignages et signalements de différents clients à la SPA.
"Installations non conformes" notamment pour permettre l’isolation des animaux malades, "cages à poules non désinfectées", "absence de visite vétérinaires" alors que deux sont obligatoires chaque année, pas de suivi sanitaire, ni de registres d’animaux, problèmes d’abreuvement, font partie des nombreux manquements constatés.
L'élevage poursuit sa route au nom du fils
Longtemps, les conditions d’élevage sont restées globalement floues. En cause, la famille refusait le moindre contrôle. Le 7 juillet 2016, trois gendarmes se sont présentés pour un contrôle vétérinaire inopiné que le prévenu avait décidé d’ignorer. "C’est la période des foins. J’ai pas le temps, j’ai autre chose à faire", s’est-il de nouveau justifié.
A l’issue de l’audience, l'éleveur et son conseil ont refusé de s'exprimer. La défensea décidé de pointer d'éventuels vices de procédure. Il faudra attendre le 15 mars prochain pour une décision. Le parquet a requis 1000€ d'amende dont 500 avec sursis.
Pour autant, l'élevage d'Erine n'en a pas fini avec la justice puisque Marie-France Delaure comparaîtra le 17 mai prochain pour travail dissimulé. Aujourd’hui, l’affaire familiale tourne toujours. L’élevage se poursuit sur une surface passée de 90 hectares à 17, au nom, cette fois, du fils du couple.