Nous voyons régulièrement des images de migrants entassés sur des bateaux, perdus en mer. Leur histoire ne s'arrête pas là ; ils sont même très proches de nous : plusieurs centaines d’entre eux sont arrivés à Limoges l'année dernière, avec parfois des syndromes post-traumatiques importants.
Lansana Konaté a 18 ans, il est guinéen. Il entre à peine dans l'âge adulte mais il a déjà un passé écrasant.
Il a perdu son père très jeune, et à 17 ans il a vu sa mère mourir, percutée par un camion.
Traumatisé, il commence à bégayer. Cela provoque une exclusion.
Il s'installe alors chez ses deux grands frères ; mais l'histoire n'est pas terminée : des hommes armés de machettes leurs volent leurs biens, et les chassent de chez eux. Ils menacent de les tuer.
C'est la fuite, inévitable, par le Mali, la Côte d'Ivoire, l'Algérie, le Maroc. Les frères sont entassés dans des camions, sans nourriture et avec très peu d’eau.
Il faut ensuite traverser la Méditerranée.
Surchargé de passagers, le bateau gonflable chavire. Lansana a un gilet de sauvetage ; il est secouru par un navire espagnol. Mais il ne reverra plus jamais ses frères, qui n’avaient pas de gilet.
Lansana arrive en Espagne, puis en France, pays dont il parle la langue ; c'est à Limoges qu'il s'arrête.
Pris en charge par des services d'accueil spécialisés, il est d'abord hébergé, mais il doit maintenant retourner en Espagne, en vertu d'accords européens.
Aujourd’hui, Lansana Konaté est soigné au centre hospitalier Esquirol, dans une unité dédiée notamment au symptôme post-traumatique. Sa situation, particulièrement précaire, amène un stress supplémentaire.
Voici un témoignage. Un visage, une histoire, parmi d’autres.