Les coiffeurs reprennent ciseau, brosse et peigne lundi 11 mai. Certains ont suivi une formation pour mieux appréhender cette reprise après plusieurs semaines d'arrêt en raison de l'épidémie de coronavirus
"Bonjour, Corinne à votre écoute, ne quittez pas, j’ai cinq appels en attente…"
Mardi 5 mai, derrière son comptoir, Corinne Arrivé ne sait plus où donner de la tête. Depuis 8H30, elle n’a pas lâché son téléphone pour prendre les rendez-vous. La veille avec son mari, ils ont rappelé toute la clientèle qui avait pris un rendez-vous dans leur salon limougeaud en mars et avril, pour les prendre en priorité. Soit 250 personnes. Les deux premières semaines de réouverture sont… complètes.
Du retard à rattraper, de nouvelles règles à respecter !
La plupart des clients a, bien sûr, tout de suite réservé un créneau horaire, mais ils sont moins nombreux qu’avant la crise : "Avec le protocole mis en place pour les salons de coiffure, je ne peux prendre que 27 clients par jour, contre 40 à 45 en temps normal. Ils devront d’ailleurs être masqués en arrivant et en permanence", explique David-Charles Arrivé. "Avec le personnel et les clients, on ne peut pas être plus de 9 en même temps dans les locaux. Après chaque passage sur un fauteuil (un siège sur deux a été condamné) ou sur le bac (ne fonctionneront désormais que 3 des 5 existants), on désinfecte". Désinfection également des peignes et des ciseaux, mais la pratique existait déjà avant l'épidémie de covid-19. "On applique à la lettre la fiche métiers que nous avons reçue. On a élargi l’amplitude pour chaque client, on prévoit 15 minutes de plus. Les revues, le petit café offert, c’est fini."À l’arrivée dans le salon, il faudra mettre son sac, et sa veste ou son blouson dans un sac plastique. Les coiffeurs et coiffeuses, porteront masque et visière, mais pas de gants ni de blouses, ces deux éléments ne sont pas obligatoires. Pour les horaires, David-Charles et son équipe vont ouvrir de 8h à 20H, du lundi au samedi pour pouvoir répondre à la demande.
On s’attend à rattraper des bêtises. J’ai eu des hommes qui m’ont appelé car leurs femmes ont voulu jouer à la coiffeuse et… c’est raté. Ce sont surtout sur les couleurs qu’il va y avoir du travail. Les racines ont poussé, cela prendra plus de temps.
Pour cette opération, la facture sera un peu plus élevée car il y aura plus de produits utilisés. Mais la profession en tout cas retrouve le sourire après plusieurs semaines sans activité :
Ce qui est agréable, c’est que l’on sent que les gens sont heureux de nous revoir, que l’on s’occupe de leurs cheveux, de leurs coupes ! On se sent encore plus utiles qu’avant.
Précision importante de notre coiffeur, les mamans, ou les papas, ne pourront pas rester aux côtés de leurs enfants durant la coupe, car cela ferait une personne de plus dans le salon. Il ou elle attendra dehors.
Une formation pour faire face aux conséquences pyschologiques du coronavirus
Samia Riffaud n’a pas chômé depuis le 16 mars. Propriétaire de neuf salons en Haute-Vienne, elle emploie 49 coiffeuses et coiffeurs.Les 15 jours qui ont suivi le début du confinement, j’ai travaillé sur la fermeture des locaux, réglé toute la partie administrative puis, très rapidement, j’ai préparé la réouverture, j’ai anticipé pour être prête le jour j.
Elle aussi affiche complet dans plusieurs salons pour la première semaine. "Le téléphone a beaucoup sonné ces derniers jours. Cela fait du bien." Pour le retour aux affaires, tout est en place : "Masques, visières, gels (ndlr : pour financer tous ces achats, un supplément de deux euros sera facturé), planning des salariés : ils auront des journées plus courtes, des horaires étalés sur la semaine, ils ne pourront pas manger sur place comme avant. Surtout, j’ai voulu qu’ils suivent une formation avec un coach pour mieux appréhender la reprise. Ils et elles vont devoir être des éponges, car toutes les conversations des clients et clientes vont tourner autour du coronavirus. À la fin d’une journée, ce sera un peu fatiguant, donc un coach les a aidés à absorber puis évacuer toutes ces futures paroles, ces confidences. Essayer par exemple, de les faire parler de voyages, de repas, mais pas de la maladie en elle-même, d’être positif sur l’avenir. C’était innovant et rassurant. Jeudi 8 et ce samedi 9 mai, on répète le parcours client pour être opérationnels. Et puis surtout, on va en profiter pour se coiffer entre nous, pour être belles et beaux, pour retrouver ce lien, car dans chaque salon, c’est un peu comme dans une famille", raconte enjouée Samia Riffaud.
Quant au coup de ciseau, pas de souci, la coiffure c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas ! Alors, prêt pour la grande coupe ?